Julie Gerecht, navigatrice et entrepreneure, hisse les voiles vers le Finistère Sud

Julie Gerecht, navigatrice et entrepreneure, a trouvé son équilibre de vie à la pointe du Finistère sud.

Julie Gerecht a choisi de vivre une vie pleine de projets, ouverte aux autres, remplie de passion et d’aventures. Skipper et entrepreneure, après 10 ans d’expérience dans le sport de haut niveau en voile (elle a participé en équipage aux Jeux Olympiques de 2008) et 10 ans de management en entreprise, elle est devenue consultante en nautisme et propose des programmes sur mesure pour les athlètes et les entreprises. Après toutes ces années intenses à bouger et voyager, elle a eu envie de trouver un lieu où se ressourcer, et c’est en pays Bigouden Sud qu’elle a choisi de s’arrêter, tombée sous le charme des paysages et de la nature, elle y a ouvert un gîte d’étape : le « Bigouden Backpacker ».

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TOST : Peux-tu te présenter aux lecteurs de TOST ?

«J’ai 39 ans, je suis entrepreneure et navigatrice. Ce que j’aime dans la vie, c’est faire des projets et surtout les réaliser. Je suis assez perfectionniste, j’ai pas mal d’idées. Maintenant je travaille avec mes valeurs, celles qui me poussent à l’action et sont ma source de motivation. Je recherche un rythme de vie, je sais maintenant ce que veux. »

« Depuis 5 ans, j’ai fait beaucoup de choses différentes, et maintenant j’ai besoin de simplifier ma vie, de passer du temps sur l’eau, d’aller à l’essentiel. »

« J’ai été Manager pendant plusieurs années d’un centre commercial au Havre, j’ai du arrêter complètement de naviguer, j’étais d’astreinte H24. En bateau je suis dans un autre état d’esprit, celui de l’apaisement. J’apprécie d’être sur l’eau et de prendre mon temps. Aujourd’hui j’ai la chance de concilier bateau avec plaisir.»

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TOST : D’où vient ta passion pour la mer ?

«J’ai commencé à naviguer à l’âge de 7 mois 1/2. Mes parents se sont rencontrés en bateau, dans un club de croisières. Pendant mon enfance, j’habitais dans la région parisienne. On partait chaque été naviguer pendant 1 mois, je passais tous mes mois de juillet en mer. J’ai fait des croisières en Croatie, Italie, Turquie, Antilles… »

TOST-Magazine-credit-Magali-Nouguier-Julie-GERECHT-Lechiagat-La-Torche-Juillet-2018-16TOST : Que représente le bateau, la navigation pour toi ?

« Pour moi un bateau n’est pas un espace restreint mais un espace de liberté. Il y a deux mondes, le monde de la mer et de la terre »

« Enfant lors des croisières en famille, je sortais souvent du bateau pour aller vers les autres et je me faisais des amis partout, armée d’une épuisette ! J’ai appris tôt la richesse des autres et le plaisir de partager des bons moments ; avec ma famille et avec des amis d’escales. Ça fait partie de mes valeurs, la bienveillance, le plaisir de partager des moments simples. J’adorais aussi m’installer dans le balcon avant du bateau et chanter en mer. Dormir sur un bateau, c’est un grand plaisir de marin : se réveiller et entendre le bruit de la mer avec des fois des personnes qui s’activent sur le pont… 

« La compétition, c’est différent, j’y suis venue pour apprendre un maximum, pour passer le plus de temps possible sur l’eau. C’est un milieu difficile, tu traces ta route, ça marche ou pas. Tous mes projets, mes entraîneurs et mes équipiers (ères) m’ont énormément appris techniquement et humainement. »

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« Pour moi la navigation c’est d’être dans le lâcher-prise imposé par la nature, à chaque sortie c’est de l’expérience que j’engrange. Ma motivation intrinsèque c’est de me faire plaisir avant tout, c’est un vrai levier de choix, sur l’eau comme dans ma vie de terrienne. »

«J’essaie, je ne me mets pas de limite, je ne m’arrête pas aux jugements des personnes, j’ai appris à suivre mon instinct. Je suis de nature optimiste, s’il y a un problème, je pense à la solution qu’on va devoir trouver, ça me permet de voir le bon côté des choses, de voir le verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide. Je crois qu’en ayant une posture opportuniste, ça permet de saisir les occasions. »

«Je suis « agile », je supporte l’incertitude. En bateau on est parfois en mode « adaptation » à 500 % ! On fait avec ce qu’on a, on doit prendre des décisions qui peuvent ne pas plaire à tout le monde, mais au fond tu sais d’après ton expérience que c’est la bonne.»

