Julie Gerecht, navigatrice et entrepreneure, hisse les voiles vers le Finistère Sud

Julie Gerecht, navigatrice et entrepreneure, a trouvé son équilibre de vie à la pointe du Finistère sud.

Julie Gerecht a choisi de vivre une vie pleine de projets, ouverte aux autres, remplie de passion et d’aventures. Skipper et entrepreneure, après 10 ans d’expérience dans le sport de haut niveau en voile (elle a participé en équipage aux Jeux Olympiques de 2008) et 10 ans de management en entreprise, elle est devenue consultante en nautisme et propose des programmes sur mesure pour les athlètes et les entreprises. Après toutes ces années intenses à bouger et voyager, elle a eu envie de trouver un lieu où se ressourcer, et c’est en pays Bigouden Sud qu’elle a choisi de s’arrêter, tombée sous le charme des paysages et de la nature, elle y a ouvert un gîte d’étape : le « Bigouden Backpacker ».

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TOST : Peux-tu te présenter aux lecteurs de TOST ?

«J’ai 39 ans, je suis entrepreneure et navigatrice. Ce que j’aime dans la vie, c’est faire des projets et surtout les réaliser. Je suis assez perfectionniste, j’ai pas mal d’idées. Maintenant je travaille avec mes valeurs, celles qui me poussent à l’action et sont ma source de motivation. Je recherche un rythme de vie, je sais maintenant ce que veux. »

« Depuis 5 ans, j’ai fait beaucoup de choses différentes, et maintenant j’ai besoin de simplifier ma vie, de passer du temps sur l’eau, d’aller à l’essentiel. »

« J’ai été Manager pendant plusieurs années d’un centre commercial au Havre, j’ai du arrêter complètement de naviguer, j’étais d’astreinte H24. En bateau je suis dans un autre état d’esprit, celui de l’apaisement. J’apprécie d’être sur l’eau et de prendre mon temps. Aujourd’hui j’ai la chance de concilier bateau avec plaisir.»

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TOST : D’où vient ta passion pour la mer ?

«J’ai commencé à naviguer à l’âge de 7 mois 1/2. Mes parents se sont rencontrés en bateau, dans un club de croisières. Pendant mon enfance, j’habitais dans la région parisienne. On partait chaque été naviguer pendant 1 mois, je passais tous mes mois de juillet en mer. J’ai fait des croisières en Croatie, Italie, Turquie, Antilles… »

TOST-Magazine-credit-Magali-Nouguier-Julie-GERECHT-Lechiagat-La-Torche-Juillet-2018-16TOST : Que représente le bateau, la navigation pour toi ?

« Pour moi un bateau n’est pas un espace restreint mais un espace de liberté. Il y a deux mondes, le monde de la mer et de la terre »

« Enfant lors des croisières en famille, je sortais souvent du bateau pour aller vers les autres et je me faisais des amis partout, armée d’une épuisette ! J’ai appris tôt la richesse des autres et le plaisir de partager des bons moments ; avec ma famille et avec des amis d’escales. Ça fait partie de mes valeurs, la bienveillance, le plaisir de partager des moments simples. J’adorais aussi m’installer dans le balcon avant du bateau et chanter en mer. Dormir sur un bateau, c’est un grand plaisir de marin : se réveiller et entendre le bruit de la mer avec des fois des personnes qui s’activent sur le pont… 

« La compétition, c’est différent, j’y suis venue pour apprendre un maximum, pour passer le plus de temps possible sur l’eau. C’est un milieu difficile, tu traces ta route, ça marche ou pas. Tous mes projets, mes entraîneurs et mes équipiers (ères) m’ont énormément appris techniquement et humainement. »

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« Pour moi la navigation c’est d’être dans le lâcher-prise imposé par la nature, à chaque sortie c’est de l’expérience que j’engrange. Ma motivation intrinsèque c’est de me faire plaisir avant tout, c’est un vrai levier de choix, sur l’eau comme dans ma vie de terrienne. »

«J’essaie, je ne me mets pas de limite, je ne m’arrête pas aux jugements des personnes, j’ai appris à suivre mon instinct. Je suis de nature optimiste, s’il y a un problème, je pense à la solution qu’on va devoir trouver, ça me permet de voir le bon côté des choses, de voir le verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide. Je crois qu’en ayant une posture opportuniste, ça permet de saisir les occasions. »

«Je suis « agile », je supporte l’incertitude. En bateau on est parfois en mode « adaptation » à 500 % ! On fait avec ce qu’on a, on doit prendre des décisions qui peuvent ne pas plaire à tout le monde, mais au fond tu sais d’après ton expérience que c’est la bonne.»

« On doit anticiper en fonction de l’environnement, du vent, on sait que le ventl va tourner, alors on accepte d’aller dans le refus parce que derrière quand le vent tourne, on remonte vite et on « encaisse la paquet ». Quand tu vires, tu passes devant tout le monde, c’est assez jubilatoire.»

« C’est comme dans la vie parfois, il y a des moments où tout va bien, il faut en profiter sans se poser trop de questions, « rester ou se mettre dans le bon sens » et des fois où ce n’est pas top mais tu sais que le vent va tourner, il faut savoir attendre.

« Quand on navigue, on est aussi dans la gestion des risques. J’essaie toujours d’être franche, honnête et en droite ligne avec moi-même.»

TOST : 10 ans de haut niveau en voile, les Jeux Olympiques et tes études supérieures, ce fut une période intense ?»

