Au pays des merveilles de Marianne Larvol

 

Au pays des merveilles de Marianne Larvol

Nous nous sommes retrouvées, un matin de juin, au café des Filets Bleus sur le port du Rosmeur, à Douarnenez. Marianne est illustratrice et semble tout droit sortie de l’univers qu’elle dessine, un monde peuplé d’élégantes sirènes et de dragons multicolores. La manière dont elle joue avec les couleurs, les volumes et les perspectives nous replonge doucement dans notre imaginaire d’enfant. On retrouve chez elle le côté rêveur et pétillant de ses personnages, un mélange surprenant de poésie colorée et de douce fantaisie.

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TOST – Pour commencer, j’aimerais savoir comment tu définis ton métier. Comment te présentes- tu ?

«Marianne Larvol – Graphiste-illustratrice, la plupart du temps. Mais j’ai l’impression que c’est selon ce que je fais sur le moment, parce que parfois je suis plus dans l’illustration, parfois c’est vraiment du graphisme.»

TOST – Quel est ton parcours ?

«Moi, je dis souvent que je n’ai jamais arrêté de dessiner. J’ai dessiné, comme tous les enfants, mais je n’ai jamais arrêté comme la plupart des ados qui au bout d’un moment lâchent les crayons parce qu’ils ont autre chose à faire. Moi, ça m’a toujours tenu.
Quand j’étais petite, je m’ennuyais vite. Ma mère avait toujours un bloc de feuilles et un bic dans son sac et ça nous occupait pendant des heures, ma sœur et moi, on restait sages comme ça. Ça a toujours été quelque chose qui m’a beaucoup plu. J’adorais dessiner comme la plupart des enfants, et ça m’a tenu jusqu’à maintenant.»

«Arrivée en terminale, je me suis demandée ce que je voudrais faire. Ce qui se dégageait de plus en plus c’était le dessin et l’image en général. Alors, j’ai suivi une copine qui tentait le concours des Beaux-Arts et j’ai été prise. A partir de là, j’ai fait deux ans de Beaux-Arts. ça m’a ouvert à plein de choses mais ça ne me correspondait pas entièrement parce c’était très axé sur l’art contemporain, les installations, la vidéo, ce qui n’était pas mon médium préféré. Alors, je suis partie à Bruxelles, en illustration, à Saint Luc. C’est une école d’arts visuels, graphisme, publicité et aussi illustration. J’ai fait trois ans là-bas. Au début, je n’accrochais pas et puis finalement, j’ai appris plein de choses sans m’en rendre compte, c’était un super enseignement.
En 2007, j’ai sorti mon premier livre* qui était mon travail de fin d’études et puis j’ai vivoté au début de ça et maintenant, j’arrive à en vivre, en faisant ce que j’aime.»

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Tost – Ce livre dont tu parles, c’est l’album « Ar roue Marc’h – Le roi Marc’h », un album jeunesse bilingue français-breton. Comment est né ce projet ?

«C’est mon frère qui a lancé l’idée. Il est instituteur bilingue à Douarnenez, il travaillait sur le conte avec ses élèves et il voyait que je commençais à me débrouiller en dessin. Comme il avait un contact avec la maison d’édition TES, il a proposé le projet qui a été accepté. C’est un conte breton qui se passe dans la baie de Douarnenez, une histoire assez étrange, proche de celle du roi Midas, une légende bretonne un peu à la manière des tragédies grecques.»

«Moi, ça m’a permit de faire mon projet de fin d’études et le fait qu’il soit publié par la suite, c’était super. C’était un sacré exercice parce qu’il y avait beaucoup de texte, il fallait montrer beaucoup de choses, faire beaucoup d’illustrations. C’était une grande première pour moi et je suis assez contente du résultat. Mon frère a réécrit le texte pour des enfants de 7 à 13 ans, pour que la lecture soit plus facile parce qu’il existe de nombreuses versions de ce conte mais pas forcément adaptées à ce public.»

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Tost – Tu as également fait deux albums** avec Gérard Alle. Il est plutôt connu pour ses romans policiers. Avait-il déjà écrit pour les enfants avant ces livres ?

«Non, je ne crois pas. On a travaillé ensemble parce qu’il avait plein d’histoires dans son tiroir. Ce sont des histoires qu’il inventait avec ses filles quand elles étaient petites. Le soir, avant de les coucher, il leur demandait de choisir des personnages, un lieu, un pays, et lui, avec tout ça, il inventait une histoire sur le moment. Et les meilleures, il les a notées. « La sieste du taureau » était l’une d’entre elles.»

Tost – Quand tu illustres des livres pour enfants, le point de départ est toujours le texte ?

«Oui, moi, je n’écris pas, je n’y arrive pas. Les projets sont venus vers moi à chaque fois. Ou alors on l’a construit ensemble avec l’auteur mais moi, je ne m’occupe pas de l’écriture. En revanche, je dis parfois qu’il y a des éléments du texte qui sont plus intéressants à montrer qu’à dire. Je pars du principe que, si c’est contenu dans l’image, il n’y a plus besoin de l’écrire. Donc ce qui arrive souvent, c’est qu’ on épure le texte, puisqu’il y a plein de choses qui sont dites par l’image.»

«Lorsque je lis le texte, j’ai une vision de l’histoire qui est instantanée et qui est ma vision propre, pas forcément celle de l’auteur, ni celle des autres lecteurs, ce qui fait que j’apporte mon point de vue. »

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«Pour « La sieste du taureau », on m’a dit que mes plans étaient très cinématographiques. J’ai été surprise parce que je n’en ai pas conscience. Je vois une scène de telle manière, je fais deux-trois croquis, histoire de choisir le meilleur angle, mais je ne me dis pas que je vais faire une scène cinématographique. C’est celle-là qui me vient en premier et c’est celle-là que je vais exploiter.»

«Je travaille l’image en gardant une place pour le texte, avec une composition un peu dynamique. Il faut soit que ça amène à la page suivante, soit que ça réponde à la page précédente : ça peut être une ligne d’horizon qui continue d’une page à l’autre par exemple, c’est bien qu’il y ait des correspondances. Et puis, il y a une histoire de point de vue : je pense que je me mets beaucoup à la place des personnages. Je crois que dans « Ma jardin ***» c’est comme ça, on est au ras du sol ou à la place de l’oiseau.»

«L’image permet d’apporter une seconde lecture : un point de vue un peu adulte sur le texte ou à l’inverse justement, un texte assez sérieux peut-être adouci par des dessins enfantins. Tout ça, c’est une osmose à trouver entre le texte et l’image.»

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Tost – Mais l’illustration n’est pas le seul aspect de ton métier…

«Je suis aussi graphiste, c’est ce qui m’occupe le plus finalement. Mais, j’arrive toujours à caser un dessin ou à jouer de la typographie comme si c’était des illustrations. Enfin caser, ça n’est pas le mot mais je dévie toujours vers ce que j’aime faire et je crois que c’est aussi pour ça que les gens m’appellent.»

«Maintenant, je fais aussi beaucoup de montage photo. J’ai toujours aimé l’informatique. Quand j’étais petite, mes parents avaient un vieil Atari et je passais mon temps sur Paint à mettre la tête de mon chien ou celle de mon père sur un dessin que j’avais fait. J’ai toujours bien aimé dessiner et bidouiller à l’ordinateur donc finalement tout ça se relie.»

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Tost – Comment choisis-tu les projets sur lesquels tu travailles ?

«La plupart du temps, je travaille pour des associations locales ou des gens que je connais ce qui fait que, souvent, leur projet me plaît. Récemment, j’ai travaillé pour l’éco-musée des Monts d’Arrée, pour une exposition sur les landes. On a fait un peu de muséographie, des jeux pour les enfants, toute une narration en montage photo sur une histoire qui s’est passée en 1850 dans les landes qui illustre la problématique entre les paysans, les propriétaires terriens, l’État. Par la narration, on fait comprendre plein de notions. C’était un bon medium pour eux et un bel exercice pour moi.»

«Ça arrive aussi que je fasse des choses qui me plaisent moins mais je fais en sorte que le résultat me plaise. Il faut que le client soit d’accord, bien sûr, mais il y a toujours moyen de trouver son compte dans un projet.»

Tost – Est-ce qu’il y a des outils dont tu ne pourrais pas te passer, qui sont la base de ton travail ?

«Moi, je suis dessin, je ne suis pas peinture. J’en ai fait pendant mes études mais ce n’est pas un médium qui me correspond. Donc, moi, c’est le dessin : crayon gris ou stylo Rottering, le trait avant tout. La gomme et le taille-crayon, avec ça normalement, je suis tranquille.»

«J’aime bien aussi les crayons de couleur. De bons crayons de couleur, c’est très agréable. J’ai découvert ça pendant mes études. Avant, je ne faisais pas attention à mon matériel et quand je suis arrivée avec la boîte de crayons de couleur Carrefour, ma prof m’a dit que ça n’allait pas le faire. Je me suis achetée des crayons plus chers mais bien meilleurs et là, j’ai découvert que ça glisse tout seul, les pigments sont là, il ne faut pas repasser quinze fois pour avoir une couleur vive, c’est très agréable. Mes préférés, ce sont les Faber- castell, ceux-là sont très agréables. J’en ai qui font 1cm maintenant à force d’avoir été taillés. L’aquarelle, l’acrylique, non, vraiment pas. Pour moi, la peinture, c’est sur les murs.»

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Tost – Justement, j’ai vu sur ton site que tu avais réalisé des fresques pour des chambres d’enfants.

«Oui, j’ai commencé à Bruxelles où j’avais été logée par un couple de copains qui venait d’avoir un enfant. Ils m’ont proposé de décorer la chambre. J’ai choisi le thème de la jungle, dans les tons caramel, chocolat. Et puis, deuxième enfant, deuxième fresque. Maintenant, j’ai ma maison, j’ai eu deux enfants, j’ai pu aussi le faire…J’adore faire ça et c’est quelque chose que j’aimerais développer mais ça représente beaucoup d’heures de travail. Donc, ce sont plutôt des cadeaux de naissance que vraiment des commandes.»

«J’ai aussi exposé au Quartier pour la semaine de la petite enfance. Le Quartier est fermé maintenant mais avant ça, tous les ans, il y avait une expo qui restait entre trois semaines et un mois. Le projet s’appelait « Jardin sonore » et j’avais une liberté totale. J’ai peint sur les murs un jardin en ombres chinoises, en une seule couleur : bleu. Il y avait un côté potager, des arbres et j’avais créé plein d’objets. C’était pour les tous-petits de 0 à 5 ans, donc il fallait que les choses soient douces, qu’ils puissent déambuler sur le ventre, à quatre pattes.»

«J’avais fabriqué des coussins sonores, j’avais acheté des guirlandes bleues qui brillent (Noël venait de passer) pour faire une cascade, en-dessous, il y avait du papier bulle bleu. Il y avait les légumes du potager en matière polaire avec des grelots à l’intérieur, il y avait une mésange géante, faite avec un gros ballon sur lequel j’avais cousu un oiseau, on pouvait le pousser et le faire voler, et puis plein de petites choses à regarder, qui faisaient du bruit et qui étaient intéressantes à toucher. J’ai adoré faire ça.»

Tost – Quand on voit tes dessins, on reconnaît tout de suite ton univers. Comment as-tu trouvé ton style ?

«Le style se créé un peu tout seul. Je voudrais faire autre chose que je n’y arriverais pas. Ce n’est pas que je suis coincée dedans mais parfois, je vois des images qui me plaisent énormément et je me dis que je vais travailler plutôt ce style-là parce qu’il me parle. Je m’engage sur un chemin de création, je travaille la mise en page, les couleurs et puis quand je me réveille au bout de deux-trois heures, c’est une image de Marianne Larvol, c’est systématique. Ça n’est pas forcément un choix mais pour moi, le dessin aboutit à ça, tout simplement.»

