Article en Français
Avel Corre, le conteur d’images
Avel Corre parle la langue des images. Il travaille derrière une caméra depuis de nombreuses années et c’est naturellement qu’il est devenu réalisateur, afin de raconter les histoires qui peuplent son imaginaire. En 2015, il a reçu un prix* pour son premier court-métrage, tourné en breton, « An dianav a rog ac’hanon – L’inconnu me dévore », une histoire d’amour entre une femme à la recherche d’elle-même et un homme libre et sans attaches. Aujourd’hui, il prépare un second film. Tost magazine a eu envie de rencontrer Avel et de visiter avec lui son univers poétique.
Article en Breton – Brezhoneg
Avel Corre, ar skeudenn lavarer
Yezh Avel Corre eo yezh ar skeudennoù. Labourat a ra a-dreñv ur c’hamera abaoe meur a vloaz hag anat deoc’h eo deuet da vezañ sevener a-benn kontañ an istorioù a zeue dezhañ. E 2015 en doa bet ur priz* evit e film berr kentañ, troet e brezhoneg, « An dianav a rog ac’hanon », un istor karantez etre ur vaouez a zo o klask en em gavout hag ur gwaz frank hag hep stag. Hiziv emañ o prientiñ un eil film. Ar gelaouenn Tost he deus bet c’hoant da veajiñ un tamm gant Avel a-benn gweladenniñ e ved barzhel.
TOST – Comment es-tu devenu réalisateur ?
Avel Corre :
« Mon premier métier, c’est le travail sur l’image pour le cinéma ou la télé. Il y a de nombreux métiers dans ce domaine. Je suis d’abord passé par le travail sur la lumière, en étant ce qu’on appelle « électro », puis derrière la caméra comme troisième assistant caméra, second puis premier. L’assistant caméra travaille surtout sur la netteté de l’image. Si une image est floue, c’est souvent parce que l’assistant caméra s’est planté. Et après, j’ai commencé à travailler comme chef opérateur. Je suis resté dix ans à Paris pour apprendre mon métier.
Je suis revenu en Bretagne et j’ai fait une pause de deux ans dans mon activité pour m’occuper de ma fille et retaper ma maison. C’est à ce moment-là qu’est née l’envie de réaliser. Des histoires me sont venues et j’ai eu envie de les raconter de cette manière.
J’ai commencé la réalisation avec Lionel Buannic pour Brezhoweb (chaîne tv en langue bretonne sur le web). Je ne venais pas du monde de la télé mais plutôt de celui du cinéma. Je suis allé travailler avec lui parce qu’il cherchait des gens avec un peu d’expérience dans le métier et qui parlaient breton. J’ai commencé comme technicien et puis, il m’a demandé d’être réalisateur pour l’émission « Bec’h de’i! ». Il m’a donné ma chance pour une émission et c’est comme ça que j’ai commencé à réaliser.»
TOST – Penaos out deuet da vezañ sevener filmoù ?
Avel Corre :
« Va micher gentañ eo labourat war ar skeudenn evit ar sinema pe ar skinwel. Bez ‘z eus meur a vicher er bed-mañ. Tremenet on dre al labour war ar gouloù da gentañ, ar pezh a vez lavaret « elektro », goude war ar c’hamera ivez evel trede skoazeller kamera, eil ha goude kentañ. Ar skoazeller kamera a labour dreist-holl war spisted ar skeudenn. Pa vez ur skeudenn dispis eo ar skoazeller en deus c’hwitet alies. Ha goude on kroget da labourat e-giz paotr ar skeudenn. Chomet on e Paris e-pad dek vloaz hag aze em eus desket va micher.
Distroet on e Breizh, graet ‘m eus un ehan war va vicher e-pad daou vloaz evit ober war-dro va merc’h hag evit adober va ti ivez. Hag aze eo ganet ar c’hoant da seveniñ. Bez’ ez eus istorioù a zo deuet em empenn ha c’hoant em eus bet kontañ anezho e-giz-se.
Kroget on da seveniñ gant Lionel Buannic war Brezhoweb. Ne zeuen ket eus bed ar skinwel met kentoc’h eus bed ar sinema. Aet on da labourat gantañ peogwir e klaske tud gant un tamm skiantprenet war ar vicher hag a gomze brezhoneg. Kroget on evel teknisian hag ur wech en doa goulennet ganin bezañ sevener an abadenn « Bec’h de’i ! ». Roet en deus va chañs din evit un abadenn. E-giz-se on kroget da seveniñ.»
« Plus tard, en 2013 je crois, j’ai écrit une histoire pour un court-métrage. J’avais travaillé comme technicien sur des films avec Tita Productions, une maison de production de Douarnenez. Et j’ai dit à Fred Premel, le producteur de fiction, que j’avais un projet de film court et que je n’arrivais pas à écrire le scénario. J’avais l’histoire en tête et deux pages pour expliquer ce que je voulais faire. Il m’a proposé de chercher un scénariste pour écrire avec moi. Nous avons trouvé quelqu’un, nous avons écrit l’histoire et un an plus tard, nous filmions.
Voilà comment je suis devenu réalisateur, petit à petit. Mais, je travaille toujours dans le monde de l’image sur des longs métrages en Bretagne. Quand il y a besoin de caméras supplémentaires, o, m’appelle en tant qu’assistant caméra. J’ai travaillé avec Emmanuelle Bercot sur « La fille de Brest » par exemple, parce que sur certaines scènes, il faut plus de caméras et dans ces cas-lą, les gens sont embauchés sur le lieu du tournage.»