« On doit anticiper en fonction de l’environnement, du vent, on sait que le ventl va tourner, alors on accepte d’aller dans le refus parce que derrière quand le vent tourne, on remonte vite et on « encaisse la paquet ». Quand tu vires, tu passes devant tout le monde, c’est assez jubilatoire.»

« C’est comme dans la vie parfois, il y a des moments où tout va bien, il faut en profiter sans se poser trop de questions, « rester ou se mettre dans le bon sens » et des fois où ce n’est pas top mais tu sais que le vent va tourner, il faut savoir attendre.

« Quand on navigue, on est aussi dans la gestion des risques. J’essaie toujours d’être franche, honnête et en droite ligne avec moi-même.»

TOST : 10 ans de haut niveau en voile, les Jeux Olympiques et tes études supérieures, ce fut une période intense ?»

« J’ai fait une dizaine d’années en haut niveau en voile : championnats de France, du Monde, compétitions internationales, régates, courses au large, première femme de la section voile de haut niveau, puis participation en équipage aux Jeux Olympiques de Pékin, en 2008. J’ai aussi suivi une formation en économie et en marketing et Master Sport Santé Société, spécialité préparation mentale de sportif. À un moment, j’ai voulu arrêter et privilégier la fluidité de vie, c’est le luxe pour moi, c’est un vrai choix que j’ai fait. J’étais hyper ronde dans un monde carré, c’était pas tout le temps facile à vivre. »

« J’ai beaucoup voyagé pendant cette période de sport de haut niveau, c’était intense. On partait 11 mois par an et j’étais chez moi que quelques jours, il s’est passé une année où j’étais 250 jours sur l’eau.»

«C’était beaucoup de sacrifices. Ça m’a aussi apporté beaucoup, j’ai engrangé de l’expérience, et j’ai également beaucoup voyagé, fait de belles rencontres. J’aime bien partir, voyager, rencontrer d’autres gens et cultures mais aussi revenir chez moi. Aujourd’hui j’apprécie de retrouver ma maison, de me poser et j’apprécie le calme. J’essaye de vivre à un rythme moins soutenu. »

TOST : Tu as maintenant choisi de vivre en Pays Bigouden, quelles sont tes motivations et tes projets ?

« Je m’y sens bien. C’est un coup de cœur. Parce que c’est tranquille, c’est apaisant d’avoir la nature juste à côté, le port et la proximité avec l’océan. Sentir sa présence. J’ai fait ce choix, de manière impulsive à ce moment-là. Je voulais être proche de mon travail quand j’ai voulu ouvrir le Bigouden Backpacker ; l’endroit était vraiment au delà de mes attentes : un jardin clos, le local pour les vélos, la proximité de l’océan, des plages et du port de pêche… »

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« Au début Léchiagat, je ne connaissais pas. J’étais d’abord venue en Pays Bigouden au phare d’Eckmühl à Penmarc’h, c’est le premier endroit où je suis allée en Bretagne, pour une classe de mer en 6° ; je me souviens aussi de Kerity où on s’était baladé. Plus tard, je suis revenue en tant que touriste dans le pays Bigouden, je connaissais quelqu’un qui venait s’y installer. C’est d’abord La pointe de la Torche qui m’a attirée ; c’est un paysage qui m’a émue, il y avait des vagues, du vent, les oiseaux. Venant de Paris, d’aller à la plage tous les jours, c’est une qualité de vie que je n’osais pas imaginer, je ne savais même pas que ça existait ! »