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Tost – Y a-t-il des choses que tu ne sais pas dessiner ?

«L’abstrait. Après en figuration, je ne saurais pas tout faire. Je ne dessine pas de manière très réaliste ou alors, ça me demande beaucoup de travail. Mais l’abstraction, je ne sais pas faire du tout. Pourtant, j’aimerais parfois jouer avec les formes, les couleurs ; je vois des choses magnifiques, mais je n’y arrive pas. Je suis très figurative : il faut toujours qu’il y ait une histoire, quelqu’un qui regarde quelqu’un d’autre, qu’il y ait des petits détails, des personnages, des animaux, des objets… toujours.»

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Tost – Comment trouves-tu l’inspiration ?

«Parfois, il suffit que quelqu’un m’appelle pour un projet et les idées sont là. Ce ne sont pas toujours de bonnes idées mais il faut que j’aille jusqu’au bout pour le savoir. Et même si en cours de route je me dis que ça ne va pas, il faut que je finalise pour dire que ça ne marche pas et pouvoir passer à autre chose ; sinon, je vais y revenir tout le temps.
C’est comme pour des affiches, il y a des typographies que j’utilise tout le temps et il faut que je les ai mises sur le texte pour voir que ça ne fonctionne pas, pour pouvoir passer à autre chose. Même si je sais que ça ne va pas fonctionner, il faut que je les essaie quand même. La plupart du temps, l’inspiration vient toute seule et j’avoue que j’ai plutôt de la chance parce que, souvent, les premiers jets sont les bons.»

«J’ai travaillé pour Inizi, par exemple, l’association qui promeut la culture sur les îles du Ponant. Ils travaillent à la basse saison, de septembre à juin et donc trois trimestres. Ils avaient besoin de support pour leur communication et donc on est parti sur un tryptique. Quand j’ai proposé le projet, j’ai fait un crayonné, mais il ne rendait pas du tout mon idée, donc j’ai mis de la couleur. Je leur ai pratiquement fini le projet alors qu’il n’était pas encore accepté. C’était juste une rencontre pour voir dans quel sens on pouvait aller, je me suis un peu emballée, mais finalement ça a plu. C’est difficile de proposer juste un crayonné qui ne rend pas du tout l’idée finale avec la couleur donc parfois je suis tentée d’aller jusqu’au bout du projet parce que j’ai envie que les gens voient ce que ça va donner à la fin.»

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Tost – Qu’est-ce qui influence ton travail ? Est-ce que c’est le travail d’autres illustrateurs ou d’autres choses, des films que tu vois, des livres que tu lis ?

«Tout, je pense. Le quotidien en général. Beaucoup d’illustrations. Il ne faut pas me laisser dans une librairie avec une carte bleue parce que je flambe mon budget.»

«Je suis très friande d’illustrations jeunesse et de romans graphiques. C’est l’image qui m’appelle. Maintenant, je suis une grande lectrice de romans mais avant, je lisais uniquement des BD et des livres illustrés, il n’y a que ça qui me parlait.»

«J’adore les illustrateurs comme Marc Boutavan qui a fait le dessin animé Mouk, le duo d’artistes Icinori ou Lorenzo Mattotti par exemple. Christophe Blain aussi, c’est magnifique. J’aime les couleurs, la composition, la manière de traiter les attitudes.»

«J’aime bien aussi les miniatures du Moyen Age, les enluminures, les lettrines j’adore les petites choses précieuses avec de belles majuscules qui illustrent les écrits, je trouve ça superbe. Il n’y a pas longtemps, je suis tombée sur des codex d’Amérique Centrale du temps des conquistadors. Des moines sont allés retranscrire les légendes aztèques, mayas et récolter les visuels et les représentations. C’est fait sur de belles matières, c’est précieux, minutieux, c’est superbe.»

«Tout cela m’inspire en plus de tout le reste : ce que je lis, ce que me racontent les enfants, que ce soit à l’école, à la maison ou au centre de loisirs. Les films sans doute aussi, et puis l’entourage, les copains… Je regarde, j’intègre, je digère et puis, ça sort d’une manière ou d’une autre.»

Tost – Tu as un autre métier que tu évoquais à l’instant. Tu es animatrice au centre de loisirs où tu travailles avec les enfants. Comment cela nourrit-il ton travail ?

«Je suis un peu la référente dessin et arts plastiques. Je fais les coloriages quand il n’y en a plus. On me demande des choses tout à fait improbables. Je dessine des chats-sirènes, des dragons-vampires. J’ai des commandes extrêmement précises. Un zombie-ninja ? Aucun problème, il suffit de demander. C’est plutôt drôle et c’est un sacré entraînement. Leur univers est très riche et tout à fait farfelu ce qui en fait aussi une bonne source d’inspiration.»

«Je les initie aussi aux pop-ups. C’est une grande passion, ces temps-ci. J’ai des livres magnifiques chez moi et j’adore décortiquer les mécanismes qui font que ça s’ouvre, ça se soulève, ça se déplie. Les enfants trouvent ça magique et j’avoue que moi aussi. Tu dessines une princesse et quand tu ouvres la page, elle se lève comme par magie : ça fait son effet à chaque fois.»

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Tost – Tu n’as jamais envisagé d’enseigner le dessin ?

«Pourquoi pas ? Transmettre, enseigner, c’est quelque chose qui me plaît mais il faudra faire une croix sur autre chose dans ma vie professionnelle.»

«J’ai animé des ateliers dans le cadre des T.A.P. (Temps d’Activités Périscolaires). J’aime bien travailler seule dans mon atelier mais au bout d’un moment, ça peut être long. Avec les enfants, je fais le plein de bruit, d’action, de collègues, d’échanges et après, je suis contente de revenir devant mon ordinateur au calme. C’est complémentaire.
J’aimais bien ces ateliers. Au centre de loisirs, les enfants sont là pour s’amuser et c’est moins facile de les avoir attentifs sur un long moment alors qu’aux T.A.P., c’est la règle : on est ensemble pendant une heure et demie. Et les enfants, à cet âge, sont en attente de tout, ils sont curieux, dynamiques. Il suffit d’enrober un peu les choses pour leur donner envie et hop, tout le monde est emballé, c’est super !»

Tost – Y a- t-il des domaines ou des mediums que tu n’as pas encore explorés et qui t’attirent ?

«L’animation. J’en ai fait un tout petit peu et j’ai bien aimé mais c’est très chronophage. C’est aussi une autre manière de voir les choses. Moi, je vois tout en plan fixe. Animer les personnages, c’est autre chose. J’ai des copains qui font ça à Bruxelles. Ils ont lancé leur studio qui s’appelle Tabass & Co et c’est beau, c’est très très joli. Ils ont fait un clip magnifique pour une chanteuse canadienne, Mélissa Laveaux.»

Tost – Quel est l’aspect de ton métier que tu aimes particulièrement ?

«Ce que je préfère, c’est le début : quand quelqu’un m’appelle et que l’inspiration arrive, quand toutes les idées viennent et qu’il va falloir essayer de les reproduire sur papier. Ça fuse dans tous les sens et après, il faut essayer de faire une illustration qui soit à la hauteur de l’idée de base, c’est un beau challenge.
Oui, avoir la personne au téléphone qui me raconte les projets et voir les images qui arrivent, c’est ce que je préfère parce que je ne m’y attend pas. Je ne sais pas pourquoi les gens vont m’appeler et malgré tout, c’est instantané.»

Tost – C’est une chose d’avoir les idées mais c’est parfois difficile d’arriver à les reproduire fidèlement, qu’en penses-tu ?

«C’est de la pratique. J’y arrive de temps en temps mais pas toujours. C’est là qu’on se rend compte que ce n’était pas une bonne idée, je comprends que mon idée est tellement farfelue que ça ne rendra rien du tout ou je n’arrive pas à ce que je veux et je ne sais pas pourquoi, ce n’est pas le bon jour, ou bien mon idée est super mais elle ne colle pas du tout avec le projet. Parfois, je vais jusqu’au bout quand même pour moi et je garde en archives.»

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Tost – A quoi ressemble une de tes journées de travail ?

«Ma journée commence par aller boire un café sur le port, tous les matins à 9 heures. Et à 9h30, je suis devant mon ordinateur.
Souvent, pour ce qui est de l’illustration, je commence par dessiner. Mon bloc de dessin est sous mon clavier. J’ai mon crayon porte-mine et je dessine tout au crayon gris.
Pour la mise en couleur, je passe à l’ordinateur. Je scanne mon dessin et après je bidouille jusqu’à avoir un résultat satisfaisant.
Changer les couleurs, rajouter des textures, gommer, remettre, changer le nez de place… tout ça, je le fais à l’ordinateur parce que c’est quand même un outil qui fait gagner du temps. Refaire un dessin par rapport à modifier quelque chose sur un fichier photoshop, il n’y a pas de comparaison.»

«Je fais beaucoup d’informatique parce que maintenant les mises en page se font par ordinateur pour avoir un résultat propre, clair, lisible. Et tout se fait par mail. Finalement, je pourrais travailler à Molène que ce serait pareil, pour certains aspects.»

Tost – Puisque tu parles de lieu de travail, il y a trois questions que j’aime bien poser pour terminer. Tost magazine parle des gens, des lieux et des objets qui nous inspirent. Alors, quel est le lieu que tu préfères ou qui te ressources ?»

«Le lieu qui m’inspire, je crois que c’est ici. Je viens tous les jours, par tous les temps. C’est magnifique.»

Tost – Le port ou le café ?

«Les deux, mais surtout le port.»

«Le port du Rosmeur. Quand il fait moche, c’est beau. Quand il fait beau, c’est encore plus beau. Quand il y a de la brume, c’est superbe. J’adore, le matin surtout : le soleil est pile en face, c’est super joli.»

Tost – Quelle est la personne qui t’inspire ?

«Je dirais mes parents parce qu’ils ont toujours cru en moi et en le fait que je vivrais un jour du dessin, je pense. Ils m’ont toujours poussée dans les études, ils m’ont accompagnée sans me montrer leurs doutes, parce que je pense qu’ils en avaient. Et eux, ils ont toujours vécu dans l’idée que la vie professionnelle, c’est une chose, mais à côté, il y a plein d’autres choses. Les associations, le jardin, les enfants, etc. Alors on a un emploi d’accord, mais on n’est pas forcé de s’y épanouir ou d’y passer des heures, par contre en dehors du travail, il se passe énormément de choses. Maintenant, ils sont retraités et entre la musique, le breton, la couture, l’encadrement, on ne peut presque plus les voir, et je trouve ça très riche. Ils sont très inspirants et assez fantaisistes.»

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Tost – Quel est l’objet qui t’es indispensable ?

«Mes crayons, tout simplement. Ceux qui m’accompagnent tous les jours au travail, dans mon sac. Le crayon gris en particulier, la base.»

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* Ar Roue Marc’h – Texte de Gwenole Larvol, illustrations de Marianne Larvol – Editions TES
** La sieste du taureau – Texte de Gérard Alle et illustrations de Marianne Larvol – Editions Locus Solus
*** Ma jardin – M. Larvol et P. Salaün – Editions TES

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Sur la toile

Site internet de Marianne Larvol : www.mariannelarvol.sitew.fr

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Interview d’Elfenn Quemener & photos de Guillaume Prié

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Tiffany Brélivet, « feel good manager», chargée du bonheur au travail

Tiffany Brélivet, « feel good manager», chargée du bonheur au travail

On passe un tiers de notre temps au travail alors autant s’y sentir bien…
Depuis la révolution industrielle, le Taylorisme et « les temps modernes » de Charlie Chaplin, on peut dire qu’on a fait du chemin… Les GAFAs comme Google, l’ont d’ailleurs bien compris, elle porte une attention toute particulière au moral de ses employés et tient à leur offrir un cadre agréable, créatif et dynamique. Quittons maintenant la Californie, et prenons maintenant la direction de Locronan, qui question ambiance au travail n’a rien à envier aux start-ups de la Silicon Valley.