« Ha diwezhatoc’h, e 2013 e oa d’am soñj, em boa skrivet un istor evit ober un film berr faltazi. Labouret ‘m boa evel teknisian war filmoù gant Tita Productions, un ti-produiñ eus Douarnenez. Ha lavaret ‘m boa da Fred Premel, ar produer filmoù faltazi e Tita Productions, em boa ur raktres film berr ha ne zeuen ket a-benn da skrivañ ar senario. An istor a oa em fenn ha div bajenn am boa evit displegañ ar pezh am boa c’hoant ober. Kinniget en deus din klask ur senarier evit skrivañ ganin. Kavet hon eus un den, skrivet hon eus an istor hag ur bloaz goude e oamp o filmañ.
Setu penaos on deuet da vezañ sevener, tamm-ha-tamm. Met labourat a ran atav war bed ar skeudenn, war filmoù bras e Breizh pa vez ezhomm kameraioù ouzhpenn e vez galvet ac’hanon evit labourat evel skoazeller. Labouret ‘m eus gant Emmanuelle Bercot war « La fille de Brest », seurt traoù, peogwir war senennoù e vez ezhomm muioc’h a gameraioù evit filmañ ha kemeret e vez tud war al lec’h.»
TOST – Ton premier court-métrage, « An dianav a rog ac’hanon » (« L’inconnu me dévore ») a d’abord été écrit en français puis en breton, pourquoi avoir fait ce choix du breton ?
Avel Corre :
« J’imagine les histoires en breton d’abord, surtout les dialogues parce que c’est ce qui reste dans le film. A la fin, il n’y a plus que les dialogues. Mais je n’arrive pas à mettre mes idées sur le papier, j’ai essayé mais rien à faire, je suis obligé d’écrire avec quelqu’un pour que mes idées soit retranscrites de manière claire. D’abord, on écrit l’histoire et les dialogues pour expliquer ce que je veux raconter. Je fais cette étape en français pour présenter mon film et trouver un financement, entre autres, mais ce dossier pourrait être écrit en français, en anglais ou en maori, ce serait la même chose. Finalement, la langue n’est qu’un outil. En France, nous ne sommes pas habitués à parler plusieurs langues mais dans d’autres pays, c’est comme ça. Peu importe la langue que tu parles, ce qui est important, c’est d’être compris par la personne qui est en face de toi.
Donc, l’histoire est écrite en français et ce n’est pas un échange très facile au moment de l’écriture parce que, parfois, je vois les dialogues en français et ce n’est pas tout à fait ce que je veux dire, mais ce n’est pas grave parce que ce sera traduit en breton, plus tard. Ce qui me plaît dans le breton, un peu comme dans les langues asiatiques, ce sont les images qui sont présentes dans tous les mots. C’est surtout là-dessus que j’ai envie de jouer.»
TOST – « An dianav a rog ac’hanon », da film berr kentañ, zo bet skrivet e galleg da gentañ hag a-benn ar fin e brezhoneg ? Perak ‘z peus dibabet skrivañ e brezhoneg ?
Avel Corre :
« Ijinañ a ran an istorioù e brezhoneg a-raok, dreist-holl an divizoù peogwir eo ar pezh a chom war ar film. Er fin n’eus nemet an divizoù. Met ne zeuan ket a-benn da lakaat va mennozhioù war ar paper, klasket ’m eus met n’eus netra d’ober, ret eo din bezañ gant un den dre forzh evit skrivañ va mennozhioù en un doare sklaer. Da gentañ e vez skrivet an istor hag an divizoù e galleg evit displegañ ar pezh ‘m eus c’hoant kontañ. Ober a ran an dra-se e galleg evit kinnig va film ha mont e darempred gant an dud a roio arc’hant din hag all met an doser-mañ a c’hellfe bezañ graet e galleg, e saozneg pe e maori e vefe ar memes tra. A-benn ar fin ar yezh n’ eo nemet ur benveg. E bro-C’hall n’emaomp ket kustum da gomz meur a yezh met e vroioù all e vez e-giz-se. N’eus forzh pe yezh emaout o komz, ar pezh a zo a-bouez eo bezañ komprenet gant an den a zo dirazout.
Neuze an istor zo skrivet e galleg ha n’eo ket un eskemm aes-kenañ pa vez skrivet an traoù peogwir a-wechoù e welan an divizoù e galleg ha n’eo ket tre ar pezh ‘m eus c’hoant lavar met n’eo ket grevus peogwir e vo lakaet e brezhoneg goude. Ar pezh a blij din er brezhoneg, un tammig evel er yezhoù bro Asia, eo ar skeudennoù hag a zo abouez- kenañ e-barzh an holl gerioù. Dreist-holl eo war an dra-se ‘m eus c’hoant c’hoari. »
« J’ai travaillé avec Corinne Ar Mero sur le premier film. Elle est excellente pour la traduction en breton. Elle joue beaucoup avec les mots et sur la sonorité des mots et c’est ça que je recherche. Je cherche un son particulier : la langue dans un film, c’est comme la musique. Elle apporte une ambiance. J’aime beaucoup les films de Wong Kar Wai, par exemple. Il a tourné en anglais, en espagnol, mais aussi en cantonais. Ces films-là, je ne les regarde pas en français parce que la sonorité des mots et de la langue font partie de l’atmosphère du film. Il manquerait quelque chose, il manquerait une musique qui est essentielle pour moi.