« J’ai fait une dizaine d’années en haut niveau en voile : championnats de France, du Monde, compétitions internationales, régates, courses au large, première femme de la section voile de haut niveau, puis participation en équipage aux Jeux Olympiques de Pékin, en 2008. J’ai aussi suivi une formation en économie et en marketing et Master Sport Santé Société, spécialité préparation mentale de sportif. À un moment, j’ai voulu arrêter et privilégier la fluidité de vie, c’est le luxe pour moi, c’est un vrai choix que j’ai fait. J’étais hyper ronde dans un monde carré, c’était pas tout le temps facile à vivre. »

« J’ai beaucoup voyagé pendant cette période de sport de haut niveau, c’était intense. On partait 11 mois par an et j’étais chez moi que quelques jours, il s’est passé une année où j’étais 250 jours sur l’eau.»

«C’était beaucoup de sacrifices. Ça m’a aussi apporté beaucoup, j’ai engrangé de l’expérience, et j’ai également beaucoup voyagé, fait de belles rencontres. J’aime bien partir, voyager, rencontrer d’autres gens et cultures mais aussi revenir chez moi. Aujourd’hui j’apprécie de retrouver ma maison, de me poser et j’apprécie le calme. J’essaye de vivre à un rythme moins soutenu. »

TOST : Tu as maintenant choisi de vivre en Pays Bigouden, quelles sont tes motivations et tes projets ?

« Je m’y sens bien. C’est un coup de cœur. Parce que c’est tranquille, c’est apaisant d’avoir la nature juste à côté, le port et la proximité avec l’océan. Sentir sa présence. J’ai fait ce choix, de manière impulsive à ce moment-là. Je voulais être proche de mon travail quand j’ai voulu ouvrir le Bigouden Backpacker ; l’endroit était vraiment au delà de mes attentes : un jardin clos, le local pour les vélos, la proximité de l’océan, des plages et du port de pêche… »

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« Au début Léchiagat, je ne connaissais pas. J’étais d’abord venue en Pays Bigouden au phare d’Eckmühl à Penmarc’h, c’est le premier endroit où je suis allée en Bretagne, pour une classe de mer en 6° ; je me souviens aussi de Kerity où on s’était baladé. Plus tard, je suis revenue en tant que touriste dans le pays Bigouden, je connaissais quelqu’un qui venait s’y installer. C’est d’abord La pointe de la Torche qui m’a attirée ; c’est un paysage qui m’a émue, il y avait des vagues, du vent, les oiseaux. Venant de Paris, d’aller à la plage tous les jours, c’est une qualité de vie que je n’osais pas imaginer, je ne savais même pas que ça existait ! »

« Je suis complètement consciente de la chance que j’ai tous les jours. Quand je vivais au Havre, je sortais et (presque) tout le monde me connaissait. Ce que j’apprécie en vivant ici dans le Pays Bigouden, c’est de pouvoir sortir librement, d’avoir cette tranquillité, de me sentir en accord avec moi-même et celle que je suis. Le climat est aussi super agréable, il fait souvent beau et il pleut pas aussi souvent que les gens se l’imaginent. L’hiver est rude, mais j’essaie de passer un mois au chaud. »

« En parallèle du gite d’étape Bigouden Backpacker, j’ai créé l’entreprise Sea Sport Training, ici en Finistère Sud, qui valorise le formidable terrain de jeu qu’est le territoire de Cornouaille. Je skippe quelques semaine dans l’année en croisière ou en régate, je donne des cours de conduite de projets au BPJEPS à l’INB de Concarneau et j’interviens comme conseillère sportive au Pôle Course au Large de Lorient. »

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À travers Sea Sport Training, je partage mon expérience de sportive de haut niveau en voile et de manager en proposant des programmes sur mesure pour les sportifs et les entreprises. Sea Sport Training s’appuie sur les compétences et infrastructures locales pour proposer des séminaires, stages, incentives, conférences, séjours incluant des prestations à la carte : préparation mentale et physique, coaching, diététique, récupération, cohésion d’équipe, lâcher-prise, gestion des risques, et bien sûr des activités de pleine nature dans un cadre préservé proche de l’océan sur le littoral Bigouden… J’aime travailler en équipe, de manière constructive et bienveillante.»

TOST : Cette passion pour l’océan, qu’est-ce qu’elle t’apporte ?

«J’aime être sur l’eau, je me sens trop bien en mer, si tu me dis demain tu pars vivre sur un bateau, je pars illico ! Je me sens plus à l’aise en mer que sur Terre. »

« Quand tu es skipper, tu barres ou pas, tu organises le bateau, le but est que les passagers apprennent à bord, s’entraident, s’entrainent et puissent régater. On peut faire une régate avec un skipper, c’est accessible au plus grand nombre. Des gens qui ne savent pas naviguer se retrouvent sur un départ de course et vivent des moments forts. C’est excellent de partager tout ça ensemble, c’est marquant, ça casse les barrières. »

« Je participe aussi à différents projets. Entre autre je pars chaque année au mois de Juin en Méditerranée avec une équipe de 6 skippers pour l’association « Rêves d’Enfants » qui a été créée par des étudiants d’HEC. C’est à chaque fois un moment très fort avec ces enfants en rémission de cancer à bord du bateau. On partage avec eux la vie sur le voilier, c’est une école de la vie, en mode « très intense ».  L’objectif est d’assurer la sécurité et de partager avec eux ma passion d’être sur l’eau et de les rendre heureux ; on ne fait qu’apporter une touche dans leur rétablissement mais je suis ravie d’y participer !»

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TOST : Quelle est ta devise ?

« Être en harmonie avec moi-même et avec la nature. »

« Un jour j’ai croisé une baleine au large du Portugal, elle a longé la coque du bateau, s’est retournée et m’a regardée. J’étais dans son monde, j’ai senti qu’elle m’observait et que je l’intriguais. J’aime me retrouver dans cette position où la nature est là, présente, omnisciente, on est simplement des invités chez elle. »

TOST : Quel est l’endroit dont tu te sens la plus proche (TOST) ?