Tiffany Brélivet, est une « belle » personne, pétillante, rayonnante et souriante, elle m’accueille avec un large sourire et sait mettre à l’aise ses invités. Elle occupe une profession atypique et pleine de sens, encore rare en France : Chief Happiness Officer.

Sa mission : fédérer et rendre heureux au travail les salariés de l’entreprise de portails et de clôtures Cadiou implantée à Locronan depuis plus de 40 ans. Cadiou emploie aujourd’hui près 400 personnes et a toujours fait du bien-être au travail sa priorité.

En échangeant avec Tiffany, nous allons essayer de découvrir ce nouveau métier et d’en savoir un peu plus sur ce qui lui donne autant le sourire !

TOST : Peux-tu te présenter aux lecteurs de TOST ?

Tiffany Brélivet :

« J’ai 27 ans, je suis originaire de Plouguerneau dans le Finistère Nord. Il y a 4 ans j’ai suivi un master Ressources Humaines en alternance comme assistante Ressources Humaines dans l’entreprise CADIOU à Locronan. Après l’obtention de mon diplôme, Emmanuelle Legault, la directrice générale de l’entreprise, et Hervé le Bot, le directeur des Ressources Humaines, m’ont donné l’occasion de développer ma fonction sur mesure en créant le poste de Chief Happiness Officer, ou manager de la qualité de vie au travail.

Emmanuelle Legault arrive à cerner vite les gens et s’intéresse à tout ce qui pourrait contribuer positivement à la bonne marche de l’entreprise et au bien être des employés. Elle s’inspire de ce qui fonctionne ailleurs, en France ou dans d’autres pays. Elle croit en l’intelligence collective, chacun peut participer dans l’entreprise et la rendre « meilleure ». Elle a vu que j’avais beaucoup d’affect et de facilité avec le côté social dans les ressources humaines. Pendant mon alternance, j’avais commencé à organiser des événements pour rapprocher les salariés dans l’entreprise, comme l’incontournable « Goûter de Noël ». Et elle a décelé en moi des capacités à devenir « manager de la qualité de vie » chez Cadiou. C’est comme ça qu’on ma proposé ce poste.»

TOST : En quoi consiste ton métier de Chief Happiness Officer ?

« Je me préoccupe du bien-être et du bonheur des employés. Je fais partie du service Ressources Humaines, et je m’occupe également de l’accueil des salariés, la santé au travail, les relations avec l’assistante sociale. En complément je suis chargée de la qualité de vie au travail.

J’ai pour principales missions de parvenir à créer une atmosphère agréable dans l’entreprise, et instaurer un univers serein pour les collaborateurs. Je valorise les relations humaines au sein de l’entreprise. Je m’occupe de l’instauration d’une bonne ambiance de travail entre les employés.

Je veille à ce que les gens prennent soin d’eux-mêmes et maintiennent un équilibre entre leur travail et leur vie privée. On cherche également à ce que chaque salarié(e) se sente bien sur son poste, dans son équipe, et dans l’entreprise en général. De l’intégration des nouveaux jusqu’à l’animation des activités communes, j’assure la pérennisation de l’esprit d’équipe au sein de l’entreprise.

Pour cela nous suivons une culture d’entreprise, incarnée par notre Directrice Emmanuelle Legault, qui a fait du bien-être au travail une de ses priorités.

Cadiou est une entreprise familiale et certains salariés ont connu notre actuelle directrice toute petite. Son mari et son beau-frère y travaillent également. Il y a une proximité et une ambiance similaire à celle que l’on peut avoir dans une famille.

Son fondateur, Ronan Cadiou a comme devise : « quand on travaille pour une entreprise il faut y être heureux. La richesse de Cadiou, c’est son personnel.» On peut dire qu’ici le bien-être au travail, se transmet de génération en génération, et fait parti de l’ADN de Cadiou. »

TOST : Concrètement, comment est-ce que tu t’y prends pour y parvenir ?

« Je veille à l’épanouissement des salariés, à soigner leur cadre de travail et rendre l’entreprise plus attractive. Faire le bien autour de soi tout en allant au travail, c’est très agréable. Je reste accessible et ouverte, ils me font confiance.

Concrètement, chaque année je prends un calendrier et choisis les dates et moments importants de chaque mois, comme la chandeleur, la journée de la femme…J’essaie de garder un effet de surprise, et de renouveler les événements, en proposant des actions différentes chaque année.

Par exemple l’année dernière nous avons fêté la galette des rois, et cette année nous avons préféré la chandeleur. De sorte à ce qu’il n’y ait pas de monotonie, pour garder l’effet de surprise. »

TOST : Quelles sont les principales actions que tu as mis en place ?

« On a mis en place une action comme le don du sang, ça a été très positif. Le discours était « on a pas le temps de le faire en dehors du travail », et on a offert aux salariés la possibilité de donner leur sang sur leur temps de travail. Cette action a été bien suivie, et les salariés ont été reconnaissants que nous leur permettions de le faire sur place et de leur offrir du temps pour donner leur sang. Lors de La semaine du développement durable nous avons proposé des fruits à tout le monde.

Nous sortons aussi de l’entreprise, comme lors des opérations de ramassage des déchets, sur les plages autour de Locronan, comme à Plonévez Porzay ou Plomodiern. Un samedi matin, les salariés viennent en famille avec leurs enfants ramasser les déchets puis nous pique-niquons tous ensemble. L’année dernière il y avait une cinquantaine d’inscrits.

Nous organisons également la « journée des enfants », ils peuvent venir visiter et découvrir l’entreprise où travaille leurs parents. On explique aux enfants comment fonctionne l’entreprise et ils peuvent voir en quoi consiste le métier qu’exerce leur mère ou père. Les enfants sont fiers de voir que leur parent joue un rôle dans l’entreprise, c’est valorisant. Cela leur permet également de découvrir le monde du travail. Puis nous terminons la visite avec un goûter convivial (et des bonbons !).

En début d’année, Cadiou a mis en place une salle de Gym et de musculation. Une coach sportive, Valérie, vient donner des cours entre midi et deux chaque lundi et jeudi. Le vendredi c’est un salarié qui a pris l’initiative de proposer des séances de yoga et relaxation. Ils vont même parfois à la plage.

Lors de la journée de la femme nous avons offert une rose à toutes les salariées, elles étaient émues et touchées par ce geste. Il y a eu un retentissement important, ce fut une journée forte en émotion.

Je sais que j’ai beaucoup de chance de faire ce métier, c’est très plaisant tout en donnant beaucoup d’investissement personnel.

Ces moments sont importants car ils permettent de créer du lien entre les salariés, ils sont ouverts à tous, il n’y a pas de différence entre les personnes, qu’elles soient en CDD, CDI, intérim, stage, un ouvrier peut partager ces moments avec un cadre ou responsable. »

TOST : Constates-tu un réel impact sur l’entreprise et sur le bien-être des salariés ?

« Souvent des clients ou partenaires qui viennent ici pour la première fois, sont surpris qu’on puisse entendre les employés qui rigolent, sourient, et sont heureux de travailler.

C’est positif. Depuis 2 ans nous observons très peu de turn over, les gens veulent rester, il y a une très forte valeur marque employeur. Beaucoup veulent rester après leur mission en intérim par exemple. On reçoit des candidatures venant de l’entourage et de connaissance des salariés, ce qui veut dire qu’ils en parlent de manière positive à l’extérieur. En effet, force est de constater qu’un salarié heureux est plus efficace et motivé. La prospérité de l’entreprise est la preuve que cela fonctionne.

Des outils collaboratifs sont proposés comme l’application google plus et klaxoon. Il y a un site web de réservation où les salariés peuvent s’inscrire aux activités proposées dans l’entreprise. Chaque salarié a aussi son adresse email personnelle pour être au courant des nouveautés de l’entreprise, voir les photos des chantiers avec les portails posés, ou encore le « bon coin » Cadiou. C’est une forme de reconnaissance.

Il y a également une plateforme « intranet » où les salariés peuvent poster leurs photos des chantiers et gardes-corps posés, cela permet aux ouvriers de voir en situation réelle les gardes-corps et portails qu’ils ont fabriqué, c’est la finalité de leur travail. Cela donne un sentiment de satisfaction aux salariés, et donne du sens à ce qu’ils font. Les salariés témoignent de la reconnaissance, ils publient des photos et me disent merci. Sur les réseaux sociaux ils leur arrivent aussi de reposter les publications de Cadiou sur leur compte personnel.

Les salariés s’impliquent et sont forces de propositions. Nous avons créé les « trophées des initiatives », cela permet aux salariés de proposer une idée, de monter le projet en équipe et de le présenter à un jury si il est sélectionné. Les inscriptions sont ouvertes à tous pendant 1 mois. Il y a des thèmes comme le développement durable, la qualité de vie au travail.

Le projet retenu est ensuite réalisé par l’entreprise. Suite à ce trophée, remporté par une équipe, une usine de thermolaquage est désormais opérationnelle, cela permettra de diminuer les déplacements, de gagner du temps et de monter en compétence. C’est une fierté pour eux de voir que leurs idées sont prises au sérieux et mises en application.

Nous éditons également le magazine « Demain » qui a pour but de mettre en lumière les initiatives prises par chacun et de donner la parole à tous les salariés (NDLR le « magazine TOST » interne !-). »

TOST : Sais-tu quel est l’origine de ce métier et quelle sera son évolution ?

« Le Chief Happiness Officer est un poste qui a vu le jour dans le monde des start-ups il y a une dizaine d’années. Plus récemment ce métier s’est fortement développé en Europe, surtout dans les pays scandinaves, ils sont souvent en avance sur nous en ce qui concerne le bien-être au travail. On laisse aussi là-bas plus de place à la créativité. Depuis, les entreprises et grands groupes ont saisi l’enjeu du bonheur en entreprise et ont commencé à recruter des CHO. Inculquer plus de bienveillance au sein des entreprises en France est assez nouveau comme forme de management.

Nous cherchons à ce que les salariés soient de plus en plus investis dans la vie de l’entreprise. Ils y passent beaucoup de temps, c’est important qu’ils s’y sentent le mieux possible. Certainement, d’autres entreprises et organisations vont aussi créer des postes de responsable qualité de vie ou chief happiness officer, car les résultats sont positifs à tout point de vue, d’abord pour le salarié lui-même, puis ses collègues et collaborateurs, mais aussi auprès des partenaires et l’image de marque que renvoie l’entreprise auprès de ses clients et partenaires.

Quand je me déplace, j’explique en quoi consiste mon métier aux autres personnes que je rencontre, ça leur permet de comprendre mon rôle, cela devient plus concret à leurs yeux et leur donne également des idées. C’est un métier en plein essor, qui va évoluer, et prendre de plus en plus de place dans les entreprises. »

TOST : As-tu une devise ?

« Faites-le bien par petit bout là où vous êtes ; car ce sont tous
ces petits bouts de bien, une fois assemblés, qui transforment le monde. »
Desmond Tutu

« C’est plus facile de faire le mal que le bien autour de soi. Ça demande de l’énergie d’être positive, on a tous nos problèmes, mais on mérite le respect, je trouve ça important. »

TOST : Quel est l’endroit dont tu te sens la plus proche, de quoi te sens-tu « TOST » ?

« Je vais facilement à la plage de Kervel, à 5 minutes de Cadiou. Souvent à midi, nous allons y pique-niquer. C’est très agréable de pouvoir faire cette coupure au bord de la mer les pieds dans le sable et de s’accorder une parenthèse où l’on peut se « reconnecter » à la nature. C’est ressourçant.

