Au pays des merveilles de Marianne Larvol

Nous nous sommes retrouvées, un matin de juin, au café des Filets Bleus sur le port du Rosmeur, à Douarnenez. Marianne est illustratrice et semble tout droit sortie de l’univers qu’elle dessine, un monde peuplé d’élégantes sirènes et de dragons multicolores. La manière dont elle joue avec les couleurs, les volumes et les perspectives nous replonge doucement dans notre imaginaire d’enfant. On retrouve chez elle le côté rêveur et pétillant de ses personnages, un mélange surprenant de poésie colorée et de douce fantaisie.

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TOST – Pour commencer, j’aimerais savoir comment tu définis ton métier. Comment te présentes- tu ?

«Marianne Larvol – Graphiste-illustratrice, la plupart du temps. Mais j’ai l’impression que c’est selon ce que je fais sur le moment, parce que parfois je suis plus dans l’illustration, parfois c’est vraiment du graphisme.»

TOST – Quel est ton parcours ?

«Moi, je dis souvent que je n’ai jamais arrêté de dessiner. J’ai dessiné, comme tous les enfants, mais je n’ai jamais arrêté comme la plupart des ados qui au bout d’un moment lâchent les crayons parce qu’ils ont autre chose à faire. Moi, ça m’a toujours tenu.
Quand j’étais petite, je m’ennuyais vite. Ma mère avait toujours un bloc de feuilles et un bic dans son sac et ça nous occupait pendant des heures, ma sœur et moi, on restait sages comme ça. Ça a toujours été quelque chose qui m’a beaucoup plu. J’adorais dessiner comme la plupart des enfants, et ça m’a tenu jusqu’à maintenant.»

«Arrivée en terminale, je me suis demandée ce que je voudrais faire. Ce qui se dégageait de plus en plus c’était le dessin et l’image en général. Alors, j’ai suivi une copine qui tentait le concours des Beaux-Arts et j’ai été prise. A partir de là, j’ai fait deux ans de Beaux-Arts. ça m’a ouvert à plein de choses mais ça ne me correspondait pas entièrement parce c’était très axé sur l’art contemporain, les installations, la vidéo, ce qui n’était pas mon médium préféré. Alors, je suis partie à Bruxelles, en illustration, à Saint Luc. C’est une école d’arts visuels, graphisme, publicité et aussi illustration. J’ai fait trois ans là-bas. Au début, je n’accrochais pas et puis finalement, j’ai appris plein de choses sans m’en rendre compte, c’était un super enseignement.
En 2007, j’ai sorti mon premier livre* qui était mon travail de fin d’études et puis j’ai vivoté au début de ça et maintenant, j’arrive à en vivre, en faisant ce que j’aime.»

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Tost – Ce livre dont tu parles, c’est l’album « Ar roue Marc’h – Le roi Marc’h », un album jeunesse bilingue français-breton. Comment est né ce projet ?

«C’est mon frère qui a lancé l’idée. Il est instituteur bilingue à Douarnenez, il travaillait sur le conte avec ses élèves et il voyait que je commençais à me débrouiller en dessin. Comme il avait un contact avec la maison d’édition TES, il a proposé le projet qui a été accepté. C’est un conte breton qui se passe dans la baie de Douarnenez, une histoire assez étrange, proche de celle du roi Midas, une légende bretonne un peu à la manière des tragédies grecques.»

«Moi, ça m’a permit de faire mon projet de fin d’études et le fait qu’il soit publié par la suite, c’était super. C’était un sacré exercice parce qu’il y avait beaucoup de texte, il fallait montrer beaucoup de choses, faire beaucoup d’illustrations. C’était une grande première pour moi et je suis assez contente du résultat. Mon frère a réécrit le texte pour des enfants de 7 à 13 ans, pour que la lecture soit plus facile parce qu’il existe de nombreuses versions de ce conte mais pas forcément adaptées à ce public.»