« Je dirai l’archipel des Glénans, île de Penfret. C’est un endroit symbolique, où j’ai passé mes monitorats et beaucoup de mes vacances de parisienne. J’y ai vécu de bons moments et j’y ai de beaux souvenirs. J’y vais régulièrement. C’est un lieu magnifique, à la fois brut et sauvage où je me sens bien. Là-bas j’ai tout et j’ai rien, j’ai besoin de rien d’autre.

« À Léchiagat, je vais à la plage qui est juste au bout de la rue, je respire, je me détends, je me ressource, je  marche pieds nus  dans le sable, ça me suffit pour me sentir bien. Je me pose et j’évacue, je me sens plus légère. Ici je « m’ancre », c’est ce que je ressens en vivant ici.»

TOST : As-tu un lieu et une personne à nous recommander  ?

« Pour le lieu je recommanderai les Étocs, au large du Guilvinec et Penmarc’h. Il suffit de partir en mer, pas très loin, à une dizaine de minutes du port de Léchiagat, pour se retrouver complètement immergé dans le milieu marin, voir les animaux sauvages, les phoques, à l’état naturel et sauvage.»

« Une personne qui m’inspire : Alix Levain, c’est une de mes meilleures amies. Elle est éco-antropologue et ethnologue et chargée de recherche au Département Hommes, Natures, Sociétés du Muséum National d’Histoire Naturelle à Paris. Elle étudie entre autre la prolifération des algues vertes en Bretagne et son impact sur l’environnement littoral, avec une vision sociale. Elle fait le lien entre la mer et la terre. On partage la passion pour le bateau. C’est un ange descendu sur Terre. C’est une fille ultra sérieuse et bienveillante. Elle fait des choses complexes et arrive à l’expliquer simplement avec un regard différent. C’est une personne discrète qui fait des choses extraordinaires. »

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Sur la toile

SEA SPORT TRAINING

sea-sport-training.com

Gîte d’étape à Treffiagat-Léchiagat « BIGOUDEN BACKPACKER »

bigouden-backpacker.fr

Facebook : Bigouden-Backpacker

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Interview & photos de Magali Nouguier
Instagram @magnoug

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Les Atelières de la Reine : miellerie « Haute-Couture » en Baie d’Audierne

Les Atelières de la Reine : miellerie « Haute-Couture » en Baie d’Audierne

TOST aime vous faire découvrir des personnes qui développent des initiatives positives et durables. Cette fois on vous emmène chez Véronique et Fabien, un couple d’(Happy) apiculteurs amateurs, qui ont installé leur miellerie « Les Atelières de la Reine » au cœur la Baie d’Audierne avec vue sur la mer !
Je suis allée chez eux à Plozévet, ils m’ont accueillie avec un thé, et du miel (bien évidemment), entourés de leurs chats et de livres dans leur grande yourte contemporaine et très cosy avec vue sur l’océan. Le spot de surf de Fabien est à deux pas de là, et leurs ruches à peine à 5 minutes à pied de la miellerie.
Ils partagent avec nous leur passion pour leurs abeilles, mais aussi la mode, le surf et les voyages…

TOST Mag : Pouvez-vous vous présenter aux lecteurs de TOST ?

Véronique – « Les Atelières de la Reine » :

«J’ai 35 ans et je viens du « bout du monde » ! Je suis originaire de la pointe du Raz où j’ai grandi. Puis j’ai bougé sur Quimper (saut de puce !) et sur Nantes pour mes études. J’ai une formation initiale en comptabilité et audit financier. J’ai exercé à Quimper dans un cabinet comptable, je ne me sentais pas vraiment dans mon élément, je mettais des chiffres dans des cases, je ne me sentais pas en phase avec ce métier…

J’ai ressenti un très fort besoin de partir et de voyager, de perdre mes repères et découvrir le monde ! Fabien et moi, sommes partis en direction de la Nouvelle Zélande fin 2011. Nous avons acheté sur place un fourgon Toyota pour sillonner les routes sans contrainte, à notre rythme, en liberté dans des paysages incroyables ! On est parti en Nouvelle-Zélande, car c’était très loin, anglophone et également parce que c’est une destination réputée pour ses spots de surf et ses vagues !-) Fabien et moi voulions améliorer notre anglais pendant notre séjour « overseas ». Cela m’a permis de bien réfléchir sur mes futurs projets et de prendre confiance.

Après avoir découvert toute la Nouvelle-Zélande pendant plusieurs mois, du Nord au Sud et d’Est en Ouest, nous sommes revenus en France. J’ai repris mes études à l’ IAE de Strasbourg car je voulais intégrer une grande maison de luxe, made in France, une « Maison » qui offre une vision du monde à l’instant T. La mode a toujours d’un temps d’avance. La mode, c’est plus qu’un vêtement, je suis attirée par la mode car elle raconte une histoire en utilisant des techniques artisanales et en même temps très innovantes et d’avant-gardes.

Pendant cette année de transition, ce fut une année très intense, avec la reprise des études, je passais mon temps entre Strasbourg, Paris et le Finistère. Puis j’ai intégré la maison Sonia Rykiel, je suis restée 3 ans sur Paris. Je rentrais régulièrement en Pays Bigouden pour renouer avec la nature « sauvage » ! »

Fabien – « Les Atelières de la Reine » :

«J’ai 36 ans et je suis un pur produit Bigouden, j’ai grandi à Plozévet. Puis j’ai fait des études à Vannes et à Rennes en informatique. Je me suis rendu compte que l’informatique n’était pas mon élément. J’ai ensuite continué mes études en management des organisations et administration territoriale. Mon rêve quand j’étais petit, c’était d’être gardien de phare ou océanographe, mais je n’aimais pas la Biologie à l’époque ! J’ai trouvé rapidement du travail à la communauté de communes à Audierne.