J’ai grandi au bord de la mer (NDLR à Plouguerneau), j’aime être assise sur le sable et la regarder. C’est aussi ma source de motivation.

J’habite sur Quimper, et j’aime aller « prendre l’air » à Bénodet, Sainte Marine, l’île Tudy. J’adore le « Sans-Souci » à Bénodet sur le front de mer, ou bien encore le « Café de la Cale » à Sainte Marine. J’y vais avec mes amis, quand on est assis en terrasse devant l’océan, on se pose et on oublie tout. Ça m’arrive aussi faire de la randonnée en bord de mer. »

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Site web : www.cadiou.bzh

Page Facebook :  GroupeCadiou

Interview & photos Magali Nouguier

#TostMagazine #TostHaTost

Avel Corre, le conteur d’images ≈ ar skeudenn lavarer

 

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Article en Français

Avel Corre, le conteur d’images

Avel Corre parle la langue des images. Il travaille derrière une caméra depuis de nombreuses années et c’est naturellement qu’il est devenu réalisateur, afin de raconter les histoires qui peuplent son imaginaire. En 2015, il a reçu un prix* pour son premier court-métrage, tourné en breton, « An dianav a rog ac’hanon – L’inconnu me dévore », une histoire d’amour entre une femme à la recherche d’elle-même et un homme libre et sans attaches. Aujourd’hui, il prépare un second film. Tost magazine a eu envie de rencontrer Avel et de visiter avec lui son univers poétique.

 

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Article en Breton – Brezhoneg

Avel Corre, ar skeudenn lavarer

Yezh Avel Corre eo yezh ar skeudennoù. Labourat a ra a-dreñv ur c’hamera abaoe meur a vloaz hag anat deoc’h eo deuet da vezañ sevener a-benn kontañ an istorioù a zeue dezhañ. E 2015 en doa bet ur priz* evit e film berr kentañ,  troet e brezhoneg, « An dianav a rog ac’hanon », un istor karantez etre ur vaouez a zo o klask en em gavout hag ur gwaz frank hag hep stag. Hiziv emañ o prientiñ un eil film. Ar gelaouenn Tost he deus bet c’hoant da veajiñ un tamm gant Avel a-benn gweladenniñ e ved barzhel.

 

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TOST – Comment es-tu devenu réalisateur ?

Avel Corre :

« Mon premier métier, c’est le travail sur l’image pour le cinéma ou la télé. Il y a de nombreux métiers dans ce domaine. Je suis d’abord passé par le travail sur la lumière, en étant ce qu’on appelle « électro », puis derrière la caméra comme troisième assistant caméra, second puis premier. L’assistant caméra travaille surtout sur la netteté de l’image. Si une image est floue, c’est souvent parce que l’assistant caméra s’est planté. Et après, j’ai commencé à travailler comme chef opérateur. Je suis resté dix ans à Paris pour apprendre mon métier.

Je suis revenu en Bretagne et j’ai fait une pause de deux ans dans mon activité pour m’occuper de ma fille et retaper ma maison. C’est à ce moment-là qu’est née l’envie de réaliser. Des histoires me sont venues et j’ai eu envie de les raconter de cette manière.

J’ai commencé la réalisation avec Lionel Buannic pour Brezhoweb (chaîne tv en langue bretonne sur le web). Je ne venais pas du monde de la télé mais plutôt de celui du cinéma. Je suis allé travailler avec lui parce qu’il cherchait des gens avec un peu d’expérience dans le métier et qui parlaient breton. J’ai commencé comme technicien et puis, il m’a demandé d’être réalisateur pour l’émission « Bec’h de’i! ». Il m’a donné ma chance pour une émission et c’est comme ça que j’ai commencé à réaliser.»

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TOST – Penaos out deuet da vezañ sevener filmoù ?

Avel Corre :

« Va micher gentañ eo labourat war ar skeudenn evit ar sinema pe ar skinwel. Bez ‘z eus meur a vicher er bed-mañ. Tremenet on dre al labour war ar gouloù da gentañ, ar pezh a vez lavaret « elektro », goude war ar c’hamera ivez evel trede skoazeller kamera, eil ha goude kentañ. Ar skoazeller kamera a labour dreist-holl war spisted ar skeudenn. Pa vez ur skeudenn dispis eo ar skoazeller en deus c’hwitet alies. Ha goude on kroget da labourat e-giz paotr ar skeudenn. Chomet on e Paris e-pad dek vloaz hag aze em eus desket va micher.

Distroet on e Breizh, graet ‘m eus un ehan war va vicher e-pad daou vloaz evit ober war-dro va merc’h hag evit adober va ti ivez. Hag aze eo ganet ar c’hoant da seveniñ. Bez’ ez eus istorioù a zo deuet em empenn ha c’hoant em eus bet kontañ anezho e-giz-se.

Kroget on da seveniñ gant Lionel Buannic war Brezhoweb. Ne zeuen ket eus bed ar skinwel met kentoc’h eus bed ar sinema. Aet on da labourat gantañ peogwir e klaske tud gant un tamm skiantprenet war ar vicher hag a gomze brezhoneg. Kroget on evel teknisian hag ur wech en doa goulennet ganin bezañ sevener an abadenn « Bec’h de’i ! ». Roet en deus va chañs din evit un abadenn. E-giz-se on kroget da seveniñ.»

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« Plus tard, en 2013 je crois, j’ai écrit une histoire pour un court-métrage. J’avais travaillé comme technicien sur des films avec Tita Productions, une maison de production de Douarnenez. Et j’ai dit à Fred Premel, le producteur de fiction, que j’avais un projet de film court et que je n’arrivais pas à écrire le scénario. J’avais l’histoire en tête et deux pages pour expliquer ce que je voulais faire. Il m’a proposé de chercher un scénariste pour écrire avec moi. Nous avons trouvé quelqu’un, nous avons écrit l’histoire et un an plus tard, nous filmions.

Voilà comment je suis devenu réalisateur, petit à petit. Mais, je travaille toujours dans le monde de l’image sur des longs métrages en Bretagne. Quand il y a besoin de caméras supplémentaires, o, m’appelle en tant qu’assistant caméra. J’ai travaillé avec Emmanuelle Bercot sur « La fille de Brest » par exemple, parce que sur certaines scènes, il faut plus de caméras et dans ces cas-lą, les gens sont embauchés sur le lieu du tournage.»

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« Ha diwezhatoc’h, e 2013 e oa d’am soñj, em boa skrivet un istor evit ober un film berr faltazi. Labouret ‘m boa evel teknisian war filmoù gant Tita Productions, un ti-produiñ eus Douarnenez. Ha lavaret ‘m boa da Fred Premel, ar produer filmoù faltazi e Tita Productions, em boa ur raktres film berr ha ne zeuen ket a-benn da skrivañ ar senario. An istor a oa em fenn ha div bajenn am boa evit displegañ ar pezh am boa c’hoant ober. Kinniget en deus din klask ur senarier evit skrivañ ganin. Kavet hon eus un den, skrivet hon eus an istor hag ur bloaz goude e oamp o filmañ.

Setu penaos on deuet da vezañ sevener, tamm-ha-tamm. Met labourat a ran atav war bed ar skeudenn, war filmoù bras e Breizh pa vez ezhomm kameraioù ouzhpenn e vez galvet ac’hanon evit labourat evel skoazeller. Labouret ‘m eus gant Emmanuelle Bercot war « La fille de Brest », seurt traoù, peogwir war senennoù e vez ezhomm muioc’h a gameraioù evit filmañ ha kemeret e vez tud war al lec’h.»

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TOST – Ton premier court-métrage, « An dianav a rog ac’hanon » (« L’inconnu me dévore ») a d’abord été écrit en français puis en breton, pourquoi avoir fait ce choix du breton ?

Avel Corre :

« J’imagine les histoires en breton d’abord, surtout les dialogues parce que c’est ce qui reste dans le film. A la fin, il n’y a plus que les dialogues. Mais je n’arrive pas à mettre mes idées sur le papier, j’ai essayé mais rien à faire, je suis obligé d’écrire avec quelqu’un pour que mes idées soit retranscrites de manière claire. D’abord, on écrit l’histoire et les dialogues pour expliquer ce que je veux raconter. Je fais cette étape en français pour présenter mon film et trouver un financement, entre autres, mais ce dossier pourrait être écrit en français, en anglais ou en maori, ce serait la même chose. Finalement, la langue n’est qu’un outil. En France, nous ne sommes pas habitués à parler plusieurs langues mais dans d’autres pays, c’est comme ça. Peu importe la langue que tu parles, ce qui est important, c’est d’être compris par la personne qui est en face de toi.

Donc, l’histoire est écrite en français et ce n’est pas un échange très facile au moment de l’écriture parce que, parfois, je vois les dialogues en français et ce n’est pas tout à fait ce que je veux dire, mais ce n’est pas grave parce que ce sera traduit en breton, plus tard. Ce qui me plaît dans le breton, un peu comme dans les langues asiatiques, ce sont les images qui sont présentes dans tous les mots. C’est surtout là-dessus que j’ai envie de jouer.»[/vc_column_text][/vc_column][vc_column width= »1/2″][vc_column_text]

TOST – « An dianav a rog ac’hanon », da film berr kentañ, zo bet skrivet e galleg da gentañ hag a-benn ar fin e brezhoneg ? Perak ‘z peus dibabet skrivañ e brezhoneg ?

Avel Corre :

« Ijinañ a ran an istorioù e brezhoneg a-raok, dreist-holl an divizoù peogwir eo ar pezh a chom war ar film. Er fin n’eus nemet an divizoù. Met ne zeuan ket a-benn da lakaat va mennozhioù war ar paper, klasket ’m eus met n’eus netra d’ober, ret eo din bezañ gant un den dre forzh evit skrivañ va mennozhioù en un doare sklaer. Da gentañ e vez skrivet an istor hag an divizoù e galleg evit displegañ ar pezh ‘m eus c’hoant kontañ. Ober a ran an dra-se e galleg evit kinnig va film ha mont e darempred gant an dud a roio arc’hant din hag all met an doser-mañ a c’hellfe bezañ graet e galleg, e saozneg pe e maori e vefe ar memes tra. A-benn ar fin ar yezh n’ eo nemet ur benveg. E bro-C’hall n’emaomp ket kustum da gomz meur a yezh met e vroioù all e vez e-giz-se. N’eus forzh pe yezh emaout o komz, ar pezh a zo a-bouez eo bezañ komprenet gant an den a zo dirazout.

Neuze an istor zo skrivet e galleg ha n’eo ket un eskemm aes-kenañ pa vez skrivet an traoù peogwir a-wechoù e welan an divizoù e galleg ha n’eo ket tre ar pezh ‘m eus c’hoant lavar met n’eo ket grevus peogwir e vo lakaet e brezhoneg goude. Ar pezh a blij din er brezhoneg, un tammig evel er yezhoù bro Asia, eo ar skeudennoù hag a zo abouez- kenañ e-barzh an holl gerioù. Dreist-holl eo war an dra-se ‘m eus c’hoant c’hoari. »

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« J’ai travaillé avec Corinne Ar Mero sur le premier film. Elle est excellente pour la traduction en breton. Elle joue beaucoup avec les mots et sur la sonorité des mots et c’est ça que je recherche. Je cherche un son particulier : la langue dans un film, c’est comme la musique. Elle apporte une ambiance. J’aime beaucoup les films de Wong Kar Wai, par exemple. Il a tourné en anglais, en espagnol, mais aussi en cantonais. Ces films-là, je ne les regarde pas en français parce que la sonorité des mots et de la langue font partie de l’atmosphère du film. Il manquerait quelque chose, il manquerait une musique qui est essentielle pour moi.