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Tost – Tu as également fait deux albums** avec Gérard Alle. Il est plutôt connu pour ses romans policiers. Avait-il déjà écrit pour les enfants avant ces livres ?

«Non, je ne crois pas. On a travaillé ensemble parce qu’il avait plein d’histoires dans son tiroir. Ce sont des histoires qu’il inventait avec ses filles quand elles étaient petites. Le soir, avant de les coucher, il leur demandait de choisir des personnages, un lieu, un pays, et lui, avec tout ça, il inventait une histoire sur le moment. Et les meilleures, il les a notées. « La sieste du taureau » était l’une d’entre elles.»

Tost – Quand tu illustres des livres pour enfants, le point de départ est toujours le texte ?

«Oui, moi, je n’écris pas, je n’y arrive pas. Les projets sont venus vers moi à chaque fois. Ou alors on l’a construit ensemble avec l’auteur mais moi, je ne m’occupe pas de l’écriture. En revanche, je dis parfois qu’il y a des éléments du texte qui sont plus intéressants à montrer qu’à dire. Je pars du principe que, si c’est contenu dans l’image, il n’y a plus besoin de l’écrire. Donc ce qui arrive souvent, c’est qu’ on épure le texte, puisqu’il y a plein de choses qui sont dites par l’image.»

«Lorsque je lis le texte, j’ai une vision de l’histoire qui est instantanée et qui est ma vision propre, pas forcément celle de l’auteur, ni celle des autres lecteurs, ce qui fait que j’apporte mon point de vue. »

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«Pour « La sieste du taureau », on m’a dit que mes plans étaient très cinématographiques. J’ai été surprise parce que je n’en ai pas conscience. Je vois une scène de telle manière, je fais deux-trois croquis, histoire de choisir le meilleur angle, mais je ne me dis pas que je vais faire une scène cinématographique. C’est celle-là qui me vient en premier et c’est celle-là que je vais exploiter.»

«Je travaille l’image en gardant une place pour le texte, avec une composition un peu dynamique. Il faut soit que ça amène à la page suivante, soit que ça réponde à la page précédente : ça peut être une ligne d’horizon qui continue d’une page à l’autre par exemple, c’est bien qu’il y ait des correspondances. Et puis, il y a une histoire de point de vue : je pense que je me mets beaucoup à la place des personnages. Je crois que dans « Ma jardin ***» c’est comme ça, on est au ras du sol ou à la place de l’oiseau.»

«L’image permet d’apporter une seconde lecture : un point de vue un peu adulte sur le texte ou à l’inverse justement, un texte assez sérieux peut-être adouci par des dessins enfantins. Tout ça, c’est une osmose à trouver entre le texte et l’image.»

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Tost – Mais l’illustration n’est pas le seul aspect de ton métier…

«Je suis aussi graphiste, c’est ce qui m’occupe le plus finalement. Mais, j’arrive toujours à caser un dessin ou à jouer de la typographie comme si c’était des illustrations. Enfin caser, ça n’est pas le mot mais je dévie toujours vers ce que j’aime faire et je crois que c’est aussi pour ça que les gens m’appellent.»

«Maintenant, je fais aussi beaucoup de montage photo. J’ai toujours aimé l’informatique. Quand j’étais petite, mes parents avaient un vieil Atari et je passais mon temps sur Paint à mettre la tête de mon chien ou celle de mon père sur un dessin que j’avais fait. J’ai toujours bien aimé dessiner et bidouiller à l’ordinateur donc finalement tout ça se relie.»

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Tost – Comment choisis-tu les projets sur lesquels tu travailles ?

«La plupart du temps, je travaille pour des associations locales ou des gens que je connais ce qui fait que, souvent, leur projet me plaît. Récemment, j’ai travaillé pour l’éco-musée des Monts d’Arrée, pour une exposition sur les landes. On a fait un peu de muséographie, des jeux pour les enfants, toute une narration en montage photo sur une histoire qui s’est passée en 1850 dans les landes qui illustre la problématique entre les paysans, les propriétaires terriens, l’État. Par la narration, on fait comprendre plein de notions. C’était un bon medium pour eux et un bel exercice pour moi.»