Je pratique sur la côte en Baie d’Audierne et dans le Cap Sizun la chasse sous-marine et le surf.
J’ai commencé sur une planche de bodyboard en polystyrène, puis à l’adolescence, je suis vite passé au surf, j’ai acheté une planche et j’y allais avec une bande de copains. Tout le monde faisait du surf, on était tous tournés vers l’océan. J’allais à la plage du Gored, « Ploz’ beach », la plage du Menhir. Grâce au surf j’ai rencontré de nouveaux copains, qui sont maintenant devenus mes amis, sur un spot juste en bas de chez moi. On peut dire que je suis un « self made surfeur ».

Nous avons ensuite commencé à voyager avec mes amis pour surfer. C’est le « surf » qui m’a fait bouger de la Bretagne, on était à la quête de la plus belle vague du pays, rencontrer des locaux, partager avec eux leur vie, découvrir et visiter la région…Nous sommes allés au Pérou, Salvador, Sénégal, Madagascar, la Réunion, Nouvelle-Zélande…C’est une parenthèse dans ma vie quotidienne, mais je suis toujours content de revenir. Chaque voyage me construit, me permet d’être confronté à d’autres situations, à apprendre à me connaitre et m’oblige à savoir qui je suis. Et en rentrant cela permet de renforcer le lien très fort que nous avons avec le Finistère. Car c’est un endroit magique, beau et on est très fier d’être nés ici. Quand on prend du recul, on apprécie encore mieux l’endroit où on vit. »

TOST Mag : Comment vous êtes-vous lancés  dans le miel à Plozévet ?

Véronique – « Les Atelières de la Reine » :

« Il y a 2 ans,  nous avons quitté Pont l’Abbé pour venir nous installer à Plozévet. Le miel a toujours été présent dans la famille de Fabien. C’est comme ça que j’ai découvert le miel l’apiculture.

Nous avons d’abord commencé par trois ruches, au départ ce qui plaisait le plus à Fabien, c’était surtout la vie de l’abeille. On a l’impression que c’est un « brouhaha » mais en réalité il est extrêmement « normé », chaque abeille à sa place et sa fonction, et vivent en harmonie. Nous sommes également très sensibles à l’impact de l’environnement sur l’abeille (l’usage des pesticides et son impact sur les abeilles). C’est venu très naturellement, Fabien est très « Océan » et moi je suis plutôt « Terre ». Puis progressivement, le cheptel grandissant, nous avons fait quelques récoltes de miel et nous avons ensuite eu envie de partager cette passion.

J’aime la beauté qui se dégage de l’essaim, son organisation, sa fluidité, la minutie du travail des abeilles. Bien comprendre les saisons, le rythme de la nature, la floraison, me balader dans la campagne et aller sur les lieux où les abeilles butinent et savoir d’où vient le miel, tout cela est passionnant. Ça me permet d’avoir aussi une bouffée d’air frais et de me rattacher à mon terroir.

Maintenant nous avons une trentaine de ruches. Nous récupérons des essaims naturels, laissons les reines et les abeilles aller où elles veulent, elles peuvent voyager, elles sont libres (comme nous !). Nous sommes pour une apiculture douce, (pas mécanique), dans l’observation des abeilles, et le respect de leur rythme naturel. »

Fabien – « Les Atelières de la Reine » :

« Quand on était en Nouvelle-Zélande, les marchés publics ne servaient à rien (métier de Fabien), ce n’était pas suffisant, il nous fallait aussi un métier manuel pour gagner de l’argent. À notre retour, nous avons visité les ruches d’un cousin et ce fut une révélation, un coup de foudre pour les abeilles. J’ai aidé mon cousin à récolter le miel, puis j’ai acheté ma première ruche et j’ai attendu qu’un essaim vienne s’installer dans cette ruche vide (au bout de 3 semaines). J’ai passé l’été à observer les abeilles, pour comprendre comment elles vivent, comment elles interagissent entre elles.

De fil en aiguille, il y a eu la première ruche, puis l’année suivante la seconde et un nouvel essaim, puis trois ruches. Et nous avons commencé à faire la première récolte – 10 kg de miel au printemps, puis à la fin de l’été une deuxième récolte de 40 kg avec 3 ruches.

Aujourd’hui, nous avons 6 emplacements de ruches entre Poullan-sur-mer et Plozévet, près de l’océan. Nous avons racheté 3 ruchers d’un monsieur de 90 ans et il nous a transmis son savoir-faire et son expérience».

«J’ai pu suivre la floraison, et comprendre le miel que les abeilles produisent :

  • Le miel de printemps : pruneliers, colza et aubépines
  • Le miel d’été : ronces, bruyères, châtaigniers, Sarrazin (septembre)

J’ai eu envie de partager ma passion avec les autres, et à chaque fois les gens étaient réceptifs, ils voulaient connaitre notre démarche respectueuse, en adéquation avec la nature, nous avons une approche « douce » qui respecte le rythme de l’abeille. C’est primordial pour moi de sensibiliser les personnes à l’importance de la pollinisation, à la protection de l’environnement et notamment l’impact des pesticides sur les abeilles».

« Nous voulons vivre en harmonie avec nos valeurs : prendre soin de soi et des abeilles, produire du bon miel d’une manière respectueuse des abeilles et de l’environnement. »

«L’infini petit dit beaucoup sur ce qu’on vit, sur notre immense univers, cet écosystème, cette mini-ville. On peut en les observant s’interroger sur le sens de la vie, la fragilité du vivant.