Pour la traduction aussi, les images portées par les mots sont importantes. J’aime bien raconter cette histoire, par exemple : dans mon premier film, il y avait une phrase dite par une voix off à la fin que je n’ ai pas traduite dans les sous-titres. En français, j’avais écrit : « Un ange est passé, il m’ arrive d’y penser. » Pendant le travail de traduction, on l’a traduit mot à mot en breton et j’ai demandé à Corinne de trouver quelque chose de plus poétique. Elle a écrit : « Aet eo un ael diwar-wel, war va soñj chom a ra e askell ». Si j’avais sous-titré cette phrase, ça aurait donné quelque chose comme : « Un ange est passé au-delà de l’horizon, dans mon souvenir, il me reste une aile. » Mais ce n’est pas la même chose, on ne raconte pas les choses de la même manière quand on dit : « Un ange est passé, il m’arrive d’y penser. »… là, on comprend comment on peut utiliser les images en breton.»

[/vc_column_text][/vc_column][vc_column width= »1/2″][vc_column_text]

« Labouret ‘m boa gant Corinne Ar Mero war ar film kentañ. Dreist-kenañ eo-hi war an treiñ e brezhoneg. C’hoari a ra kalz gant ar gerioù ha war son ar gerioù, an dra-se eo ar pezh a glaskan. Klask a ran ur son ispisial : ar yezh e-barzh ur film a zo evel ar sonerezh. Degas a ra un aergelc’h. Plijout a ra din kalz filmoù Wong Kar Wai da skouer. Graet en deus traoù e saozneg, e spagnoleg hag ivez e kantoneg. Ar filmoù-mañ, ne sellan ket outo e galleg peogwir son ar gerioù hag ar yezh a gemer perzh en aergelc’h ar film. Mankout a rafe un dra bennak, mankout a rafe ur sonerezh hag a zo a-bouez din.

War an treiñ eo a-bouez ivez istor ar skeudennoù er gerioù. Da skouer e oa ur frazenn e-barzh va film kentañ, plijout a ra din displegañ an dra-se, ur frazenn evit ur vouezh « off » e fin ar film. N’em eus ket troet anezhi, en istitloù n’em eus lakaet netra. Skrivet ‘m boa e galleg : « Un ange est passé, il m’ arrive d’y penser. » E-pad al labour treiñ e oa bet lakaet e brezhoneg ger-ouzh-ger hag em boa goulennet gant Corinne un dra varzheloc’h. Ha skrivet he doa : « Aet eo un ael diwar-wel, war va soñj chom a ra e askell ». Ma’m bije istitlet ar frazenn-se e vije bet un dra bennak e-giz-se : « Un ange est passé audelà de l’horizon, dans mon souvenir, il me reste une aile. » Met n’eo ket ar memes tra, ne vez ket kontet an traoù er memes doare pa vez lavaret : « Un ange est passé, il m’ arrive d’y penser. ».… ase e vez komprenet penaos e vez implijet ar skeudennoù e brezhoneg.»

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TOST – Tu as fait ce film en breton d’une manière naturelle finalement. Ce n’était pas un acte militant ?

Avel Corre :

« Ce que je savais depuis le début, c’est que je n’avais pas envie de faire ce film pour faire un film en breton. C’est souvent le cas dans le monde bretonnant et c’est une bonne chose. La langue a besoin de gens qui la défendent mais, en ce qui me concerne, ce n’est pas la relation que j’ai envie d’avoir avec le breton. Le breton est en lien avec l’histoire de mon père. Donc, c’est plutôt une histoire de coeur et j’ai envie d’en faire autre chose, de l’utiliser d’une manière artistique. Si on me dit qu’on ne peut pas employer tel mot de telle manière, je m’en fous. Ce qui m’importe, c’est que la langue soit utilisée et travaillée comme on travaille la terre, par exemple.

Pour être honnête, elle n’est pas souvent utilisée de cette manière. Je pense que je l’ai utilisée plutôt à la manière d’un conte ou dans cette idée, d’une manière universelle. Ce film, j’aurais pu le faire en cantonais ou en maori, ça aurait été le même film. C’est une histoire d’amour, dans un port qui pourrait être n’importe où dans le monde ; la langue, c’était pour égarer les gens un petit peu, pour qu’ils ne sachent pas trop où ils étaient. J’ai fait écouter la bande-son du film à des gens qui ne parlaient pas breton et ils ne savaient pas d’où venait cette langue, on m’a dit que c’était du flamand, de l’hébreu… C’est sur ce genre de choses que j’ai envie de jouer et c’est comme ça que je veux travailler avec le breton.»

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TOST – Graet’z peus ar film e brezhoneg en un doare naturel a-benn ar fin. Ne oa ket ur stourm evit ar yezh ?

Avel Corre :

« Ar pezh a ouien abaoe ar penn kentañ eo n’am boa ket c’hoant ober ar film-mañ evit ober ur film e brezhoneg. E-barzh bed ar brezhoneg e vez alies e-giz-se, ar pezh a zo mat ivez. Ezhomm e vez tud o stourmañ evit ar yezh met n’eo ket an eskemm-se ‘m eus c’hoant-me kaout gant ar brezhoneg. Liammet eo ar brezhoneg gant istor va zad. Neuze eo kentoc’h un istor kalon, un dra bennak all em eus c’hoant ober gant ar yezh, implijout anezhi en un doare arzel. Ma vez lavaret din ne vez ket lavaret ar ger-se en doare-se ne’m eus ket foutre-kaer. Ar pezh a zo a-bouez din eo e vefe impljet ha labouret ar yezh evel ma vez labouret douar pe seurt traoù.

Evit gwir, ne vez ket implijet alies e-giz-se. D’am soñj em eus implijet anezhi e doare ur gontadenn kentoc’h, war an hent-se, en un doare hollvroadel. Ar film-se am bije gallet ober anezhañ e kantoneg pe e maori e vije bet ar memes film. Un istor karantez eo, war ur porzh a c’hellfe bezañ n’eus forzh pelec’h er bed, ar yezh a oa evit lakaat an dud da vezañ kollet un tammig, da chom hep gouzout re e pelec’h e oa. Lakaet ‘m eus tud ne ouient ket brezhoneg da selaou ar son nemetken ha ne ouient ket eus pelec’h e teue ar yezh, lâret eo bet din flamanteg, hebraeg… War an dra-se em eus c’hoant c’hoari ha setu penaos em eus c’hoant labourat gant ar brezhoneg.»

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TOST – C’est vrai que le breton crée une ambiance mais tu as également choisi un lieu surprenant, un peu hors du monde : le port de Brest, à côté de l’usine de soja. Pourquoi as-tu eu envie de filmer à cet endroit ?

Avel Corre :

« Ce lieu est, lui aussi, lié à l’histoire de mon père, il travaillait à côté, dans une entreprise et du coup, c’était un lieu qui me parlait et qui pouvait quand même être universel. Il y a des ports partout dans le monde et ce port pourrait être n’importe où. Après, il y a un côté esthétique qui me plaît beaucoup, avec la fumée, les bateaux, ce genre de choses. Il y a une atmosphère, intéressante ou pas, je ne sais pas, mais il y a une atmosphère particulière. J’avais écrit plus de choses en lien avec la pluie, l’humidité mais quand nous avons filmé, malheureusement, il n’a pas plu ! Mon prochain film se passera dans les Monts d’Arrée. J’ai imaginé une frontière dans les Monts d’Arrée, je pense que je cherche ce genre de lieux qui pourraient être n’importe où, c’est comme ça que naissent mes envies d’histoires

[/vc_column_text][/vc_column][vc_column width= »1/2″][vc_column_text]

TOST – Gwir eo ez eus un aergelc’h e-barzh da film a-drugarez d’ar brezhoneg met dibabet ‘z peus ul lec’h a oa souezhus ivez,un tamm er maez eus ar bed : porzh Brest e-kichen an uzin soja. Perak ‘z poa c’hoant filmañ aze ?

Avel Corre :

« Al lec’h-mañ a zo liammet ivez gant istor va zad peogwir e oa o labourat en un embregerezh ekichen ha setu e oa ul lec’h a gomze din hag ul lec’h a c’helle memestra bezañ hollvroadel. Porzhioù a zo er bed e pep lec’h hag ar porzh-mañ a c’hellfe bezañ n’eus forzh pelec’h. Goude ez eus un tu kenedus a blije kalz din, gant ar moged, ar bigi, seurt traoù. Un aergelc’h a zo, dedennus pe get n’ouzon ket, met un aergelc’h ispisial a zo. Skrivet ‘m boa muioc’h a draoù gant glav ha glebter met p’hon eus filmet, n’eus ket bet glav siwazh ! Ar film a zeu a vo er Menezioù Are. Ijinet ‘me eus un harz e-barzh ar Menezioù Are, un tammig seurt lec’hioù a c’hell bezañ n’eus forzh pelec’h a glaskan d’am soñj, e-giz-se e krog ar c’hoantoù istor.»

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TOST – Tu recherches des lieux dépaysants mais tu restes tout de même en Bretagne.

Avel Corre :

« Oui, parce que je connais ces lieux. Tu commences à imaginer des histoires en piochant dans ce que tu connais, tu fais un mélange entre ce qui est proche de toi et ce que tu imagines. Au début, tu commences avec ce que tu aimes et tu ajoutes de plus en plus de détails inventés. A la fin, il reste des petits bouts de ta vie. Ce n’est pas ton histoire de bout en bout mais tu commences de cette manière, avec ce dont tu te sens proche pour démarrer l’histoire.

Le prochain film n’est pas situé en Bretagne. C’est aussi une histoire d’amour, sur une frontière mais on ne précise pas de quelle frontière il s’agit, une frontière entre deux pays. Ce qui est intéressant, ce sont les problèmes créés par cette frontière. Le fait que ce soit en breton, c’est pareil : ce serait la même histoire dans n’importe quelle langue.»

[/vc_column_text][/vc_column][vc_column width= »1/2″][vc_column_text]

TOST – Klask a rez lec’hioù divroadus met chom a rez e Breizh memestra.

Avel Corre :

« Ya, peogwir e anavezan al lec’hioù-se. Kregiñ a rez da ijinañ istorioù o kemer traoù a anavezez, ober a rez un mesk etre ar pezh a zo tost dit-te hag ar pezh a ijinez. E penn-kentañ e krogez gant ar pezh a blij dit ha muioc’h-mui e lakaez traoù a zo ijinet e-barzh hag a-benn ar fin e chom tammoùigoù eus da vuhez. N’eo ket da istor penn-da-benn ar pezh a zo er fin met kregiñ a rez gant traoù e-giz-se a zo tost ouzhit evit kregiñ an istor.

Ar film a zeu n’eo ket lec’hiet e Breizh. Un istor karantez eo ivez, war un harz met ne vez ket lavaret pe harz eo, un harz etre div vro. Ar pezh a zo dedennus eo ar c’hudennoù degaset gant un harz. Ar fed e vefe e brezhoneg eo ar memes tra, ar film a c’hellfe bezañ e n’eus forzh pe yezh e vefe ar memes istor.»

[/vc_column_text][/vc_column][/vc_row][vc_row][vc_column][vc_gallery img_size= »full » slides_per_view= »1″ onclick= »none » images= »1794″][/vc_column][/vc_row][vc_row]

[vc_column width= »1/2″][vc_column_text]

TOST – Et par rapport à l’image, il y a peut-être quelque chose d’intéressant dans ces lieux en Bretagne  ?

Avel Corre :

« Oui, bien sûr, par exemple, on dit que Brest n’est pas une belle ville mais c’est un lieu cinématographique. Et je trouve que les Monts d’Arrée le sont aussi. Ça n’est pas très vaste et c’est tout de même un problème. Peut-être qu’il y a, en France, des lieux isolés plus étendus, où on ne trouve aucune habitation mais il n’y a pas la même lumière. Il n’y aura pas les mêmes nuages. Il y a quelque chose de lourd dans les Monts d’Arrée avec les nuages noirs et c’est ce que je recherche. Bien sûr, en Irlande ou en Écosse, il y a des lieux avec une atmosphère plus lourde encore mais je ne les connais pas, alors je travaille avec ce que je connais.