Pour la traduction aussi, les images portées par les mots sont importantes. J’aime bien raconter cette histoire, par exemple : dans mon premier film, il y avait une phrase dite par une voix off à la fin que je n’ ai pas traduite dans les sous-titres. En français, j’avais écrit : « Un ange est passé, il m’ arrive d’y penser. » Pendant le travail de traduction, on l’a traduit mot à mot en breton et j’ai demandé à Corinne de trouver quelque chose de plus poétique. Elle a écrit : « Aet eo un ael diwar-wel, war va soñj chom a ra e askell ». Si j’avais sous-titré cette phrase, ça aurait donné quelque chose comme : « Un ange est passé au-delà de l’horizon, dans mon souvenir, il me reste une aile. » Mais ce n’est pas la même chose, on ne raconte pas les choses de la même manière quand on dit : « Un ange est passé, il m’arrive d’y penser. »… là, on comprend comment on peut utiliser les images en breton.»
« Labouret ‘m boa gant Corinne Ar Mero war ar film kentañ. Dreist-kenañ eo-hi war an treiñ e brezhoneg. C’hoari a ra kalz gant ar gerioù ha war son ar gerioù, an dra-se eo ar pezh a glaskan. Klask a ran ur son ispisial : ar yezh e-barzh ur film a zo evel ar sonerezh. Degas a ra un aergelc’h. Plijout a ra din kalz filmoù Wong Kar Wai da skouer. Graet en deus traoù e saozneg, e spagnoleg hag ivez e kantoneg. Ar filmoù-mañ, ne sellan ket outo e galleg peogwir son ar gerioù hag ar yezh a gemer perzh en aergelc’h ar film. Mankout a rafe un dra bennak, mankout a rafe ur sonerezh hag a zo a-bouez din.
War an treiñ eo a-bouez ivez istor ar skeudennoù er gerioù. Da skouer e oa ur frazenn e-barzh va film kentañ, plijout a ra din displegañ an dra-se, ur frazenn evit ur vouezh « off » e fin ar film. N’em eus ket troet anezhi, en istitloù n’em eus lakaet netra. Skrivet ‘m boa e galleg : « Un ange est passé, il m’ arrive d’y penser. » E-pad al labour treiñ e oa bet lakaet e brezhoneg ger-ouzh-ger hag em boa goulennet gant Corinne un dra varzheloc’h. Ha skrivet he doa : « Aet eo un ael diwar-wel, war va soñj chom a ra e askell ». Ma’m bije istitlet ar frazenn-se e vije bet un dra bennak e-giz-se : « Un ange est passé audelà de l’horizon, dans mon souvenir, il me reste une aile. » Met n’eo ket ar memes tra, ne vez ket kontet an traoù er memes doare pa vez lavaret : « Un ange est passé, il m’ arrive d’y penser. ».… ase e vez komprenet penaos e vez implijet ar skeudennoù e brezhoneg.»
TOST – Tu as fait ce film en breton d’une manière naturelle finalement. Ce n’était pas un acte militant ?
Avel Corre :
« Ce que je savais depuis le début, c’est que je n’avais pas envie de faire ce film pour faire un film en breton. C’est souvent le cas dans le monde bretonnant et c’est une bonne chose. La langue a besoin de gens qui la défendent mais, en ce qui me concerne, ce n’est pas la relation que j’ai envie d’avoir avec le breton. Le breton est en lien avec l’histoire de mon père. Donc, c’est plutôt une histoire de coeur et j’ai envie d’en faire autre chose, de l’utiliser d’une manière artistique. Si on me dit qu’on ne peut pas employer tel mot de telle manière, je m’en fous. Ce qui m’importe, c’est que la langue soit utilisée et travaillée comme on travaille la terre, par exemple.
Pour être honnête, elle n’est pas souvent utilisée de cette manière. Je pense que je l’ai utilisée plutôt à la manière d’un conte ou dans cette idée, d’une manière universelle. Ce film, j’aurais pu le faire en cantonais ou en maori, ça aurait été le même film. C’est une histoire d’amour, dans un port qui pourrait être n’importe où dans le monde ; la langue, c’était pour égarer les gens un petit peu, pour qu’ils ne sachent pas trop où ils étaient. J’ai fait écouter la bande-son du film à des gens qui ne parlaient pas breton et ils ne savaient pas d’où venait cette langue, on m’a dit que c’était du flamand, de l’hébreu… C’est sur ce genre de choses que j’ai envie de jouer et c’est comme ça que je veux travailler avec le breton.»
TOST – Graet’z peus ar film e brezhoneg en un doare naturel a-benn ar fin. Ne oa ket ur stourm evit ar yezh ?