Je suis rentrée en formation de naturopathie et thérapie manuelle. J’ai pris conscience avec les ruches, que je me sentais bien, que j’étais en bonne santé. J’ai lu un livre qui s’appelle « Ces abeilles qui nous guérissent » de Roch Domerego, qui a beaucoup voyagé pour étudier l’apiculture. On peut faire de belles choses avec les abeilles, comprendre le fonctionnement du corps humain et savoir comment se soigner via les produits de la ruche : c’est l’apithérapie.

Les abeilles ont été une porte d’entrée vers d’autres choses. Et cela m’a permis de m’ouvrir et comprendre comment fonctionne le vivant (pour moi qui n’aimait pas la Biologie petit !). Via les abeilles j’ai fait le lien avec les Hommes.

Les abeilles m’ont permis de sortir la tête de l’eau, car je passais tout mon temps libre au surf et à la chasse sous-marine, ça m’a ramené sur terre en quelque sorte ! »

TOST Mag : D’où vient le nom « Les Atelières de la Reine »?

Véronique – « Les Atelières de la Reine » :

«En premier c’était « Abeillez-vous », puis nous l’avons vite oublié ! Sur la route en allant en vacances vers les Landes, dans la voiture j’ai pensé au nom « Les Atelières de la Reine ». Le nom est un parallèle avec le fonctionnement de la ruche et de la mode.

En effet les abeilles travaillent comme dans un petit atelier, avec dextérité et finesse, comme si elles devaient fabriquer « La Robe ».

Les atelières ce sont les petites mains dans la haute couture, les abeilles ouvrières sont elles aussi les petites mains qui fabriquent le miel dans la ruche autour de la Reine. L’ouvrière va changer de statut dans la ruche tout au long de sa vie, elle va faire tous les métiers = nourricière, ouvrière, maçonne, butineuse, gardienne…. Il faut beaucoup d’abeilles et de métiers différents dans la ruche pour arriver à fabriquer une « collection » de miel.

C’est aussi pour évoquer toutes les personnes qui sont au service des abeilles et qui gravitent de près ou de loin autour des ruches. Ce sont les reines qui donnent le tempo et qui décident.

L’autre parallèle avec la mode, ce sont les collections en fonction des saisons. On présente à chaque collection un miel différent, en fonction de ce que la nature propose, des mélanges et des accords de miels que nous choisissons.»

«Par exemple, cette association de saveurs nous l’avons faite avec le miel de Sarrazin (Blé noir) et le coté acidulé de la Bruyère. On s’intéresse aux goûts et essayons de reconnaitre les saveurs. Le Miel est un produit gourmand, réconfortant et consommé dans un esprit « cocooning ». Nous essayons d’élargir d’autant plus le panel de saveurs qu’offre le miel.

Le logo et l’univers graphique a été créé par une amie graphiste Lysandre Graebling que j’ai rencontrée à la Maison Rykiel où j’ai travaillé (Graphiste textile et co-fondatrice du bureau de création graphique et design textile TOHU BOHU www.tohu-bohu-bureau.fr).

Le logo représente une abeille avec une petite couronne, elle est noire et blanche  comme la Bretagne (clin d’œil aux couleurs au drapeau Gwen Ha Du), et les vaguelettes représentent l’océan qui relie l’abeille à la fleur. »

TOST Mag : Vous avez un lien respectueux avec vos abeilles, de quoi s’agit-il pour vous ?

Fabien – « Les Atelières de la Reine » :

« On se prépare mentalement à aller les voir, au début je mettais des gants et maintenant j’y vais avec moins de protection, comme s’il y avait une confiance entre les abeilles et moi. J’aime bien « mettre les mains » dans les abeilles, les sentir et avoir ce contact avec elles.

Au bruit je sais comment va la ruche, j’entends si l’essaim est « orphelin » (NDLR : la Reine est partie ou bien est morte).

Nous sommes très attachés à nos abeilles, le miel qu’elles produisent est un support pour aller vers les autres et partager, c’est un vecteur d’échanges. »

TOST Mag : Avez-vous une devise ?

Véro – « Les Atelières de la Reine » :

« On a qu’une vie, ce n’est pas pour s’habiller comme un sac ! » LOL !-)

Plus sérieusement, « God save the Queen » 😉

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Interview & photos Magali Nouguier  • Fabien Mao • Fabien Bourdon

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Francis Chaléat, surf culture en Pays Bigouden

Francis Chaléat et la surf culture en Pays Bigouden

TOST est allé à la rencontre de Francis Chaleat : natif de Pont l’Abbé, enfant du Pays Bigouden où il a grandi.
Il connaît comme sa poche la pointe de la Torche à Plomeur, le fameux spot de surf du Finistère Sud où il a pris ses premières vagues en bodyboard à l’âge de 10 ans.
Il vient d’organiser avec l’ESB Surf Club la première édition du E. Leclerc Pont L’Abbé Junior Pro La Torche 2018 (durant les vacances scolaires de printemps, du 9 au 13 Mai), qui pour la toute première fois en Bretagne fait figurer la pointe de la Torche, haut lieu du surf Français et Européen, parmi les 6 étapes du circuit qualificatif de surf professionnel junior de la World Surf League, lui offrant ainsi une visibilité à l’échelle internationale.
L’élite européenne du surf espoir, ainsi que nos jeunes surfeurs et surfeuses bretons, s’y sont affrontés sur des vagues dignes de la réputation du spot mythique de la Baie d’Audierne.
Francis Chaleat partage avec nous sa passion pour le surf, ses souvenirs d’enfance sur les dunes de la Torche et ses autres passions comme la musique et la composition…

TOST Mag : Quand as-tu commencé à surfer ?