«Ça arrive aussi que je fasse des choses qui me plaisent moins mais je fais en sorte que le résultat me plaise. Il faut que le client soit d’accord, bien sûr, mais il y a toujours moyen de trouver son compte dans un projet.»

Tost – Est-ce qu’il y a des outils dont tu ne pourrais pas te passer, qui sont la base de ton travail ?

«Moi, je suis dessin, je ne suis pas peinture. J’en ai fait pendant mes études mais ce n’est pas un médium qui me correspond. Donc, moi, c’est le dessin : crayon gris ou stylo Rottering, le trait avant tout. La gomme et le taille-crayon, avec ça normalement, je suis tranquille.»

«J’aime bien aussi les crayons de couleur. De bons crayons de couleur, c’est très agréable. J’ai découvert ça pendant mes études. Avant, je ne faisais pas attention à mon matériel et quand je suis arrivée avec la boîte de crayons de couleur Carrefour, ma prof m’a dit que ça n’allait pas le faire. Je me suis achetée des crayons plus chers mais bien meilleurs et là, j’ai découvert que ça glisse tout seul, les pigments sont là, il ne faut pas repasser quinze fois pour avoir une couleur vive, c’est très agréable. Mes préférés, ce sont les Faber- castell, ceux-là sont très agréables. J’en ai qui font 1cm maintenant à force d’avoir été taillés. L’aquarelle, l’acrylique, non, vraiment pas. Pour moi, la peinture, c’est sur les murs.»

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Tost – Justement, j’ai vu sur ton site que tu avais réalisé des fresques pour des chambres d’enfants.

«Oui, j’ai commencé à Bruxelles où j’avais été logée par un couple de copains qui venait d’avoir un enfant. Ils m’ont proposé de décorer la chambre. J’ai choisi le thème de la jungle, dans les tons caramel, chocolat. Et puis, deuxième enfant, deuxième fresque. Maintenant, j’ai ma maison, j’ai eu deux enfants, j’ai pu aussi le faire…J’adore faire ça et c’est quelque chose que j’aimerais développer mais ça représente beaucoup d’heures de travail. Donc, ce sont plutôt des cadeaux de naissance que vraiment des commandes.»

«J’ai aussi exposé au Quartier pour la semaine de la petite enfance. Le Quartier est fermé maintenant mais avant ça, tous les ans, il y avait une expo qui restait entre trois semaines et un mois. Le projet s’appelait « Jardin sonore » et j’avais une liberté totale. J’ai peint sur les murs un jardin en ombres chinoises, en une seule couleur : bleu. Il y avait un côté potager, des arbres et j’avais créé plein d’objets. C’était pour les tous-petits de 0 à 5 ans, donc il fallait que les choses soient douces, qu’ils puissent déambuler sur le ventre, à quatre pattes.»

«J’avais fabriqué des coussins sonores, j’avais acheté des guirlandes bleues qui brillent (Noël venait de passer) pour faire une cascade, en-dessous, il y avait du papier bulle bleu. Il y avait les légumes du potager en matière polaire avec des grelots à l’intérieur, il y avait une mésange géante, faite avec un gros ballon sur lequel j’avais cousu un oiseau, on pouvait le pousser et le faire voler, et puis plein de petites choses à regarder, qui faisaient du bruit et qui étaient intéressantes à toucher. J’ai adoré faire ça.»

Tost – Quand on voit tes dessins, on reconnaît tout de suite ton univers. Comment as-tu trouvé ton style ?

«Le style se créé un peu tout seul. Je voudrais faire autre chose que je n’y arriverais pas. Ce n’est pas que je suis coincée dedans mais parfois, je vois des images qui me plaisent énormément et je me dis que je vais travailler plutôt ce style-là parce qu’il me parle. Je m’engage sur un chemin de création, je travaille la mise en page, les couleurs et puis quand je me réveille au bout de deux-trois heures, c’est une image de Marianne Larvol, c’est systématique. Ça n’est pas forcément un choix mais pour moi, le dessin aboutit à ça, tout simplement.»