Avel Corre :
« Ar pezh a ouien abaoe ar penn kentañ eo n’am boa ket c’hoant ober ar film-mañ evit ober ur film e brezhoneg. E-barzh bed ar brezhoneg e vez alies e-giz-se, ar pezh a zo mat ivez. Ezhomm e vez tud o stourmañ evit ar yezh met n’eo ket an eskemm-se ‘m eus c’hoant-me kaout gant ar brezhoneg. Liammet eo ar brezhoneg gant istor va zad. Neuze eo kentoc’h un istor kalon, un dra bennak all em eus c’hoant ober gant ar yezh, implijout anezhi en un doare arzel. Ma vez lavaret din ne vez ket lavaret ar ger-se en doare-se ne’m eus ket foutre-kaer. Ar pezh a zo a-bouez din eo e vefe impljet ha labouret ar yezh evel ma vez labouret douar pe seurt traoù.
Evit gwir, ne vez ket implijet alies e-giz-se. D’am soñj em eus implijet anezhi e doare ur gontadenn kentoc’h, war an hent-se, en un doare hollvroadel. Ar film-se am bije gallet ober anezhañ e kantoneg pe e maori e vije bet ar memes film. Un istor karantez eo, war ur porzh a c’hellfe bezañ n’eus forzh pelec’h er bed, ar yezh a oa evit lakaat an dud da vezañ kollet un tammig, da chom hep gouzout re e pelec’h e oa. Lakaet ‘m eus tud ne ouient ket brezhoneg da selaou ar son nemetken ha ne ouient ket eus pelec’h e teue ar yezh, lâret eo bet din flamanteg, hebraeg… War an dra-se em eus c’hoant c’hoari ha setu penaos em eus c’hoant labourat gant ar brezhoneg.»
TOST – C’est vrai que le breton crée une ambiance mais tu as également choisi un lieu surprenant, un peu hors du monde : le port de Brest, à côté de l’usine de soja. Pourquoi as-tu eu envie de filmer à cet endroit ?
Avel Corre :
« Ce lieu est, lui aussi, lié à l’histoire de mon père, il travaillait à côté, dans une entreprise et du coup, c’était un lieu qui me parlait et qui pouvait quand même être universel. Il y a des ports partout dans le monde et ce port pourrait être n’importe où. Après, il y a un côté esthétique qui me plaît beaucoup, avec la fumée, les bateaux, ce genre de choses. Il y a une atmosphère, intéressante ou pas, je ne sais pas, mais il y a une atmosphère particulière. J’avais écrit plus de choses en lien avec la pluie, l’humidité mais quand nous avons filmé, malheureusement, il n’a pas plu ! Mon prochain film se passera dans les Monts d’Arrée. J’ai imaginé une frontière dans les Monts d’Arrée, je pense que je cherche ce genre de lieux qui pourraient être n’importe où, c’est comme ça que naissent mes envies d’histoires.»
TOST – Gwir eo ez eus un aergelc’h e-barzh da film a-drugarez d’ar brezhoneg met dibabet ‘z peus ul lec’h a oa souezhus ivez,un tamm er maez eus ar bed : porzh Brest e-kichen an uzin soja. Perak ‘z poa c’hoant filmañ aze ?
Avel Corre :
« Al lec’h-mañ a zo liammet ivez gant istor va zad peogwir e oa o labourat en un embregerezh ekichen ha setu e oa ul lec’h a gomze din hag ul lec’h a c’helle memestra bezañ hollvroadel. Porzhioù a zo er bed e pep lec’h hag ar porzh-mañ a c’hellfe bezañ n’eus forzh pelec’h. Goude ez eus un tu kenedus a blije kalz din, gant ar moged, ar bigi, seurt traoù. Un aergelc’h a zo, dedennus pe get n’ouzon ket, met un aergelc’h ispisial a zo. Skrivet ‘m boa muioc’h a draoù gant glav ha glebter met p’hon eus filmet, n’eus ket bet glav siwazh ! Ar film a zeu a vo er Menezioù Are. Ijinet ‘me eus un harz e-barzh ar Menezioù Are, un tammig seurt lec’hioù a c’hell bezañ n’eus forzh pelec’h a glaskan d’am soñj, e-giz-se e krog ar c’hoantoù istor.»
TOST – Tu recherches des lieux dépaysants mais tu restes tout de même en Bretagne.
Avel Corre :
« Oui, parce que je connais ces lieux. Tu commences à imaginer des histoires en piochant dans ce que tu connais, tu fais un mélange entre ce qui est proche de toi et ce que tu imagines. Au début, tu commences avec ce que tu aimes et tu ajoutes de plus en plus de détails inventés. A la fin, il reste des petits bouts de ta vie. Ce n’est pas ton histoire de bout en bout mais tu commences de cette manière, avec ce dont tu te sens proche pour démarrer l’histoire.
Le prochain film n’est pas situé en Bretagne. C’est aussi une histoire d’amour, sur une frontière mais on ne précise pas de quelle frontière il s’agit, une frontière entre deux pays. Ce qui est intéressant, ce sont les problèmes créés par cette frontière. Le fait que ce soit en breton, c’est pareil : ce serait la même histoire dans n’importe quelle langue.»
TOST – Klask a rez lec’hioù divroadus met chom a rez e Breizh memestra.
Avel Corre :
« Ya, peogwir e anavezan al lec’hioù-se. Kregiñ a rez da ijinañ istorioù o kemer traoù a anavezez, ober a rez un mesk etre ar pezh a zo tost dit-te hag ar pezh a ijinez. E penn-kentañ e krogez gant ar pezh a blij dit ha muioc’h-mui e lakaez traoù a zo ijinet e-barzh hag a-benn ar fin e chom tammoùigoù eus da vuhez. N’eo ket da istor penn-da-benn ar pezh a zo er fin met kregiñ a rez gant traoù e-giz-se a zo tost ouzhit evit kregiñ an istor.