Francis Chaleat :

«J’ai découvert le surf en 96, au lieu de traîner dans mon lotissement l’été, ma mère m’avait inscrit à un stage de surf en me promettant une crêpe au chocolat à la fin de la journée (LOL) ! C’était à l’ESB la Torche avec Didier Tirilly, ça m’a plu et du coup j’en ai fait toute la semaine et j’ai reçu une Vague d’Or à la fin du stage. Ensuite mes parents m’ont acheté ma première planche, j’étais vraiment motivé pour surfer, ce fut un gros déclic. J’avais même fait une dissertation à la rentrée et j’avais eu un 17/20, j’étais inspiré !

J’ai ensuite suivi les cours au centre d’entraînement de l’école de surf ESB La Torche, j’allais en perfectionnement surf tous les mercredis et samedis. C’était 4 ans après l’ouverture de l’ESB, il y avait de nouvelles infrastructures, c’était le début du « surf encadré, structuré » à la pointe de la Torche. Il y avait à l’époque une école de surf et deux clubs dans le pays Bigouden : le Pont l’Abbé Surf Association (PASA) créé par Bruno Troadec et Gilles Romigou et le Kangourou Surf Club (KSC) où moi j’étais licencié, ce qui me permettait de participer aux compétitions de surf. Une grosse partie de mes copains étaient au PASA, j’y passais aussi pas mal de temps. »

TOST Mag : Qu’est-ce qui te plaisait le plus dans le surf ?

Francis Chaleat :

« J’ai participé à mon premier stage avec un ami, et c’est aussi comme ça que j’ai rencontré mes amis d’enfance : Pierre et Julien Troadec, Germain Romigou, et les frères Maël et Alan l’Helgoualc’h, les frères Le Berre (Rise Up)… On était une bande de copains qui aimait traîner à la Torche. On passait beaucoup de temps sur la pointe, on y allait dès qu’on avait du temps libre, après l’entraînement de surf et le week-end. On laissait même nos affaires derrière les toilettes sur le parking derrière l’ESB, et pour la petite histoire, on s’amusait à voler le goûter des autres !

On était très autonomes, nos parents nous déposaient pour la journée et on squattait les blockhaus sur la plage, c’était notre terrain de jeu. Plus tard, en grandissant, Le soir venu, on allait user nos tongs sur le parquet de la discothèque « À l’Ouest », (NDLR – elle est maintenant fermée), la seule boîte du coin où tu pouvais venir en short et en tongs pour danser.

J’ai participé à ma première compétition assez vite, j’ai remporté quelques coupes, et cela m’a permis de renforcer les liens avec mes amis lors des déplacements dans le Sud Ouest.

«J’aime rappeler des souvenirs un peu « à l’arrache » du début, où on se déplaçait avec l’ESB dans un camion bleu avec notre conducteur/moniteur/entraineur Claude Pricart (qui aujourd’hui a son école à Tréguennec), mais aussi Didier Tirrily ou Ronan Chatain. Je garde les souvenirs où l’on devait sortir du camion, pousser tous dessus pour qu’il redémarre…

Puis l’ESB s’est structurée petit à petit, s’orientant de plus en plus vers le haut niveau, achetant le premier caméscope pour filmer nos sessions et analyser nos manœuvres, c’était innovant en 1998. C’est aussi l’époque de la création de la première section sportive au collège Paul Langevin avec le professeur d’EPS Yannick le Coz de l’Atlantic Surf Shop et qui a aussi fondé le Kangourou Surf Club.

Didier Tirrily a impulsé la création du Pôle Espoir Surf de Bretagne, ouvert en 2001. J’ai pu bénéficier des entraînements de la filière d’accès au haut niveau pendant deux ans. C’était la première génération qui bénéficiait de cet accompagnement en surf au lycée. J’étais dans la même promotion que Sébastien Le Berre (Ecole de surf RIZE UP), Thomas Joncour suivait aussi les entraînements avec Alan l’Helgoualc’h (les deux fondateurs du 29 HOOD Surf Club), Gautier Hamon (décédé accidentellement lors d’une session de surf à Brest) et Léa Brassy (artiste, surfeuse et aventurière, elle sillonne le monde et a tourné une série de documentaires, elle vient de sortir une vidéo en ligne de son aventure surf et montagne en Islande avec son compagnon Vincent Colliard). »

TOST Mag : Quel est ton meilleur souvenir de compétition ?

Francis Chaleat :

« J’ai été Champion de Bretagne de Surf en 2000 sur mon spot d’enfance à la Torche, Sinon je suis aussi monté sur les podiums sur la seconde ou troisième marche.

Je m’étais inscrit à l’« Expression Session » en marge des EPSA la Coupe d’Europe de Surf sponsorisé par Kanabeach, cette épreuve récompensait la manœuvre la plus spectaculaire ; je me rappelle d’ailleurs qu’à l’inscription on nous donnait une capote, j’avais 12 ans, original, non ?

J’avais concouru aux côtés des meilleurs surfeurs européens ainsi que de mes potes Florian Talouarn et Julien Troadec, j’avais ramé à contre-courant et je n’avais même pas réussi à passer la barre, néanmoins je ne m’étais pas démonté et je n’avais pas lâché l’affaire ! »

TOST Mag : Quel est ton parcours ?

Francis Chaleat :

« J’ai fait des études supérieures en Licence STAPS, mention Éducation et Motricité, puis j’ai passé mon Brevet d’Etat pour enseigner le surf, après avoir bossé comme entraîneur j’ai repris ensuite mes études à 27 ans, pour passer un Master 1 et 2 en Management, Tourisme et Évènementiel Sportif, je voulais valider un Bac + 5 et me professionnaliser dans l’événementiel sportif.