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Tost – Y a-t-il des choses que tu ne sais pas dessiner ?

«L’abstrait. Après en figuration, je ne saurais pas tout faire. Je ne dessine pas de manière très réaliste ou alors, ça me demande beaucoup de travail. Mais l’abstraction, je ne sais pas faire du tout. Pourtant, j’aimerais parfois jouer avec les formes, les couleurs ; je vois des choses magnifiques, mais je n’y arrive pas. Je suis très figurative : il faut toujours qu’il y ait une histoire, quelqu’un qui regarde quelqu’un d’autre, qu’il y ait des petits détails, des personnages, des animaux, des objets… toujours.»

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Tost – Comment trouves-tu l’inspiration ?

«Parfois, il suffit que quelqu’un m’appelle pour un projet et les idées sont là. Ce ne sont pas toujours de bonnes idées mais il faut que j’aille jusqu’au bout pour le savoir. Et même si en cours de route je me dis que ça ne va pas, il faut que je finalise pour dire que ça ne marche pas et pouvoir passer à autre chose ; sinon, je vais y revenir tout le temps.
C’est comme pour des affiches, il y a des typographies que j’utilise tout le temps et il faut que je les ai mises sur le texte pour voir que ça ne fonctionne pas, pour pouvoir passer à autre chose. Même si je sais que ça ne va pas fonctionner, il faut que je les essaie quand même. La plupart du temps, l’inspiration vient toute seule et j’avoue que j’ai plutôt de la chance parce que, souvent, les premiers jets sont les bons.»

«J’ai travaillé pour Inizi, par exemple, l’association qui promeut la culture sur les îles du Ponant. Ils travaillent à la basse saison, de septembre à juin et donc trois trimestres. Ils avaient besoin de support pour leur communication et donc on est parti sur un tryptique. Quand j’ai proposé le projet, j’ai fait un crayonné, mais il ne rendait pas du tout mon idée, donc j’ai mis de la couleur. Je leur ai pratiquement fini le projet alors qu’il n’était pas encore accepté. C’était juste une rencontre pour voir dans quel sens on pouvait aller, je me suis un peu emballée, mais finalement ça a plu. C’est difficile de proposer juste un crayonné qui ne rend pas du tout l’idée finale avec la couleur donc parfois je suis tentée d’aller jusqu’au bout du projet parce que j’ai envie que les gens voient ce que ça va donner à la fin.»

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Tost – Qu’est-ce qui influence ton travail ? Est-ce que c’est le travail d’autres illustrateurs ou d’autres choses, des films que tu vois, des livres que tu lis ?

«Tout, je pense. Le quotidien en général. Beaucoup d’illustrations. Il ne faut pas me laisser dans une librairie avec une carte bleue parce que je flambe mon budget.»

«Je suis très friande d’illustrations jeunesse et de romans graphiques. C’est l’image qui m’appelle. Maintenant, je suis une grande lectrice de romans mais avant, je lisais uniquement des BD et des livres illustrés, il n’y a que ça qui me parlait.»

«J’adore les illustrateurs comme Marc Boutavan qui a fait le dessin animé Mouk, le duo d’artistes Icinori ou Lorenzo Mattotti par exemple. Christophe Blain aussi, c’est magnifique. J’aime les couleurs, la composition, la manière de traiter les attitudes.»

«J’aime bien aussi les miniatures du Moyen Age, les enluminures, les lettrines j’adore les petites choses précieuses avec de belles majuscules qui illustrent les écrits, je trouve ça superbe. Il n’y a pas longtemps, je suis tombée sur des codex d’Amérique Centrale du temps des conquistadors. Des moines sont allés retranscrire les légendes aztèques, mayas et récolter les visuels et les représentations. C’est fait sur de belles matières, c’est précieux, minutieux, c’est superbe.»