En plus, par rapport à la réalisation, quand tu sais comme c’est long de faire un film, même un court-métrage, il faut déjà être convaincu par ce que tu écris, il faut porter le projet et ça, pour moi, c’est beaucoup plus facile à faire si je suis déjà porté par le lieu. Les monts d’Arrée, c’est un lieu important pour moi. Quand j’étais enfant, avec mes parents, j’allais m’y promener presque tous les week-ends, c’est un lieu que je porte en moi depuis longtemps, c’est pour ça que j’ai eu envie de filmer à cet endroit. »

[/vc_column_text][/vc_column][vc_column width= »1/2″][vc_column_text]

TOST – Hag e-keñver ar skeudenn, marteze ez eus un dra bennak e Breizh a zo dedennus gant al lec’hioù-se ?

Avel Corre :

« Ya, evel-just, da skouer e vez lavaret n’eo ket Brest ur gêr vrav met ul lec’h sinematografik eo. Hag evit ar Menezioù Are e kavan eo memes tra. N’eo ket bras-tre ar Menezioù Are, an dra-se a zo ur gudenn memestra. Marteze ez eus lec’hioù distro brasoc’h e bro C’hall, e-lec’h n’eus ti ebet met n’eus ket ar memes gouloù. Ne vo ket ar memes koumoul. E-barzh ar Menezhioù Are ez eus ur seurt tra a zo pounner memestra gant ar c’houmoul du ha se eo ar pezh a glaskan. Evel-just e bro Iwerzhon hag e bro Skos ez eus lec’hioù d’am soñj pounneroc’h c’hoazh met n’ anavezan ket anezho, setu labourat a ran gant ar pezh a anavezan.

Ouzhpenn, e-keñver ar seveniñ, pa ouiez pegen hir eo da vont betek penn evit ober ur film, memes ur film berr, ret eo bezañ kendrec’het dija gant ar pezh a skrivez, ret eo dougen an traoù hag an dra-se, evidon, zo kalz aesoc’h ma ‘z on dougenet gant al lec’h dija. Ar Menezioù Are a zo ul lec’h a-bouez din. Pa oan bugel, gant ma zud, ez aen tost bep dibenn-sizhun da bourmen eno, ul lec’h ‘m eus ennon abaoe pell eo, setu perak ‘m eus bet c’hoant filmañ aze ? »[/vc_column_text][/vc_column][/vc_row][vc_row][vc_column][vc_gallery img_size= »full » slides_per_view= »1″ onclick= »none » images= »1792″][/vc_column][/vc_row][vc_row]

[vc_column width= »1/2″][vc_column_text]

TOST – Quand on fait un film, il faut exercer plusieurs métiers. Lequel te plaît le plus ?

Avel Corre :

« Je commence par ce qui est le plus difficile pour moi et que je ne sais pas faire : écrire le scénario. J’ai essayé mais mon cerveau n’est pas fait pour ça. C’est pour ça que je travaille avec des scénaristes, parce que je vois qu’écrire, c’est un plaisir pour eux alors que pour moi, c’est un vrai calvaire. Quand je réussis à écrire une page, déjà je trouve ça mauvais mais en plus c’est exceptionnel. Et il faut retravailler dix fois… bref, ce n’est pas fait pour moi.

Il faut forcément passer par le papier pour raconter une histoire mais également pour aller chercher des financements. Le cinéma est un art assez coûteux parce qu’on a besoin de grandes équipes, donc il faut trouver des fonds et ça, ce n’est pas mon métier non plus. C’est le travail du producteur.Ensuite, mon monde à moi, c’est le tournage. A partir du moment où on a trouvé l’argent, il est temps de préparer et de filmer et ça, c’est ce qui me plaît le plus, c’est là où je me sens le mieux. Je sais qu’il y a des gens que ça effraie parce que c’est une grosse mécanique. Quand on gère ce genre de projet, on travaille avec vingt, trente personnes. Il y a dix personnes qui viennent me demander «  Comment tu as imaginé ça ? » à propos des décors… de l’image… du son… de chaque chose. Je suis un chef de chantier en quelque sorte et j’adore ça !
Il faut travailler avec différents métiers qui sont très importants, les accessoires, les costumes, le maquillage et ça me plaît énormément. Je me sens dans mon élément, c’est comme mettre des touches de peinture sur un tableau et petit à petit, ça prend forme.
»[/vc_column_text][/vc_column][vc_column width= »1/2″][vc_column_text]

TOST – Pa vez graet ur film e vez graet micherioù a-bep seurt. Pe hini a blij dit ar muiañ ?

Avel Corre :

« Kregiñ a ran gant ar pezh a zo an diaesañ din ha n’ouzon ket ober : skrivañ ar senario. Klasket ‘m eus ober met va empenn n’eo ket graet evit se. Setu perak e labouran gant senarierien peogwir e welan eo ur blijadur dezho skrivañ ha din-me eo ur gwir boan. Pa zeuan a-benn da skrivañ ur bajenn dija e kavan an dra-se fall met un dra bennak souezhus eo evidon. Ha ret eo adober dek gwech hag. an dra-se n’eo ket graet evidon.

Ret eo tremen dre ar paper dre forzh evit kontañ an istor met ivez evit mont da glask arc’hant. Ar sinema a zo un arz ker a-walc’h peogwir ez eus ezhomm skipailhoù bras, neuze ret eo kavout arc’hant hag an dra-se n’eo ket va micher kennebeut. Labour ar produer ‘ni eo.

Goude, va bed din-me eo ar filmañ. Adalek ar mare eo bet kavet an arc’hant eo poent prientiñ ha filmañ, an dra-se eo ar pezh a blij din ar muiañ hag al lec’h en em santan ar gwellañ ennañ. Gouzout a ran ez eus tud o deus aon peogwir eo ur mekanik bras. Pa vez kaset ur raktres e-mod-se ez eus ugent, tregont den o labourat. Bez ‘z eus dek den a erru o c’houlenn ganin « Penaos ‘z peus gwelet an dra-se ? » war ar c’hinklañ… war ar skeudenn… war ar son… war pep tra. Ur seurt penn chanter on ha plijout a ra din kalz !

Ret eo labourat gant micherioù disheñvel hag a zo a-bouez-kenañ, ar prestoù, an dilhad, al livaj, an dra-se a blij din forzh pegement. Aze en em santan em aes, se zo evel lakaat tammoù livaj war un daolenn ha tamm-ha-tamm e kemer an dra ur c’horf. »

[/vc_column_text][/vc_column][/vc_row][vc_row][vc_column][vc_gallery img_size= »full » slides_per_view= »1″ onclick= »none » images= »1805″][/vc_column][/vc_row][vc_row][vc_column width= »1/2″][vc_column_text]

Avel Corre :

« Et après, il y a la post-production, le montage et le travail sur le son. Ça a été une découverte car je n’avais jamais fait de post-production avant. J’ai découvert le montage et j’ai vu qu’on pouvait réécrire son histoire à ce moment-là. Le montage, ça n’est pas seulement mettre bout-à-bout des morceaux d’images. Ce qui est important et plaisant, c’est de chercher à réécrire l’histoire avec les scènes captées pendant le tournage. C’est une seconde écriture, tu peux faire ce que tu veux et je trouve que je n’ai pas assez exploré cette partie-là pour mon premier film. J’espère que je pourrais aller plus loin dans ce domaine pour le deuxième et expérimenter un peu plus mais ça demande du temps.

Ensuite, j’ai découvert le travail sur le son, ça n’était pas mon univers, c’est très technique mais l’aspect montage du son m’a bien plu. Et pour finir l’étalonnage ; ça, je connais bien. Tu vois, quand tu fais des photos et que tu utilises Photoshop pour retravailler tes images… l’étalonnage, c’est la même chose pour la vidéo, tu ajoutes un ton aux images.»

[/vc_column_text][/vc_column][vc_column width= »1/2″][vc_column_text]

Avel Corre :

« Ha goude e vez ar post-produiñ, ar frammañ hag al labour war ar son ivez. Dizoloet ‘m eus an dra-se peogwir ne’m boa morse graet ar post-produiñ a-raok. Dizoloet ‘m eus ar frammañ ha gwelet ‘m eus e oa posubl adskrivañ e istor d’ar mare-se. Frammañ n’eo ket lakaat tammoù skeudenn asambles nemetken. Ar pezh a zo a-bouez ha plijus eo klask adskrivañ an istor gant an tammoù am eus paket war ar filmañ.Un eil skrivadur eo, gallout a rez ober ar pezh ‘z peus c’hoant ha war an dra-se ne’ me eus ket klasket a-walc’h war ar film kentañ d’am sonj. Spi ‘m eus war an eil e c’hellin mont muioc’h e-barzh ar bed-se hag adklask muioc’h a draoù met goulenn a ra amzer.

Goude ‘m eus dizoloet al labour war ar son, ne oa ket va bed penn-da-benn, teknik-kenañ e oa met ase on bet plijet gant frammañ ar son. Ha evit echuiñ e oa ar c’heitañ hag an dra-se a anavezan mat. Gwelout a rez pa rez fotoioù, pa implijez Photoshop evit adlabourat da skeudennoù, ar c’heitañ eo ar memes tra evit ar video, e lakaez ul liv d’az skeudennoù. »

[/vc_column_text][/vc_column][/vc_row][vc_row][vc_column][vc_gallery img_size= »full » slides_per_view= »1″ onclick= »none » images= »1801″][/vc_column][/vc_row][vc_row][vc_column width= »1/2″][vc_column_text]

TOST – Tu aimerais faire un long métrage un jour ?

Avel Corre :

« Oui, j’ai déjà une histoire. En français cette fois-ci. Quand tu es bilingue, c’est comme ça, je crois. Quand tu as deux langues maternelles, il y a des choses que tu imagines dans une langue et d’autres choses dans une autre langue.

Il y a deux ans, je suis allé tester mon histoire au Groupe Ouest **. Je crois que c’était au cours d’une semaine « De l’idée au scénario » ou quelque chose comme ça. Un échange entre dix, douze personnes, chacun venait avec son histoire et avançait dessus pendant une semaine.Je sais déjà avec qui j’ai envie de travailler pour la lumière, la musique et les décors parce que, quand j’imagine l’histoire, tout ça est déjà dedans. C’est comme ça que je démarre parce que, comme je te le disais, je ne sais pas écrire une histoire alors je viens avec une ambiance.

Par exemple, pour ce long métrage, tout a commencé avec une chanson de Dominique A « Vers le bleu ». Je ne sais pas si c’est ce qu’il racontait mais moi, j’ai imaginé l’histoire de deux frères, à Brest, au cours d’une nuit, dans le monde de la musique et des bars. Après, il faudra écrire l’histoire autour de ça mais ce sera dans cet univers.

J’espère que j’y arriverai mais ce n’est pas facile de faire un long métrage, je ne sais pas combien de projets naissent pour qu’au final, peu de films voient le jour à la fin de l’année. Je ne sais pas, peut-être que d’ici dix ans, je réussirai à faire mon film.»[/vc_column_text][/vc_column][vc_column width= »1/2″][vc_column_text]

TOST – C’hoant ‘z pefe ober un film hir un deiz bennak ?

Avel Corre :

« Ya, un istor am eus. E galleg ar wech-mañ. Pa ‘z out divyezhek e vez e-giz-se d’am soñj. Gant div yezh vamm ez eus traoù e ijinez e-barzh ur yezh ha traoù all e-barzh ur yezh all.