« Je suis complètement consciente de la chance que j’ai tous les jours. Quand je vivais au Havre, je sortais et (presque) tout le monde me connaissait. Ce que j’apprécie en vivant ici dans le Pays Bigouden, c’est de pouvoir sortir librement, d’avoir cette tranquillité, de me sentir en accord avec moi-même et celle que je suis. Le climat est aussi super agréable, il fait souvent beau et il pleut pas aussi souvent que les gens se l’imaginent. L’hiver est rude, mais j’essaie de passer un mois au chaud. »

« En parallèle du gite d’étape Bigouden Backpacker, j’ai créé l’entreprise Sea Sport Training, ici en Finistère Sud, qui valorise le formidable terrain de jeu qu’est le territoire de Cornouaille. Je skippe quelques semaine dans l’année en croisière ou en régate, je donne des cours de conduite de projets au BPJEPS à l’INB de Concarneau et j’interviens comme conseillère sportive au Pôle Course au Large de Lorient. »

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À travers Sea Sport Training, je partage mon expérience de sportive de haut niveau en voile et de manager en proposant des programmes sur mesure pour les sportifs et les entreprises. Sea Sport Training s’appuie sur les compétences et infrastructures locales pour proposer des séminaires, stages, incentives, conférences, séjours incluant des prestations à la carte : préparation mentale et physique, coaching, diététique, récupération, cohésion d’équipe, lâcher-prise, gestion des risques, et bien sûr des activités de pleine nature dans un cadre préservé proche de l’océan sur le littoral Bigouden… J’aime travailler en équipe, de manière constructive et bienveillante.»

TOST : Cette passion pour l’océan, qu’est-ce qu’elle t’apporte ?

«J’aime être sur l’eau, je me sens trop bien en mer, si tu me dis demain tu pars vivre sur un bateau, je pars illico ! Je me sens plus à l’aise en mer que sur Terre. »

« Quand tu es skipper, tu barres ou pas, tu organises le bateau, le but est que les passagers apprennent à bord, s’entraident, s’entrainent et puissent régater. On peut faire une régate avec un skipper, c’est accessible au plus grand nombre. Des gens qui ne savent pas naviguer se retrouvent sur un départ de course et vivent des moments forts. C’est excellent de partager tout ça ensemble, c’est marquant, ça casse les barrières. »

« Je participe aussi à différents projets. Entre autre je pars chaque année au mois de Juin en Méditerranée avec une équipe de 6 skippers pour l’association « Rêves d’Enfants » qui a été créée par des étudiants d’HEC. C’est à chaque fois un moment très fort avec ces enfants en rémission de cancer à bord du bateau. On partage avec eux la vie sur le voilier, c’est une école de la vie, en mode « très intense ».  L’objectif est d’assurer la sécurité et de partager avec eux ma passion d’être sur l’eau et de les rendre heureux ; on ne fait qu’apporter une touche dans leur rétablissement mais je suis ravie d’y participer !»

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TOST : Quelle est ta devise ?

« Être en harmonie avec moi-même et avec la nature. »

« Un jour j’ai croisé une baleine au large du Portugal, elle a longé la coque du bateau, s’est retournée et m’a regardée. J’étais dans son monde, j’ai senti qu’elle m’observait et que je l’intriguais. J’aime me retrouver dans cette position où la nature est là, présente, omnisciente, on est simplement des invités chez elle. »

TOST : Quel est l’endroit dont tu te sens la plus proche (TOST) ?

« Je dirai l’archipel des Glénans, île de Penfret. C’est un endroit symbolique, où j’ai passé mes monitorats et beaucoup de mes vacances de parisienne. J’y ai vécu de bons moments et j’y ai de beaux souvenirs. J’y vais régulièrement. C’est un lieu magnifique, à la fois brut et sauvage où je me sens bien. Là-bas j’ai tout et j’ai rien, j’ai besoin de rien d’autre.

« À Léchiagat, je vais à la plage qui est juste au bout de la rue, je respire, je me détends, je me ressource, je  marche pieds nus  dans le sable, ça me suffit pour me sentir bien. Je me pose et j’évacue, je me sens plus légère. Ici je « m’ancre », c’est ce que je ressens en vivant ici.»