«Tout cela m’inspire en plus de tout le reste : ce que je lis, ce que me racontent les enfants, que ce soit à l’école, à la maison ou au centre de loisirs. Les films sans doute aussi, et puis l’entourage, les copains… Je regarde, j’intègre, je digère et puis, ça sort d’une manière ou d’une autre.»

Tost – Tu as un autre métier que tu évoquais à l’instant. Tu es animatrice au centre de loisirs où tu travailles avec les enfants. Comment cela nourrit-il ton travail ?

«Je suis un peu la référente dessin et arts plastiques. Je fais les coloriages quand il n’y en a plus. On me demande des choses tout à fait improbables. Je dessine des chats-sirènes, des dragons-vampires. J’ai des commandes extrêmement précises. Un zombie-ninja ? Aucun problème, il suffit de demander. C’est plutôt drôle et c’est un sacré entraînement. Leur univers est très riche et tout à fait farfelu ce qui en fait aussi une bonne source d’inspiration.»

«Je les initie aussi aux pop-ups. C’est une grande passion, ces temps-ci. J’ai des livres magnifiques chez moi et j’adore décortiquer les mécanismes qui font que ça s’ouvre, ça se soulève, ça se déplie. Les enfants trouvent ça magique et j’avoue que moi aussi. Tu dessines une princesse et quand tu ouvres la page, elle se lève comme par magie : ça fait son effet à chaque fois.»

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Tost – Tu n’as jamais envisagé d’enseigner le dessin ?

«Pourquoi pas ? Transmettre, enseigner, c’est quelque chose qui me plaît mais il faudra faire une croix sur autre chose dans ma vie professionnelle.»

«J’ai animé des ateliers dans le cadre des T.A.P. (Temps d’Activités Périscolaires). J’aime bien travailler seule dans mon atelier mais au bout d’un moment, ça peut être long. Avec les enfants, je fais le plein de bruit, d’action, de collègues, d’échanges et après, je suis contente de revenir devant mon ordinateur au calme. C’est complémentaire.
J’aimais bien ces ateliers. Au centre de loisirs, les enfants sont là pour s’amuser et c’est moins facile de les avoir attentifs sur un long moment alors qu’aux T.A.P., c’est la règle : on est ensemble pendant une heure et demie. Et les enfants, à cet âge, sont en attente de tout, ils sont curieux, dynamiques. Il suffit d’enrober un peu les choses pour leur donner envie et hop, tout le monde est emballé, c’est super !»

Tost – Y a- t-il des domaines ou des mediums que tu n’as pas encore explorés et qui t’attirent ?

«L’animation. J’en ai fait un tout petit peu et j’ai bien aimé mais c’est très chronophage. C’est aussi une autre manière de voir les choses. Moi, je vois tout en plan fixe. Animer les personnages, c’est autre chose. J’ai des copains qui font ça à Bruxelles. Ils ont lancé leur studio qui s’appelle Tabass & Co et c’est beau, c’est très très joli. Ils ont fait un clip magnifique pour une chanteuse canadienne, Mélissa Laveaux.»

Tost – Quel est l’aspect de ton métier que tu aimes particulièrement ?

«Ce que je préfère, c’est le début : quand quelqu’un m’appelle et que l’inspiration arrive, quand toutes les idées viennent et qu’il va falloir essayer de les reproduire sur papier. Ça fuse dans tous les sens et après, il faut essayer de faire une illustration qui soit à la hauteur de l’idée de base, c’est un beau challenge.
Oui, avoir la personne au téléphone qui me raconte les projets et voir les images qui arrivent, c’est ce que je préfère parce que je ne m’y attend pas. Je ne sais pas pourquoi les gens vont m’appeler et malgré tout, c’est instantané.»

Tost – C’est une chose d’avoir les idées mais c’est parfois difficile d’arriver à les reproduire fidèlement, qu’en penses-tu ?