Aet e oan daou vloaz zo da destiñ va istor e « le Groupe Ouest »**. Ur sizhunvezh « De l’idée au scénario » e oa d’am soñj pe un dra bennak e-giz-se. Un eskemm etre dek , daouzek den, pep hini a zeue gant e istor ha mont a rae war-raok e-pad ur sizhunvezh.

Gouzout a ran dija gant piv ‘m eus c’hoant labourat war ar gouloù, war ar sonerezh ha war ar c’hinklañ peogwir pa ijinan an istor emañ an traoù-se e-barzh ennañ dija. Kregiñ a ran e-giz-se peogwir, ar pezh a lavaren dit, n’ouzon ket skrivañ un istor neuze dont a ran-me gant an aergelc’h. Da skouer, evit ar film hir-mañ on kroget gant ur sonerezh gant Dominique A « Vers le bleu ». N’ouzon ket hag-eñ e oa se e oa o kontañ met me ‘m eus ijinet istor daou vreur, e Brest e-pad un nozvezh, e-barzh bed ar sonerezh, e-barzh an ostalerioù sonerezh. Goude e vo ret skrivañ an istor tro-dro an dra-se met ar bed eo an dra-se.Spi ‘m eus e teuin a-benn met n’eo ket aes ober filmoù hir, n’ouzon ket pet raktresoù zo hag a-benn ar fin n’eus ket kement-se a filmoù e fin ar bloaz. N’ouzon ket, marteze a-benn 10 bloaz e teuin a-benn d’ober va film.»

[/vc_column_text][/vc_column][/vc_row][vc_row][vc_column][vc_gallery img_size= »full » slides_per_view= »1″ onclick= »none » images= »1793″][/vc_column][/vc_row][vc_row][vc_column width= »1/2″][vc_column_text]

TOST – Quels sont les films qui t’influencent ?

Avel Corre :

« J’aime les réalisateurs Wong Kar Wai et Hou Hsiao Hsien ; son dernier film s’appelle « The assassin », il a aussi fait « Millenium mambo » et « Three times ». J’aime beaucoup le cinéma de Nuri Bilge Ceylan, les films de Jim Jarmush, comme « Only lovers left alive »… et David Lynch.»

TOST – Qu’est-ce qui te plaît dans ces films ?

Avel Corre :

«Ces réalisateurs sont intéressés par les histoires mais ils créent un lien fort entre l’ambiance et les histoires. Pour eux, l’image est primordiale et quand je dis l’image, je parle des décors, de la lumière, de la caméra, du maquillage, des costumes aussi, tous ces éléments. L’image de manière générale est une part de l’histoire et c’est ça qui me plaît.»

TOST – Y a-t-il un lieu dont tu te sentes particulièrement proche en Bretagne ?

Avel Corre :

«Les Monts d’Arrée. Pour toutes les raisons que je t’ai données. Je pense qu’il y a quelque chose, comme une énergie qui vient soit du ciel, soit de la terre, je ne sais pas trop mais il y a quelque chose de particulier, une énergie qui vient de ce lieu. Je ne suis pas le seul à penser cela. Pour beaucoup de personnes, il y a quelque chose de ce genre dans les Monts d’Arrée.»

[/vc_column_text][/vc_column][vc_column width= »1/2″][vc_column_text]

TOST – Gant peseurt filmoù e vezez levezonet ?

Avel Corre :

« Ar sevenerien a blij din eo Wong Kar Wai ha Hou Hsiao Hsien, e film diwezhañ e oa « The assassin », graet en deus « Millenium mambo » ha « Three times »ivez. Plijout a ra din kalz sinema Nuri Bilge Ceylan, filmoù Jim Jarmush, da skouer « Only lovers left alive »… ha David Lynch ivez.»

TOST – Petra a blij dit e-barzh o filmoù ?

Avel Corre :

« Ar sevenerien-se a zo tud dedennet gant an istorioù met liammañ a reont kalz an aergelc’h gant an istorioù. Evito eo a-bouez-kenañ ar skeudenn ha pa lavaran ar skeudenn eo ar c’hinklañ, ar gouloù, ar c’hamera, al livaj, an dilhad ivez, holl an traoù. Ar skeudenn dre vras a zo ul lodenn eus an istor hag an dra-se eo ar pezh a blij din.»

TOST – Hag-eñ en em santez tost-tre ouzh ul lec’h e Breizh ?

Avel Corre :

« Ar Menezioù Are. Evit holl ar pezh em eus lâret dit a-raok. D’am soñj eo peogwir ez eus un dra bennak evel ur seurt nerzh a zeu pe eus an oabl pe eus an douar, n’ouzon ket re met bez’z eus un dra bennak ispisial, ur seurt nerzh a zeu eus al lec’h-se. N’on ket va-unan o soñjal an dra-se. Evit kalz a dud ez eus un dra e-giz-se e-barzh ar Menezioù Are.»

[/vc_column_text][/vc_column][/vc_row][vc_row][vc_column][vc_gallery img_size= »full » slides_per_view= »1″ onclick= »none » images= »1802″][/vc_column][/vc_row][vc_row][vc_column width= »1/2″][vc_column_text]

TOST – Y a-t-il des gens qui t’inspirent ?

Avel Corre :

« C’est difficile de choisir mais je dirais Le Groupe Ouest**. Ils ont fait quelque chose de très fort, parce que ce n’était pas gagné de faire ce qu’ils ont fait au départ, en Finistère.
Ils ont demandé des aides pour créer cette maison, ils ont pris contact avec le monde du cinéma à Paris et on leur a répondu : « Mais pourquoi voulez-vous mener un projet de ce genre, perdus au fin fond du Finistère ? » Alors, ils ont contourné Paris et sont allés voir ce qui se faisait dans le monde autour de l’écriture de scénarios. Ils sont allés voir Torino Film Lab à Turin, ils sont allés voir en Angleterre et à Toronto aussi. »

«Ils ont avancé petit à petit, parce que ça prend du temps. Entre le moment où quelqu’un arrive avec une idée et le moment où on peut voir le film sur les écrans, il y a souvent cinq, six, dix ans parfois.
Trouver une idée, écrire l’histoire, trouver le financement, faire le film et parfois entre le tournage et la diffusion en salles, il se passe un an… ça prend du temps.
Et donc, après six, sept ans, on a commencé à voir des films qui ont été bien accueillis par le public. Et là, c’est le CNC qui est revenu les voir en leur disant : « On ne peut pas vous laisser comme ça, il faut vraiment vous aider ! »

«Je trouve ça très intéressant. Le Finistère est le département où l’on compte le plus grand nombre d’associations en France, il y a de tout, du sport, des dominos ou je ne sais quoi d’autre mais le Finistère, c’est un lieu loin de tout et les gens savent faire les choses par eux-mêmes et ça, c’est une énergie qui me plaît.»

* Prix de l’avenir de la langue bretonne, catégorie « Audiovisuel » – Prizioù 2015
** Le Groupe Ouest accompagne les auteurs au développement de leur scénario et soutient le cinéma indépendant en Bretagne.

Merci à Avel Corre de nous avoir fait visiter les coulisses de son métier. TOST Magazine souhaite bon vent à ses projets et espère être toujours présent pour la sortie en salles de son long métrage… rendez-vous dans dix ans ou peut-être avant !

[/vc_column_text][/vc_column][vc_column width= »1/2″][vc_column_text]

TOST – Hag-eñ ez eus tud a vezez awenet ganto ?

Avel Corre :

« Diaes eo dibab met lavarout a rafen « Le groupe Ouest ». Graet o deus un dra bennak kreñv-kenañ, peogwir ne oa ket gounezet ober an dra-se e Penn-ar-Bed e penn kentañ. Goulennet o deus sikourioù evit sevel an ti-se, aet int da welet tud e bed ar sinema e Paris ha lâret e oa bet dezho : « Met perak ho peus c’hoant ober un dra bennak e-giz-se kollet e foñs Penn-ar-Bed ? » Neuze, lammet o deus Paris hag aet int da welet ar pezh a veze graet er bed war ar skrivañ senario, aet int da welet Torino Film Lab e Turin, aet int da welet e bro-Saoz hag e Toronto ivez. »

« Aet int war-raok e-giz-se tamm ha tamm peogwir e kemer amzer. Etre ar mare ma teu un den gant ur mennozh hag ar mare ma vez gwelet ar film war ar skrammoù, alies e vez pemp, c’hwec’h, dek vloaz a-wechoù.
Kavout ur mennozh, skrivañ an istor, kavout an arc’hant, ober ar film hag a-wechoù etre ar mare ma vez filmet hag ar mare ma vez gwelet war ar skramm e vez ur bloaz… kemer a ra amzer.
Ha neuze, goude c’hwec’h, seizh vloaz, kroget eo bet da welet filmoù a zo bet degemeret mat gant ar publik. Hag aze eo ar CNC a zo deuet en-dro da welet anezho o lavarout « Ne c’hellomp ket lezel ac’hanoc’h e-giz-se, ret eo deomp sikour ac’hanoc’h ! 
»

« Kavout a ran an dra-se dedennus-kenañ. Penn-ar-Bed eo an departamant e-lec’h ma vez ar muiañ a gevredigezhioù e bro-C’hall, a bep seurt traoù, sport hag all, domino pe n’ouzon ket met Penn-ar-Bed a zo ul lec’h pell eus pep tra hag an dud a oar ober an traoù o-unan memestra, an dra-se a zo un nerzh a blij din.»

Trugarez da Avel Corre da vezañ diskouezet deomp kostezioù e vicher. Hetiñ a ra dezhañ ar gelaouenn Tost chañs vat evit e raktresoù ha spi hon eus e vo bev ar gelaouenn c’hoazh pa vo skignet war ar skrammoù e film hir… emgav a-benn dek bloaz pe abretoc’h marteze !

[/vc_column_text][/vc_column][/vc_row][vc_row][vc_column][vc_single_image image= »1820″ img_size= »wvc-XL » full_width= »1″ onclick= »custom_link » opacity= »100″ title= »Court-Métrage d’Avel Corre – « L’inconnu me dévore«  » link= »url:http%3A%2F%2Fwww.kinou.fr%2Fvideo%2Flinconnu-devore-short-film%2F|title:Voir%20%22L’inconnu%20me%20d%C3%A9vore%22%20R%C3%A9alisation%20%3A%20Avel%20Corre%20-%20Production%20%3A%20Tita%20Productions%20|target:%20_blank| »][vc_column_text]

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Interview d’Elfenn Quemener & photos de Guillaume Prié

#TostMagazine #TostHaTost[/vc_column_text][/vc_column]

Nicolas Cloteaux, agitateur de ressources humaines

 

Nicolas Cloteaux, agitateur de ressources humaines

Rencontre avec Nicolas Cloteaux coach sportif et fondateur de LâchezPrise à Quimper.
Combien de temps passons-nous au travail ? Suffisamment pour souhaiter que ni notre bien-être, ni notre santé ne soient mis en péril par notre activité professionnelle.
A l’ère de la compétitivité et de la performance à tous prix, certaines entreprises, de plus en plus nombreuses, prennent conscience de l’importance de prendre soin de leurs collaborateurs. C’est dans ce contexte et pour les accompagner dans leur démarche que Nicolas Cloteaux a fondé la société LâchezPrise.
Son projet : proposer des activités sportives pour prévenir ou soulager les problèmes de santé liés au travail, réapprendre la cohésion et remettre l’humain au cœur de l’entreprise. Il nous donne l’occasion d’interroger la place du travail dans nos vies et de retrouver un équilibre.

TOST – Le sport a toujours eu une place importante dans ta vie. Quel a été ton parcours avant la création d’entreprise ?