TOST : As-tu un lieu et une personne à nous recommander  ?

« Pour le lieu je recommanderai les Étocs, au large du Guilvinec et Penmarc’h. Il suffit de partir en mer, pas très loin, à une dizaine de minutes du port de Léchiagat, pour se retrouver complètement immergé dans le milieu marin, voir les animaux sauvages, les phoques, à l’état naturel et sauvage.»

« Une personne qui m’inspire : Alix Levain, c’est une de mes meilleures amies. Elle est éco-antropologue et ethnologue et chargée de recherche au Département Hommes, Natures, Sociétés du Muséum National d’Histoire Naturelle à Paris. Elle étudie entre autre la prolifération des algues vertes en Bretagne et son impact sur l’environnement littoral, avec une vision sociale. Elle fait le lien entre la mer et la terre. On partage la passion pour le bateau. C’est un ange descendu sur Terre. C’est une fille ultra sérieuse et bienveillante. Elle fait des choses complexes et arrive à l’expliquer simplement avec un regard différent. C’est une personne discrète qui fait des choses extraordinaires. »

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Sur la toile

SEA SPORT TRAINING

sea-sport-training.com

Gîte d’étape à Treffiagat-Léchiagat « BIGOUDEN BACKPACKER »

bigouden-backpacker.fr

Facebook : Bigouden-Backpacker

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Interview & photos de Magali Nouguier
Instagram @magnoug

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Alena Ehrenbold : des montagnes Suisses à l’océan Atlantique, elle veut vivre ses passions à fond !

Alena Ehrenbold : des montagnes Suisses à l’océan Atlantique, elle vit ses passions à fond !

Alena est une « fille de l’eau », un peu bohème, un peu poète, un peu sirène, elle a grandi au bord du Lac de Lucerne au pied des montagnes suisses. Elle a choisi de devenir surfeuse après avoir appris « sur le tard » à dompter les vagues, puis a voulu en faire son métier car passionnée et douée. Elle a découvert récemment les vagues et les paysages du Finistère, qui est devenu un nouveau pied à terre…Alena aime aussi raconter des histoires autour de sa passion qu’elle partage avec tous à travers la réalisation de films et court-métrages.

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Alena m’avait donné rendez-vous à la pointe du Raz, dans l’atelier-café-boutique « Monsieur Papier », situé au bout du monde, dans l’ancien Relais de l’île de Sein d’où partait depuis le petit port le bateau qui faisait les liaisons avec l’île de Sein dans les années 50. Ce jour-là, c’était un temps bien breton, dehors, le vent et le crachin qui rougissaient nos joues, nous ont poussées à nous abriter à l’intérieur.

Nous nous sommes installées confortablement autour d’un cappuccino, sur une table située derrière les baies vitrées de la véranda de l’atelier, avec une vue imprenable sur l’océan et la lande. Ce n’est pas un hasard si Alena m’a invitée à la rejoindre dans ce café situé à la pointe du Finistère, Alena est ici dans son élément, nous sommes en effet entourées de créatures marines : poissons, phares, crabes, coquillages, bateaux, et autres curiosités en tous genres qui prennent vie imprimés sur le papier des carnets, livres, affiches, et déco, vendus dans la boutique des deux créatrices du lieu.

TOST – Peux-tu te présenter aux lecteurs de TOST ?

« Je m’appelle Alena, je viens de Suisse et je suis free-surfeuse. J’écris aussi des articles et des scripts de films, que je produis et que je réalise. Je voyage aussi beaucoup, je pourrais presque dire que je suis une « nomade-professionnelle ».

TOST – Tu as grandi près des montagnes en Suisse, qu’est-ce qui t’as attiré vers l’océan ?

« J’ai grandi à Lucerne, près du lac, au milieu des montagnes enneigées. J’ai ensuite obtenu un master en économie à l’université de Zurich, puis je suis devenue professeur en droit et en économie au lycée et dans une école pour adultes en reprise d’étude, à Lucerne. Il y a 3 ans et demi, j’ai tout lâché et je me suis permise d’essayer de vivre à plein temps comme surfeuse professionnelle et directrice de films, mes deux passions. »

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TOST – Comment t’es-tu mise au surf et que représente le surf pour toi ? Que t’apporte-t-il dans ta vie ?