Ar film a zeu n’eo ket lec’hiet e Breizh. Un istor karantez eo ivez, war un harz met ne vez ket lavaret pe harz eo, un harz etre div vro. Ar pezh a zo dedennus eo ar c’hudennoù degaset gant un harz. Ar fed e vefe e brezhoneg eo ar memes tra, ar film a c’hellfe bezañ e n’eus forzh pe yezh e vefe ar memes istor.»
TOST – Et par rapport à l’image, il y a peut-être quelque chose d’intéressant dans ces lieux en Bretagne ?
Avel Corre :
« Oui, bien sûr, par exemple, on dit que Brest n’est pas une belle ville mais c’est un lieu cinématographique. Et je trouve que les Monts d’Arrée le sont aussi. Ça n’est pas très vaste et c’est tout de même un problème. Peut-être qu’il y a, en France, des lieux isolés plus étendus, où on ne trouve aucune habitation mais il n’y a pas la même lumière. Il n’y aura pas les mêmes nuages. Il y a quelque chose de lourd dans les Monts d’Arrée avec les nuages noirs et c’est ce que je recherche. Bien sûr, en Irlande ou en Écosse, il y a des lieux avec une atmosphère plus lourde encore mais je ne les connais pas, alors je travaille avec ce que je connais.
En plus, par rapport à la réalisation, quand tu sais comme c’est long de faire un film, même un court-métrage, il faut déjà être convaincu par ce que tu écris, il faut porter le projet et ça, pour moi, c’est beaucoup plus facile à faire si je suis déjà porté par le lieu. Les monts d’Arrée, c’est un lieu important pour moi. Quand j’étais enfant, avec mes parents, j’allais m’y promener presque tous les week-ends, c’est un lieu que je porte en moi depuis longtemps, c’est pour ça que j’ai eu envie de filmer à cet endroit. »
TOST – Hag e-keñver ar skeudenn, marteze ez eus un dra bennak e Breizh a zo dedennus gant al lec’hioù-se ?
Avel Corre :
« Ya, evel-just, da skouer e vez lavaret n’eo ket Brest ur gêr vrav met ul lec’h sinematografik eo. Hag evit ar Menezioù Are e kavan eo memes tra. N’eo ket bras-tre ar Menezioù Are, an dra-se a zo ur gudenn memestra. Marteze ez eus lec’hioù distro brasoc’h e bro C’hall, e-lec’h n’eus ti ebet met n’eus ket ar memes gouloù. Ne vo ket ar memes koumoul. E-barzh ar Menezhioù Are ez eus ur seurt tra a zo pounner memestra gant ar c’houmoul du ha se eo ar pezh a glaskan. Evel-just e bro Iwerzhon hag e bro Skos ez eus lec’hioù d’am soñj pounneroc’h c’hoazh met n’ anavezan ket anezho, setu labourat a ran gant ar pezh a anavezan.
Ouzhpenn, e-keñver ar seveniñ, pa ouiez pegen hir eo da vont betek penn evit ober ur film, memes ur film berr, ret eo bezañ kendrec’het dija gant ar pezh a skrivez, ret eo dougen an traoù hag an dra-se, evidon, zo kalz aesoc’h ma ‘z on dougenet gant al lec’h dija. Ar Menezioù Are a zo ul lec’h a-bouez din. Pa oan bugel, gant ma zud, ez aen tost bep dibenn-sizhun da bourmen eno, ul lec’h ‘m eus ennon abaoe pell eo, setu perak ‘m eus bet c’hoant filmañ aze ? »
TOST – Quand on fait un film, il faut exercer plusieurs métiers. Lequel te plaît le plus ?
Avel Corre :
« Je commence par ce qui est le plus difficile pour moi et que je ne sais pas faire : écrire le scénario. J’ai essayé mais mon cerveau n’est pas fait pour ça. C’est pour ça que je travaille avec des scénaristes, parce que je vois qu’écrire, c’est un plaisir pour eux alors que pour moi, c’est un vrai calvaire. Quand je réussis à écrire une page, déjà je trouve ça mauvais mais en plus c’est exceptionnel. Et il faut retravailler dix fois… bref, ce n’est pas fait pour moi.
Il faut forcément passer par le papier pour raconter une histoire mais également pour aller chercher des financements. Le cinéma est un art assez coûteux parce qu’on a besoin de grandes équipes, donc il faut trouver des fonds et ça, ce n’est pas mon métier non plus. C’est le travail du producteur.Ensuite, mon monde à moi, c’est le tournage. A partir du moment où on a trouvé l’argent, il est temps de préparer et de filmer et ça, c’est ce qui me plaît le plus, c’est là où je me sens le mieux. Je sais qu’il y a des gens que ça effraie parce que c’est une grosse mécanique. Quand on gère ce genre de projet, on travaille avec vingt, trente personnes. Il y a dix personnes qui viennent me demander « Comment tu as imaginé ça ? » à propos des décors… de l’image… du son… de chaque chose. Je suis un chef de chantier en quelque sorte et j’adore ça !
Il faut travailler avec différents métiers qui sont très importants, les accessoires, les costumes, le maquillage et ça me plaît énormément. Je me sens dans mon élément, c’est comme mettre des touches de peinture sur un tableau et petit à petit, ça prend forme.»