Nicolas Cloteaux – LâchezPrise :

« L’école ne me plaisait pas plus que ça, je n’avais pas de difficultés à apprendre mais je m’ennuyais ferme. Je suis parti à Rennes faire du judo en sport études quand j’avais quinze ans et j’ai su dès la première année que je voulais devenir éducateur sportif.

Travailler avec des plus jeunes et transmettre ma passion, c’était important pour moi.

Après un Brevet d’État judo pour pouvoir enseigner, je suis resté cinq ans à Poitiers comme éducateur sportif. Mais la Bretagne me manquait. Alors, j’ai postulé, déposé des cv et bizarrement, ça a répondu à Quimper. Pour la petite histoire, avec ma femme, on voulait s’installer dans le Finistère Sud à la retraite. On aimait bien Quimper, l’Ile Tudy. On se disait qu’on viendrait quand on serait vieux. »

Pendant quinze années, Nicolas a enseigné le judo à Quimper et à Douarnenez. Il a contribué à faire du Dojo de Cornouaille un club formateur reconnu, il a développé des activités telles que le taiso, le self-défense et a accompagné de nombreux judokas en compétition jusqu’aux titres nationaux.
Puis, l’envie d’un nouveau challenge s’est fait sentir. Nicolas a imaginé son activité en cohérence avec sa passion et les valeurs que la pratique du sport à haut niveau lui a enseigné.

« Mon passé de judoka – tout ce que j’ai appris ou que mon corps a intégré depuis que je suis gamin –  me sert parce qu’entreprendre, ce n’est pas facile. On prend des coups et il faut savoir se relever.

Le judo, c’est beaucoup de rigueur. Pour monter une entreprise, si tu n’es pas rigoureux, ça ne colle pas. Et, comme au judo, il faut aussi prendre des risques. Si tu ne le fais pas, tu ne peux pas gagner. Si tu ne fais qu’assurer tout le temps, il ne se passe rien. »

TOST – Qu’est-ce qui te plaît dans le fait d’être entrepreneur ?

Nicolas Cloteaux – LâchezPrise :

« Ne pas toujours faire la même chose… Rencontrer du monde…

Ce qui me plaît, en fait, c’est de me lever le matin avec un objectif et bosser pour l’atteindre. »

« C’est peut-être ça qui manquait à mon équilibre, à un moment donné, dans mon travail. Quand j’ai arrêté la compétition, j’ai eu un moment de flottement. Je me réveillais le matin et je ne savais plus à quoi je servais. Pendant un temps, j’ai retrouvé ma place avec des défis sportifs, des marathons. Mais rapidement, ça ne suffisait plus. Et puis, ça prenait trop de place dans ma vie.

Depuis petit, j’ai toujours eu envie d’entreprendre mais je ne trouvais pas trop d’idées. Et puis, j’ai fait un constat : j’ai parfois réussi à relancer des gens qui n’étaient pas très bien au travail en les raccrochant à une activité sportive. »

C’est ainsi que l’entreprise LâchezPrise a vu le jour, en septembre 2017, avec un double objectif.

«J’ai un projet immédiat : développer mon activité autour de :

  • la prévention des risques psycho-sociaux, parce qu’on ne peut plus pressuriser les gens comme on le fait maintenant,
  • la prévention des TMS (troubles musculo-squelettiques) parce qu’il y a trop de personnes qui en souffrent et qui ne trouvent pas de solution
  • et la cohésion en entreprise parce que je trouve que c’est important.

Et puis, le projet que je voudrais développer après, c’est permettre aux gens de découvrir la Bretagne et le Finistère Sud en particulier. Je veux organiser des séjours pour les particuliers autour de leur passion, plutôt sportive si possible parce que je sais ce dont les gens ont besoin pour assouvir leur passion, ce qu’ils attendent. »

Toutes les activités de LâchezPrise sont des occasions de lutter contre la sédentarité et de se déconnecter de la routine. Mais, la réflexion de Nicolas va plus loin : ce qu’il veut, c’est améliorer la vie des salariés au quotidien en créant du lien et des valeurs communes au sein de l’entreprise.

« L’activité qui fonctionne le mieux actuellement, c’est Breizh Lantek, une version finistérienne de Koh Lanta. Je travaille la cohésion en dehors de l’entreprise. Je n’invente rien, ce sont des choses qui existent déjà mais personne ne le fait ici.

Je fais aussi de la cohésion de combat au cours de stages de judo, de self-défense ou de gouren. Je fais des jeux d’opposition comme avec les enfants, ou des choses un peu plus techniques selon le niveau du groupe.

A travers la compétition, ce qui est intéressant, c’est de créer une émulation autour de la tâche à effectuer. De toutes façons, dans l’entreprise, les gens ont un projet commun. Ce que je veux développer, c’est l’esprit de corps. On voit bien, dans les équipes de foot célèbres, les joueurs qui sont bons mais qui ne jouent pas ensemble. L’esprit de corps, c’est développer des valeurs autour d’un objectif commun.

Et puis, je propose aussi des activités qu’on ne trouve pas ailleurs parce que l’idée me semble bonne. Comme la batucada*, par exemple. Sur une matinée, l’intervenant apprend au groupe à jouer un morceau assez simple aux percussions. Le but de l’activité, c’est d’écouter les autres, de jouer avec les autres. Tu ne prends pas forcément de décisions mais tu es obligé d’être raccord sinon ça ne fonctionne pas. Je ne suis pas musicien, mais par contre je le propose et j’ai trouvé quelqu’un qui le fait parce que je sais que des gens recherchent ce genre d’activités.

Dans la même idée, j’ai trouvé un intervenant qui fait du chien de traîneau. Selon le niveau du groupe, ce sera plutôt de la cani-randonnée ou du cani-trail, avec une ceinture et une longe et il faut diriger le chien à la voix. »

« Ce sont des activités que tu ne fais pas tous les jours, tu vois tes collègues dans une situation où tu ne les imaginais pas forcément. En plus de créer des souvenirs, ça permet vraiment de renforcer la cohésion. »

Nicolas voit plus loin encore, il envisage le sport comme un excellent révélateur de compétences. Au cours d’une séance, il alterne les activités pour mettre en valeur la combativité, l’endurance ou la capacité à collaborer de chacun.

« Si je fais une activité de marche avec bâtons, par exemple, je vais faire des exercices de cohésion. Marcher par deux, attachés ou guider l’autre, les yeux bandés. J’alterne avec une petite course ou un peu de self-défense pour voir qui a du répondant. Je travaille beaucoup comme ça. »

« On pourrait recruter les gens en faisant des activités sportives parce qu’on s’aperçoit de plein de choses, on voit qui peut prendre du leadership, on peut voir qui communique, qui analyse. Ça révèle les qualités de chacun.

Ça peut permettre aussi de placer les personnes à des postes plus adaptés par rapport à ce qu’on a pu voir à travers le sport, parce qu’ il n’y a pas de tricherie. Tu vois vraiment comment sont les gens. »

Son dernier projet en date, en partenariat avec la Maison du Patrimoine de Quimper, est le « Run in Breizh » : un parcours de course à travers la ville, parsemé d’étapes pour découvrir des anecdotes sur les quartiers historiques.

« C’était un essai pour voir si ça plaisait. Mais, ça va être reconduit. On va visiter, courir dans des lieux insolites de Quimper, entrer dans des bâtiments.

Je vais sans doute proposer des jours fixes dans la semaine : un petit circuit, un grand et une session nocturne et après, selon mon emploi du temps, à la demande avec des groupes de particuliers ou des entreprises. Et puis, ça s’appelle «  Run in Breizh » mais on peut le faire en marche rapide. Sur le petit circuit, on pourrait imaginer faire ça en trottinette aussi, je peux décliner. »

TOST – Les deux premières sessions ont eu lieu à Quimper. Penses-tu étendre le concept à d’autres villes ?

Nicolas Cloteaux – LâchezPrise :

« Pour l’instant, je me concentre sur Quimper parce qu’il y a déjà un gros travail de préparation. Il a fallu que j’apprenne plein de choses mais j’ai toujours aimé l’histoire. Je n’ai pas trop aimé l’école mais l’histoire, c’est une des matières que je préférais.

Après, oui, j’aimerais bien développer l’idée : courir en ville à Quimper, au bord de la mer à Concarneau, ville d’Art et d’Histoire et dans les terres à Locronan. »

TOST – Pourquoi avoir créé ton entreprise dans le Finistère ?

Nicolas Cloteaux – LâchezPrise :

« Le Finistère Sud se prête très bien aux activités que je propose : il y a des plages, des falaises…

Il y a tout ici. Enfin, il y a tout et il n’y a rien. Il y a tout parce qu’il y a beaucoup de lieux à découvrir. En regardant certaines photos, on se croirait à l’autre bout du monde alors qu’on est à dix kilomètres de la maison.

Et puis, il n’y a rien parce que ce que je propose n’existait pas. C’est dommage, il fallait que quelqu’un le fasse. On ne va pas dire qu’on est sur du plein emploi en Finistère mais dans l’ensemble, il y a quand même beaucoup de gens qui y travaillent mais il n’y a encore rien pour qu’on s’occupe des salariés et des chefs d’entreprise. »

TOST – Tu as baptisé ton entreprise « LâchezPrise – Agitateur de souvenirs ». Quelle est ta définition du « lâchez prise » ?

Nicolas Cloteaux – LâchezPrise :

« Si on parle de l’entreprise, lâcher prise, c’est réussir à souffler un peu. Si on parle des séjours, l’idée c’est que les gens profitent pleinement de leur séjour et construisent des souvenirs. D’où la punchline « Agitateur de souvenirs ». Et c’est aussi un clin d’œil au judo, on prend, on lâche.

Les gens comprennent tout de suite à quoi ça va servir, avec leur propre définition qui n’est pas forcément la mienne. L’idée c’est d’accrocher les gens, qu’ils se posent des questions sur ce que je propose, pour créer du dialogue.

Après, moi, je propose des outils. Je ne dis pas que ce sont les seuls, ce sont des outils parmi tant d’autres. Les activités physiques, ça ne correspond pas à tout le monde. Mais, les entreprises se rendent compte de plus en plus que les gens qui sont sportifs sont moins malades. Comme ils sont moins malades, ils sont moins absents et s’ils sont moins absents, l’entreprise marche bien. »

TOST – Et toi, comment fais-tu pour lâcher prise ?

Nicolas Cloteaux – LâchezPrise :

« Le judo fait partie de moi, c’est ma passion. Quand je suis au judo, je suis content. Mais ce qui me fait vraiment lâcher prise, c’est le surf parce qu’il n’y a pas de notion de compétition. Enfin, pas pour moi. J’ai envie de bien surfer mais je sais que je ne serai jamais bon.

C’est inconcevable de me lancer dans quelque chose si c’est mal fait et c’est parfois un peu pesant. Là, si ce n’est pas bien fait, je me relève et je retourne prendre une autre vague.

Et quand je peux le faire en famille, c’est encore mieux. Passer du temps avec mes enfants, c’est primordial. »

TOST – Quel est ton Home Spot préféré ?

Nicolas Cloteaux – LâchezPrise :

« Pour moi, c’est Douarn’ ! Douarnenez, c’est un diamant brut. C’est beau, c’est tranquille, on peut courir, surfer. Et puis, les gens sont vraiment très très attachants.

J’aime bien la baie de Douarnenez en général et la plage de Saint-Hugen, à côté d’Audierne. C’est la plage que je préfère. »

Merci à Nicolas d’avoir fait une pause dans son emploi du temps bien rempli pour partager avec nous sa vision du sport et de l’entreprise. Vous pouvez retrouver toutes les activités qu’il propose sur son site internet www.lachezprise.fr

*La batucada est un genre musical d’origine brésilienne inspiré de la samba, c’est aussi le nom que l’on donne aux groupes de percussionnistes jouant ce style de musique.                 

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Interview d’Elfenn Quemener & photos de Guillaume Prié

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