« Avant de surfer, j’étais déjà sportive, je faisais de l’athlétisme et du karaté à haut niveau. J’ai aussi toujours passé du temps près de l’eau, c’est mon élément. Mes parents allaient au lac de Lucerne et on voyageait beaucoup. »

« La mer me fascinait déjà avant de commencer à surfer. J’ai grandi en ville, mais j’aimais partir à l’aventure. Depuis toute petite, j’aime être au bord de l’océan, proche de la nature, c’est à la fois apaisant et ressourçant, c’est « méditatif », ce côté-là me plait beaucoup. Tu te sens en lien avec la nature, tu te déconnectes de tes préoccupations quotidiennes.»

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« C’est quand j’ai rencontré mon copain de l’époque, qui était passionné de surf que j’ai découvert ce sport. J’avais le choix : aussi essayer de surfer ou attendre sur la plage, et je ne suis pas du style à rester passive, je préférais aller à l’eau, même si au début ça n’était pas facile ! C’est comme ça qu’à 21 ans, j’ai pris un cours de débutant de surf au Portugal, ça m’a beaucoup plu. »

« De retour en Suisse, il n’y avait pas de vagues ^^ ! J’avais toujours cet objectif, pendant mes études, dès que j’avais du temps et assez d’argent, je partais surfer. Pendant 5 ans j’ai fait comme ça, je voulais progresser, car je faisais partie d’un groupe d’amis qui surfaient à un bon niveau, et je courais toujours après eux, pour rattraper leur niveau. Ils me motivaient et étaient exigeants. Quand nous partions en Italie ou en France pour le weekend ou pour quelques jours, ils étaient cash : « tu peux venir mais tu fais pas ‘’iech‘’ ». J’avais intérêt à progresser ! Finalement, j’ai obtenu mon diplôme de Master en Économie et le diplôme pour enseigner. J’ai eu donc les moyens de voyager plus souvent. »

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« J’ai pu aller dans d’autres pays, rencontrer d’autres surfeurs et m’en inspirer. Je partais avec une ou deux planches, une combinaison et une valise. J’étais seule à surfer, et je n’avais pas beaucoup d’amis qui pouvaient m’accompagner, du coup je voyageais souvent seule. C’était inhabituel pour moi au départ car je n’étais pas vraiment indépendante, je faisais souvent les choses à plusieurs, en famille ou entre amis.»

« Ça m’a poussée à me prendre en main si je voulais atteindre mon objectif et atteindre un bon niveau. C’était vraiment l’aventure, je devais me débrouiller toute seule, être autonome, me motiver. Un vrai défi. Cela m’a également permis de m’ouvrir et d’aller vers les autres. »

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« En 2010 j’ai commencé à travailler au lycée comme Professeur d’Économie, c’était mon premier emploi fixe. Quelques fois le directeur de l’école me permettait de prendre des congés supplémentaires d’une ou deux semaines pour partir pour un projet ou pour les compétitions. Et je partais toujours pendant les vacances, j’étais à fond quelques soient les vagues. Ce qui m’a permis ensuite d’entrer dans la Team Nationale de Surf Suisse, de participer aux compétitions et d’avoir des sponsors. J’avais une double-vie de professeur et de surfeuse, et ce jusqu’à mes 32 ans. Le week-end je prenais ma voiture, je partais en direction de l’Italie en hiver, quelque soit le temps. J’ai eu de meilleures planches (pas du tout facile à trouver en Suisse !), de nouveaux sponsors et j’ai ensuite vu une petite chance de pouvoir vivre du surf en tant que professionnelle. »

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TOST – Que penses-tu de l’image de la femme dans le surf ?