TOST – Pa vez graet ur film e vez graet micherioù a-bep seurt. Pe hini a blij dit ar muiañ ?
Avel Corre :
« Kregiñ a ran gant ar pezh a zo an diaesañ din ha n’ouzon ket ober : skrivañ ar senario. Klasket ‘m eus ober met va empenn n’eo ket graet evit se. Setu perak e labouran gant senarierien peogwir e welan eo ur blijadur dezho skrivañ ha din-me eo ur gwir boan. Pa zeuan a-benn da skrivañ ur bajenn dija e kavan an dra-se fall met un dra bennak souezhus eo evidon. Ha ret eo adober dek gwech hag. an dra-se n’eo ket graet evidon.
Ret eo tremen dre ar paper dre forzh evit kontañ an istor met ivez evit mont da glask arc’hant. Ar sinema a zo un arz ker a-walc’h peogwir ez eus ezhomm skipailhoù bras, neuze ret eo kavout arc’hant hag an dra-se n’eo ket va micher kennebeut. Labour ar produer ‘ni eo.
Goude, va bed din-me eo ar filmañ. Adalek ar mare eo bet kavet an arc’hant eo poent prientiñ ha filmañ, an dra-se eo ar pezh a blij din ar muiañ hag al lec’h en em santan ar gwellañ ennañ. Gouzout a ran ez eus tud o deus aon peogwir eo ur mekanik bras. Pa vez kaset ur raktres e-mod-se ez eus ugent, tregont den o labourat. Bez ‘z eus dek den a erru o c’houlenn ganin « Penaos ‘z peus gwelet an dra-se ? » war ar c’hinklañ… war ar skeudenn… war ar son… war pep tra. Ur seurt penn chanter on ha plijout a ra din kalz !
Ret eo labourat gant micherioù disheñvel hag a zo a-bouez-kenañ, ar prestoù, an dilhad, al livaj, an dra-se a blij din forzh pegement. Aze en em santan em aes, se zo evel lakaat tammoù livaj war un daolenn ha tamm-ha-tamm e kemer an dra ur c’horf. »
Avel Corre :
« Et après, il y a la post-production, le montage et le travail sur le son. Ça a été une découverte car je n’avais jamais fait de post-production avant. J’ai découvert le montage et j’ai vu qu’on pouvait réécrire son histoire à ce moment-là. Le montage, ça n’est pas seulement mettre bout-à-bout des morceaux d’images. Ce qui est important et plaisant, c’est de chercher à réécrire l’histoire avec les scènes captées pendant le tournage. C’est une seconde écriture, tu peux faire ce que tu veux et je trouve que je n’ai pas assez exploré cette partie-là pour mon premier film. J’espère que je pourrais aller plus loin dans ce domaine pour le deuxième et expérimenter un peu plus mais ça demande du temps.
Ensuite, j’ai découvert le travail sur le son, ça n’était pas mon univers, c’est très technique mais l’aspect montage du son m’a bien plu. Et pour finir l’étalonnage ; ça, je connais bien. Tu vois, quand tu fais des photos et que tu utilises Photoshop pour retravailler tes images… l’étalonnage, c’est la même chose pour la vidéo, tu ajoutes un ton aux images.»
Avel Corre :
« Ha goude e vez ar post-produiñ, ar frammañ hag al labour war ar son ivez. Dizoloet ‘m eus an dra-se peogwir ne’m boa morse graet ar post-produiñ a-raok. Dizoloet ‘m eus ar frammañ ha gwelet ‘m eus e oa posubl adskrivañ e istor d’ar mare-se. Frammañ n’eo ket lakaat tammoù skeudenn asambles nemetken. Ar pezh a zo a-bouez ha plijus eo klask adskrivañ an istor gant an tammoù am eus paket war ar filmañ.Un eil skrivadur eo, gallout a rez ober ar pezh ‘z peus c’hoant ha war an dra-se ne’ me eus ket klasket a-walc’h war ar film kentañ d’am sonj. Spi ‘m eus war an eil e c’hellin mont muioc’h e-barzh ar bed-se hag adklask muioc’h a draoù met goulenn a ra amzer.
Goude ‘m eus dizoloet al labour war ar son, ne oa ket va bed penn-da-benn, teknik-kenañ e oa met ase on bet plijet gant frammañ ar son. Ha evit echuiñ e oa ar c’heitañ hag an dra-se a anavezan mat. Gwelout a rez pa rez fotoioù, pa implijez Photoshop evit adlabourat da skeudennoù, ar c’heitañ eo ar memes tra evit ar video, e lakaez ul liv d’az skeudennoù. »
TOST – Tu aimerais faire un long métrage un jour ?
Avel Corre :
« Oui, j’ai déjà une histoire. En français cette fois-ci. Quand tu es bilingue, c’est comme ça, je crois. Quand tu as deux langues maternelles, il y a des choses que tu imagines dans une langue et d’autres choses dans une autre langue.
Il y a deux ans, je suis allé tester mon histoire au Groupe Ouest **. Je crois que c’était au cours d’une semaine « De l’idée au scénario » ou quelque chose comme ça. Un échange entre dix, douze personnes, chacun venait avec son histoire et avançait dessus pendant une semaine.Je sais déjà avec qui j’ai envie de travailler pour la lumière, la musique et les décors parce que, quand j’imagine l’histoire, tout ça est déjà dedans. C’est comme ça que je démarre parce que, comme je te le disais, je ne sais pas écrire une histoire alors je viens avec une ambiance.