«C’est de la pratique. J’y arrive de temps en temps mais pas toujours. C’est là qu’on se rend compte que ce n’était pas une bonne idée, je comprends que mon idée est tellement farfelue que ça ne rendra rien du tout ou je n’arrive pas à ce que je veux et je ne sais pas pourquoi, ce n’est pas le bon jour, ou bien mon idée est super mais elle ne colle pas du tout avec le projet. Parfois, je vais jusqu’au bout quand même pour moi et je garde en archives.»

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Tost – A quoi ressemble une de tes journées de travail ?

«Ma journée commence par aller boire un café sur le port, tous les matins à 9 heures. Et à 9h30, je suis devant mon ordinateur.
Souvent, pour ce qui est de l’illustration, je commence par dessiner. Mon bloc de dessin est sous mon clavier. J’ai mon crayon porte-mine et je dessine tout au crayon gris.
Pour la mise en couleur, je passe à l’ordinateur. Je scanne mon dessin et après je bidouille jusqu’à avoir un résultat satisfaisant.
Changer les couleurs, rajouter des textures, gommer, remettre, changer le nez de place… tout ça, je le fais à l’ordinateur parce que c’est quand même un outil qui fait gagner du temps. Refaire un dessin par rapport à modifier quelque chose sur un fichier photoshop, il n’y a pas de comparaison.»

«Je fais beaucoup d’informatique parce que maintenant les mises en page se font par ordinateur pour avoir un résultat propre, clair, lisible. Et tout se fait par mail. Finalement, je pourrais travailler à Molène que ce serait pareil, pour certains aspects.»

Tost – Puisque tu parles de lieu de travail, il y a trois questions que j’aime bien poser pour terminer. Tost magazine parle des gens, des lieux et des objets qui nous inspirent. Alors, quel est le lieu que tu préfères ou qui te ressources ?»

«Le lieu qui m’inspire, je crois que c’est ici. Je viens tous les jours, par tous les temps. C’est magnifique.»

Tost – Le port ou le café ?

«Les deux, mais surtout le port.»

«Le port du Rosmeur. Quand il fait moche, c’est beau. Quand il fait beau, c’est encore plus beau. Quand il y a de la brume, c’est superbe. J’adore, le matin surtout : le soleil est pile en face, c’est super joli.»

Tost – Quelle est la personne qui t’inspire ?

«Je dirais mes parents parce qu’ils ont toujours cru en moi et en le fait que je vivrais un jour du dessin, je pense. Ils m’ont toujours poussée dans les études, ils m’ont accompagnée sans me montrer leurs doutes, parce que je pense qu’ils en avaient. Et eux, ils ont toujours vécu dans l’idée que la vie professionnelle, c’est une chose, mais à côté, il y a plein d’autres choses. Les associations, le jardin, les enfants, etc. Alors on a un emploi d’accord, mais on n’est pas forcé de s’y épanouir ou d’y passer des heures, par contre en dehors du travail, il se passe énormément de choses. Maintenant, ils sont retraités et entre la musique, le breton, la couture, l’encadrement, on ne peut presque plus les voir, et je trouve ça très riche. Ils sont très inspirants et assez fantaisistes.»

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Tost – Quel est l’objet qui t’es indispensable ?

«Mes crayons, tout simplement. Ceux qui m’accompagnent tous les jours au travail, dans mon sac. Le crayon gris en particulier, la base.»

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* Ar Roue Marc’h – Texte de Gwenole Larvol, illustrations de Marianne Larvol – Editions TES
** La sieste du taureau – Texte de Gérard Alle et illustrations de Marianne Larvol – Editions Locus Solus
*** Ma jardin – M. Larvol et P. Salaün – Editions TES

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Sur la toile

Site internet de Marianne Larvol : www.mariannelarvol.sitew.fr

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Interview d’Elfenn Quemener & photos de Guillaume Prié

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Finistère Gens Interview Photo

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