« Comme j’ai commencé à surfer très tard, je suis passée par toutes les étapes, depuis le niveau débutante jusqu’au haut niveau. C’est un sport plutôt machiste et archaïque. Encore aujourd’hui je suis souvent la seule fille sur le spot. On commence par me braquer les vagues, je dois montrer que je surfe bien, je dois m’imposer. Quand les conditions sont grosses ou bonnes, c’est souvent chacun pour soi : fille ou garçon, aucune différence. On ne se fait pas de cadeau entre surfeurs, je dois prouver que je suis capable autant qu’un homme sur le pic. Je pense que c’est en train de changer, nous sommes dans une phase de transition. Il y a encore plein d’endroits où les femmes ne s’autorisent pas à surfer. Souvent la culture du surf s’est imposée. Par exemple en Australie et en Californie tout le monde en fait. Les choses évoluent. »

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TOST – Tu es également productrice (Blue Road Surf Film), scénariste et réalisatrice de court-métrages et documentaires, comment t’es venue cette nouvelle passion ?

« Je suis arrivée au film par l’écriture. Avec le surf, j’ai commencé à écrire, ça m’a toujours manqué de ne pas avoir la vidéo. J’avais le texte, les photos, il me manquait l’image animée.»

« J’ai toujours été très rêveuse, l’imagination parle, j’écris, je visualise des choses et des idées. Et j’ai envie de les partager à travers mes films. »

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TOST – Comment choisis-tu ton équipe de réalisation, comment est-elle constituée ?

« Comme je ne suis pas trop « technicienne », j’ai cherché des professionnels. J’ai réalisé « I WANNA SURF » le premier film sur la communauté surf de Suisse. On est parvenu à réunir l’argent, on a fait un crowdfunding. J’étais plutôt productrice que réalisatrice.
Et j’ai ensuite écrit mon premier script avec « BLUE ROAD ». Sur ce film, il y avait 4 monteurs et cameramen/women. J’étais réalisatrice et j’ai pu m’exprimer davantage. Et encore plus avec « TAN ». Sur ce dernier film, j’ai travaillé avec Yohann Strullu (blackpixels.fr). C’est une relation de travail qui marche très bien. J’apprécie énormément son travail et son esprit, nous sommes une bonne team.»

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TOST – Que souhaites-tu transmettre à travers tes films ?

« Pour « BLUE ROAD » je me suis intéressée à la question de l’importance de la passion dans une vie. Je me suis rendue compte que je n’étais pas la seule. Je pouvais raconter cette histoire avec d’autres points de vue que le mien. Annabelle Talouarn, Rachel Bonhote et moi étions déjà des copines, ça marchait bien. À travers des portraits authentiques de surfeuses, j’ai voulu proposer une vision personnelle du surf féminin aujourd’hui. »

TOST_Surf_Finistere_Alena_Ehrenbold_©Thomas_Bonderf-6719©Thomas Bonderf

« Pour « TAN » j’ai voulu raconter l’histoire de Robin Goffinet. Robin fabrique des planches de surf (shaper) en Finistère dans la Baie d’Audierne. J’étais une cliente au début, puis nous sommes devenus amis. J’ai voulu raconter son métier, comment il travaille. J’ai écrit un script sur lui. »

« J’ai trouvé intéressant d’apprendre à le connaitre, d’analyser ses valeurs et sa façon de vivre. J’ai passé beaucoup de temps à l’observer, trouver ce qui serait intéressant à raconter, se laisser inspirer par son histoire. Une question s’est posée : comment Robin, tout en étant très sollicité par son métier reste-t-il fidèle à ses convictions et ses valeurs ? Il est aussi question du rapport entre le temps, son métier et sa passion.»

« Je suis contente car ce film a remporté plusieurs récompenses dans le monde, et également dans des Festivals de Film de Surf réputés, aux Etats-Unis, en Australie. C’est un film qui fait écho aux valeurs de nombreuses personnes. »

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©Thomas Bonderf

« Dans le prolongement de la réalisation, je viens de fonder avec des bons amis le Swiss Surf Film Festival (SSFF). C’est un festival qui aura lieu fin avril à Lucerne, en Suisse, où nous allons projeter des productions des quatre coins du monde. Il y aura aussi des expos, un bar, des concerts, des bons petits plats… Le tout, les pieds dans l’eau du lac, devant le coucher de soleil sur le Pilatus (sommet emblématique de la région). On attend des films du monde entier, d’Afrique du Sud, d’Australie, d’Irlande, de France, etc. et aussi de Suisse. ! Et je suis également en train d’écrire le script d’un nouveau film. »

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TOST – Tu viens régulièrement poser tes valises dans le Cap Sizun, pourquoi aimes-tu venir au Bout du Monde ?