Par exemple, pour ce long métrage, tout a commencé avec une chanson de Dominique A « Vers le bleu ». Je ne sais pas si c’est ce qu’il racontait mais moi, j’ai imaginé l’histoire de deux frères, à Brest, au cours d’une nuit, dans le monde de la musique et des bars. Après, il faudra écrire l’histoire autour de ça mais ce sera dans cet univers.
J’espère que j’y arriverai mais ce n’est pas facile de faire un long métrage, je ne sais pas combien de projets naissent pour qu’au final, peu de films voient le jour à la fin de l’année. Je ne sais pas, peut-être que d’ici dix ans, je réussirai à faire mon film.»
TOST – C’hoant ‘z pefe ober un film hir un deiz bennak ?
Avel Corre :
« Ya, un istor am eus. E galleg ar wech-mañ. Pa ‘z out divyezhek e vez e-giz-se d’am soñj. Gant div yezh vamm ez eus traoù e ijinez e-barzh ur yezh ha traoù all e-barzh ur yezh all.
Aet e oan daou vloaz zo da destiñ va istor e « le Groupe Ouest »**. Ur sizhunvezh « De l’idée au scénario » e oa d’am soñj pe un dra bennak e-giz-se. Un eskemm etre dek , daouzek den, pep hini a zeue gant e istor ha mont a rae war-raok e-pad ur sizhunvezh.
Gouzout a ran dija gant piv ‘m eus c’hoant labourat war ar gouloù, war ar sonerezh ha war ar c’hinklañ peogwir pa ijinan an istor emañ an traoù-se e-barzh ennañ dija. Kregiñ a ran e-giz-se peogwir, ar pezh a lavaren dit, n’ouzon ket skrivañ un istor neuze dont a ran-me gant an aergelc’h. Da skouer, evit ar film hir-mañ on kroget gant ur sonerezh gant Dominique A « Vers le bleu ». N’ouzon ket hag-eñ e oa se e oa o kontañ met me ‘m eus ijinet istor daou vreur, e Brest e-pad un nozvezh, e-barzh bed ar sonerezh, e-barzh an ostalerioù sonerezh. Goude e vo ret skrivañ an istor tro-dro an dra-se met ar bed eo an dra-se.Spi ‘m eus e teuin a-benn met n’eo ket aes ober filmoù hir, n’ouzon ket pet raktresoù zo hag a-benn ar fin n’eus ket kement-se a filmoù e fin ar bloaz. N’ouzon ket, marteze a-benn 10 bloaz e teuin a-benn d’ober va film.»
TOST – Quels sont les films qui t’influencent ?
Avel Corre :
« J’aime les réalisateurs Wong Kar Wai et Hou Hsiao Hsien ; son dernier film s’appelle « The assassin », il a aussi fait « Millenium mambo » et « Three times ». J’aime beaucoup le cinéma de Nuri Bilge Ceylan, les films de Jim Jarmush, comme « Only lovers left alive »… et David Lynch.»
TOST – Qu’est-ce qui te plaît dans ces films ?
Avel Corre :
«Ces réalisateurs sont intéressés par les histoires mais ils créent un lien fort entre l’ambiance et les histoires. Pour eux, l’image est primordiale et quand je dis l’image, je parle des décors, de la lumière, de la caméra, du maquillage, des costumes aussi, tous ces éléments. L’image de manière générale est une part de l’histoire et c’est ça qui me plaît.»
TOST – Y a-t-il un lieu dont tu te sentes particulièrement proche en Bretagne ?
Avel Corre :
«Les Monts d’Arrée. Pour toutes les raisons que je t’ai données. Je pense qu’il y a quelque chose, comme une énergie qui vient soit du ciel, soit de la terre, je ne sais pas trop mais il y a quelque chose de particulier, une énergie qui vient de ce lieu. Je ne suis pas le seul à penser cela. Pour beaucoup de personnes, il y a quelque chose de ce genre dans les Monts d’Arrée.»
TOST – Gant peseurt filmoù e vezez levezonet ?
Avel Corre :
« Ar sevenerien a blij din eo Wong Kar Wai ha Hou Hsiao Hsien, e film diwezhañ e oa « The assassin », graet en deus « Millenium mambo » ha « Three times »ivez. Plijout a ra din kalz sinema Nuri Bilge Ceylan, filmoù Jim Jarmush, da skouer « Only lovers left alive »… ha David Lynch ivez.»
TOST – Petra a blij dit e-barzh o filmoù ?
Avel Corre :
« Ar sevenerien-se a zo tud dedennet gant an istorioù met liammañ a reont kalz an aergelc’h gant an istorioù. Evito eo a-bouez-kenañ ar skeudenn ha pa lavaran ar skeudenn eo ar c’hinklañ, ar gouloù, ar c’hamera, al livaj, an dilhad ivez, holl an traoù. Ar skeudenn dre vras a zo ul lodenn eus an istor hag an dra-se eo ar pezh a blij din.»
TOST – Hag-eñ en em santez tost-tre ouzh ul lec’h e Breizh ?