J’ai fait mes stages chez Twenty Nine à la Torche pour mon M1 et M2. J’ai aussi reçu les félicitations des professeurs de Master pour mon mémoire concernant l’organisation des écoles de surf sur le site de la Torche et Pors Carn.

Le surf m’a permis de me « réaliser » et de m’épanouir.  Et ce master m’a permis d’avoir une reconnaissance de mon expérience pro et de mon travail personnel.

Après mon master,  je suis parti dans le Sud-Ouest pour changer d’air, j’ai enseigné le surf, la boxe et j’ai eu l’opportunité de travailler sur des événements de plus grande envergure comme le Quick Pro. Mon expérience sur le Quik pro m’a motivé à remonter pour impulser le projet du Pro Junior à La Torche.»

TOST Mag : Quel est ton Homespot préféré ?

Francis Chaleat :

« Sans aucun doute ma plage d’enfance c’est la Torche, mais il y a également plein d’autres spots que j’affectionne et qui fonctionnent bien l’hiver avec la grosse houle. »

TOST Mag : Peux-tu partager avec nous un de tes meilleurs souvenir de session ?

Francis Chaleat :

« Mon meilleur souvenir, c’était lors d’une compétition sur la Pointe de la Torche, je coachais au Championnat de France de surf en 2006 le Breton Hugo Le Frapper, 17 ans, qui était au Pôle Espoir, et pratiquait le Longboard Surf dans l’équipe de Bretagne Espoir. On se connaissait bien et on se faisait confiance.

Lors de la finale, la marée était basse, il y avait une gauche qui marchait bien, je devais lui donner des instructions. Hugo était challenger et pas favori, lors d’une dernière série de vagues, je lui ai fait signe d’attendre et de ne pas prendre la première vague, mais plutôt la suivante qui était top, il l’a surfé et a été noté (quasiment) 10 (NDLR – la meilleure note en surf donnée sur une vague).

Hugo a remporté le trophée du Championnat de France. L’autre Breton Mathieu Maréchal a fini en 3e position.

Je suis maintenant lié à vie avec lui grâce à ce super souvenir que nous partageons, ce n’était pas moi qui surfais et j’étais tellement fier de lui, Hugo m’a fait confiance dans ce moment décisif.

J’ai un autre très bon souvenir, c’est quand j’ai fait mon premier voyage solo à l’âge de 15 ans en Guadeloupe avec Florian Talouarn, on était parti tout le mois de février. Une « locale » nous hébergeait et nous préparait à manger.

C’était cool, on allait surfer à pied sur le spot « Le Moule », sans conteste l’un des spots des plus connus de l’île. Les vagues peuvent y être puissantes, il est sur un reef et attire de nombreux surfeurs. Passer 1 mois entier à surfer du matin au soir, au soleil, libre, c’est un super souvenir de surftrip, surtout à 15 ans et sans parents !»

TOST Mag : Quand tu ne surfes pas tu mixes sur tes platines ?

Francis Chaleat :

« La première fois que j’ai écouté de l’électro et plus particulièrement la House Music c’était avec les sets des DJs comme DJ Mat (alias Mathieu Le Moal). Mon premier souvenir est de le voir lors des EPSA organisé par Kanabeach, j’avais 12-13 ans, on pouvait danser sur les dunes, c’était une super ambiance, j’ai d’excellents souvenirs. Il y avait quelques DJs parmi tout ces tontons surfeurs de la Torche, ils mixaient aux platines de l’ancienne boîte de nuit de la pointe de la Torche « À l’Ouest », ou encore au Kalao à Combrit. Dans les années 90, on écoutait beaucoup de Punk Rock qui passait en bande-son sur les vidéos de surf. Je suis passé derrière les platines plus tard, à 20 ans, c’était nouveau et synonyme de fête. J’adorais aller en boîte et écouter les sets d’électro.

J’ai acheté mes premières platines avec Pierre Troadec à 20 ans, j’avais envie de faire comme ces DJs, Je suis plutôt quelqu’un d’indépendant, je n’ai jamais vraiment fait partie d’un collectif, en revanche plutôt en solo, invité par les autres collectifs. J’ai joué avec les Fresharts, Electric Picnic, Impact Electric, et maintenant le KREW KARACHA !

J’ai maintenant moins besoin de surfer et je vais plutôt boxer ou mixer sur mes platines, composer des morceaux. J’aimerais sortir un EP avec un mélange d’électro et d’acoustique (NDLR – Francis joue aussi de la guitare et clavier).

Je fais de la composition M.A.O (Musique Assistée par Ordinateur) sur le séquenceur musical professionnel « Live » de Ableton qui permet d’enregistrer des pistes et de les séquencer. Quand je fais un DJ Set, j’aime jouer les morceaux des autres et faire danser les gens. Les musiciens qui m’inspirent actuellement sont Nicolas Jaar, M83 ou encore Christophe, j’aime écouter son dernier album « Vestige du Chaos », j’aime les arrangements acoustiques et synthé. »

TOST Mag : Tu viens d’organiser le E.Leclerc Pont-l’Abbe Junior Pro La Torche avec l’ESB, peux-tu nous dire comment est né ce projet ?

Francis Chaleat :

« Après avoir bossé comme moniteur de surf et prof de boxe dans le Sud-Ouest, j’ai participé au Quick Pro, je gérais l’espace Athlètes et j’aimais le monde de l’événementiel sportif, avec mon diplôme en poche, je me disais que je pouvais aussi organiser la même chose en Bretagne.

Je pense à ce projet depuis 3 ans. C’est en discutant avec Maël l’Helgoualc’h et Florian Talouarn (NDLR – entraîneurs et préparateurs du Clés Pôle Espoir Bretagne), que j’ai compris la pertinence d’un événement pour les moins de 18 ans, le Pro Junior sur le site de la Torche était le concept le plus pertinent.