« J’aurais pu choisir tous les endroits du monde. Je suis très liée à la Suisse, à ma famille, mes potes. L’Australie, destination idéale pour surfer, c’était trop loin. Je préférais rester en Europe et être plus près de mes proches. Je suis souvent allée dans les Landes, et surfé sur la côte Sud-Ouest. Je ne me sentais pas vraiment à l’aise là-bas, et j’ai découvert la Bretagne.»

« J’étais attirée par le Finistère. Je savais que je pourrais y surfer, et j’ai accroché dès la première visite, ça m’a plu tout de suite. J’étais touchée par la nature, les plages, les vagues, ça m’inspirait. Ici j’ai rencontré des gens qui sont devenus mes potes. »

« Je ne suis presque jamais plus de deux semaines dans un endroit. Entre les projets de films, les photos, les compétitions, les conférences, je bouge tout le temps. Le Finistère est devenu un nouveau pied à terre, c’est un endroit où je me ressource, où je peux être créative chaque fois que j’y pose mes valises. Depuis 5 ans j’aime le Finistère par tous les temps, toutes les saisons. Qu’il pleuve ou qu’il vente. J’aime la variété des spots entre Brest et Penmarc’h. J’ai maintenant la chance d’y avoir de nombreux amis.»

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TOST – Quelle est ta devise ? 

« If you don’t go, you don’t know ! »

TOST – Quel est l’endroit dont tu te sens la plus proche (TOST) ?

« C’est l’eau. Un lac, une rivière ou surtout la mer ! Au pire une piscine ou même la douche pour dépanner 😉 »

TOST – As-tu un lieu et une personne à nous recommander – qui t’inspirent ?  

« Dans une autre occasion j’aurais dit le Finistère, mais bon.. du coup, un peu plus exotique : les îles d’Indonésie. La culture, la gentillesse des gens, la nourriture, la nature, les vagues. »

« Pour la personne à recommander, je dirais Albert Würsch chanteur et compositeur du groupe « Al-Berto and the fried Bikinis ». C’est un très bon ami à moi et une des personnes les plus positives sur terre ! » 

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Sur la toile

alenaehrenbold.ch
Instagram : @alenaehrenbold
Facebook: alena.ehrenbold

blueroadsurffilm.com
Vimeo : vimeo.com/blueroad

Swiss Surf Film Festival
1ere édition du 26 au 28 Avril 2019 à Lucerne – Suisse
swisssurffilmfestival.ch

Monsieur Papier
www.monsieurpapier.fr

Al-Berto and the fried Bikinis
Alena featuring dans le clip « Miel »

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Interview de Magali Nouguier & photos de Guillaume Prié

Sauf mentions ©Thomas Bonderf
Instagram @thomasbonderf

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TOST, le magazine

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 TOST C KI C KOI ?

Nous sommes des finistériens de coeur, et nous voulions nous rapprocher de vous, d’eux et des autres…

Magali Nouguier , Elfenn QuemenerGuillaume Prié

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C’est comme ça qu’est né tout simplement le magazine TOST, l’idée simple de venir vers vous et de se sentir proche de celles et ceux, des lieux et objets authentiques qui font le Finistère…

TOST HA TOST (côte à côte)

A travers des reportages, des articles, photos et vidéos nous raconterons votre histoire et leurs histoires pour vous faire découvrir, pour aller à la rencontre, pour comprendre et partir à l’aventure et révéler la singularité de ce(eux) qui font le Finistère.

Allez venez, embarquez sur TOST avec nous !

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©TOST magazine • Finistere • La Torche - Plomeur • Credit photo ©Magali Nouguier

©TOST magazine • Finistere • Tronoën – St Jean de Trolimon • Credit photo ©Magali Nouguier

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