Avel Corre :
« Ar Menezioù Are. Evit holl ar pezh em eus lâret dit a-raok. D’am soñj eo peogwir ez eus un dra bennak evel ur seurt nerzh a zeu pe eus an oabl pe eus an douar, n’ouzon ket re met bez’z eus un dra bennak ispisial, ur seurt nerzh a zeu eus al lec’h-se. N’on ket va-unan o soñjal an dra-se. Evit kalz a dud ez eus un dra e-giz-se e-barzh ar Menezioù Are.»
TOST – Y a-t-il des gens qui t’inspirent ?
Avel Corre :
« C’est difficile de choisir mais je dirais Le Groupe Ouest**. Ils ont fait quelque chose de très fort, parce que ce n’était pas gagné de faire ce qu’ils ont fait au départ, en Finistère.
Ils ont demandé des aides pour créer cette maison, ils ont pris contact avec le monde du cinéma à Paris et on leur a répondu : « Mais pourquoi voulez-vous mener un projet de ce genre, perdus au fin fond du Finistère ? » Alors, ils ont contourné Paris et sont allés voir ce qui se faisait dans le monde autour de l’écriture de scénarios. Ils sont allés voir Torino Film Lab à Turin, ils sont allés voir en Angleterre et à Toronto aussi. »
«Ils ont avancé petit à petit, parce que ça prend du temps. Entre le moment où quelqu’un arrive avec une idée et le moment où on peut voir le film sur les écrans, il y a souvent cinq, six, dix ans parfois.
Trouver une idée, écrire l’histoire, trouver le financement, faire le film et parfois entre le tournage et la diffusion en salles, il se passe un an… ça prend du temps.
Et donc, après six, sept ans, on a commencé à voir des films qui ont été bien accueillis par le public. Et là, c’est le CNC qui est revenu les voir en leur disant : « On ne peut pas vous laisser comme ça, il faut vraiment vous aider ! »
«Je trouve ça très intéressant. Le Finistère est le département où l’on compte le plus grand nombre d’associations en France, il y a de tout, du sport, des dominos ou je ne sais quoi d’autre mais le Finistère, c’est un lieu loin de tout et les gens savent faire les choses par eux-mêmes et ça, c’est une énergie qui me plaît.»
* Prix de l’avenir de la langue bretonne, catégorie « Audiovisuel » – Prizioù 2015
** Le Groupe Ouest accompagne les auteurs au développement de leur scénario et soutient le cinéma indépendant en Bretagne.
Merci à Avel Corre de nous avoir fait visiter les coulisses de son métier. TOST Magazine souhaite bon vent à ses projets et espère être toujours présent pour la sortie en salles de son long métrage… rendez-vous dans dix ans ou peut-être avant !
TOST – Hag-eñ ez eus tud a vezez awenet ganto ?
Avel Corre :
« Diaes eo dibab met lavarout a rafen « Le groupe Ouest ». Graet o deus un dra bennak kreñv-kenañ, peogwir ne oa ket gounezet ober an dra-se e Penn-ar-Bed e penn kentañ. Goulennet o deus sikourioù evit sevel an ti-se, aet int da welet tud e bed ar sinema e Paris ha lâret e oa bet dezho : « Met perak ho peus c’hoant ober un dra bennak e-giz-se kollet e foñs Penn-ar-Bed ? » Neuze, lammet o deus Paris hag aet int da welet ar pezh a veze graet er bed war ar skrivañ senario, aet int da welet Torino Film Lab e Turin, aet int da welet e bro-Saoz hag e Toronto ivez. »
« Aet int war-raok e-giz-se tamm ha tamm peogwir e kemer amzer. Etre ar mare ma teu un den gant ur mennozh hag ar mare ma vez gwelet ar film war ar skrammoù, alies e vez pemp, c’hwec’h, dek vloaz a-wechoù.
Kavout ur mennozh, skrivañ an istor, kavout an arc’hant, ober ar film hag a-wechoù etre ar mare ma vez filmet hag ar mare ma vez gwelet war ar skramm e vez ur bloaz… kemer a ra amzer.
Ha neuze, goude c’hwec’h, seizh vloaz, kroget eo bet da welet filmoù a zo bet degemeret mat gant ar publik. Hag aze eo ar CNC a zo deuet en-dro da welet anezho o lavarout « Ne c’hellomp ket lezel ac’hanoc’h e-giz-se, ret eo deomp sikour ac’hanoc’h ! »
« Kavout a ran an dra-se dedennus-kenañ. Penn-ar-Bed eo an departamant e-lec’h ma vez ar muiañ a gevredigezhioù e bro-C’hall, a bep seurt traoù, sport hag all, domino pe n’ouzon ket met Penn-ar-Bed a zo ul lec’h pell eus pep tra hag an dud a oar ober an traoù o-unan memestra, an dra-se a zo un nerzh a blij din.»
Trugarez da Avel Corre da vezañ diskouezet deomp kostezioù e vicher. Hetiñ a ra dezhañ ar gelaouenn Tost chañs vat evit e raktresoù ha spi hon eus e vo bev ar gelaouenn c’hoazh pa vo skignet war ar skrammoù e film hir… emgav a-benn dek bloaz pe abretoc’h marteze !
Court-Métrage d'Avel Corre - "L'inconnu me dévore"
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Interview d’Elfenn Quemener & photos de Guillaume Prié
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