Ronan Chatain a accepté de porter le projet avec l’ESB Surf Club et son expérience allait aussi nous permettre de structurer l’événement et d’être suivi localement par les institutions. J’ai créé le premier dossier de présentation, puis nous avons présenté le projet au Salon Nautic à Paris en Décembre 2017. Lorsque j’ai trouvé notre premier gros partenaire E. LECLERC Pont l’Abbé. En parallèle Ronan a trouvé les premières subventions, nous avons gagné en confiance puis la WSL a validé le projet et intégré l’étape de la Torche dans le circuit pro junior de surf en Europe.

Tout s’est enchaîné assez vite finalement. Mais cela a été très fatigant car nous étions dans l’urgence dès le début mais il fallait porter ce projet dès 2018 ! »

TOST Mag : Le E. Leclerc Junior Pro vient de se terminer, quel bilan en dresses-tu ?

Francis Chaleat :

« Cela fait à peine 15 jours que l’événement est passé, donc à chaud : sur l’événement en lui même, nous avons eu beaucoup beaucoup de bons retours de la part de la WSL, des athlètes, du public, des institutions et de la majorité des partenaires, donc je dirais que c’est une réussite sur beaucoup de points.
Personnellement, j’avais plusieurs objectifs à travers ce projet.

Le surf et la Bretagne m’ont beaucoup donné, je voulais en retour apporter quelque chose de spécial et innovant et c’est chose faite !

J’ai entendu différents acteurs de ce sport déclarer : « le pro junior est une page de l’histoire du surf en Bretagne », je suis content de l’entendre même si je n’ai pas eu besoin d’eux pour en être convaincu !

Je voulais également me créer l’opportunité de concevoir un projet, de le défendre et d’apprendre, c’est également chose faite ! »

TOST-magazine-Francis-Chaleat-Surf-La-Torche-Mai-2018-credit-Magali-NouguierTOST Mag : D’après toi comment va évoluer le surf en Bretagne ?

Francis Chaleat :

« Parler du surf en Bretagne est très large.

Je m’arrêterai sur le plan sportif.

On est sur une logique pyramidale qui se développe. Une base de pratiquants débutants qui augmente du fait des clubs et des écoles de surf en pleine essor amenant un accès plus restreint à l’élite, si on raisonne dans une logique de performance, ce processus est très bon car il accroît la compétitivité chez le pratiquant.

Avec le Pôle Espoir, les jeunes surfeurs sont encadrés par des entraîneurs et préparateurs toute l’année et sur toute leur scolarité. On voit maintenant les résultats de ce travail de plusieurs années. Chez les Bretons, le niveau augmente ; on le constate depuis plusieurs années sur les compétitions nationales et internationales.

Le Pôle Espoir est une filière d’entraînement qui fonctionne depuis 2001 et qui connaît actuellement ses meilleurs résultats. Cependant le niveau d’expertise chez les jeunes surfeurs internationaux augmente sans cesse et la compétition est rude pour nos jeunes Bretons qui, cependant, progressent également.

Si on veut que cette filière soit de plus en plus performante, il faudra plus de moyens financiers pour permettre aux entraîneurs un cadre professionnel plus serein pour leur dégager plus de temps, approfondir leur approche de l’entraînement, suivre les athlètes sur toutes les compétitions et permettre aux athlètes et entraîneurs des stages d’entraînement en période hivernale, car progresser en hiver en combi cagoule chaussons est plus difficile qu’en short dans l’eau chaude, là ou les habiletés motrices se développent plus facilement.  Cette vision se défend lorsque l’on sait que la France accueille les J.O en 2024 et que le surf sera aux J.O.»

« Si la filière ne bénéficie pas de plus de moyens, alors la performance des athlètes continuera d’évoluer, de façon très individualisée et aléatoire, en fonction des soutiens privés, des sponsors, du soutien de la famille et de sa catégorie socio-professionnelle. Dans ce sens, nous pouvons observer dans le Sud-Ouest et même en Bretagne, des cas de déscolarisation afin de dégager plus de temps pour s’entraîner et voyager avec un suivi scolaire par le CNED. Des choix très critiqués mais qui, je pense, sont en cohérence avec la logique de l’activité. En effet, le surf se pratique dans un environnement éphémère où la capacité à s’adapter à l’instant T est une compétence majeure. Ainsi, voyager et surfer différentes vagues permet d’accroître cette compétence à s’adapter et performer sur différents supports (vague).

Si on met de côté l’idée de croissance et de développer la performance, j’estime que le Pôle Espoir Surf est déjà tellement bénéfique pour tous ces jeunes !

Elle permet à beaucoup d’entre eux de suivre une scolarité classique tout en assumant une charge d’entraînement élevée leur permettant de progresser dans leur sport, de briller pour certains au niveau national et de plus en plus au niveau européen et international !

Apprendre à gérer deux objectifs, sportif et scolaire, avec une priorité à la scolarité, est pour moi, aussi louable et valorisant que vouloir et pouvoir devenir champion du monde de surf.»

TOST Mag : Quels sont tes prochains projets ?

Francis Chaleat :

«J’en ai plein, je sais que le pro junior faisait partie du top 3 de ma « wishlist » il va falloir que je ressorte ma liste du coup 😉»

TOST Mag : As-tu une devise ?

Francis Chaleat :

«Cela semble toujours impossible jusqu’à ce qu’on y arrive » de Nelson Mandela.

TOST Mag : Tu te sens TOST (proche) de quoi ?

Francis Chaleat :

«Je me sens proche de l’océan et de mes amis avant tout.»


Interview & photos Magali Nouguier

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