Les Atelières de la Reine : miellerie « Haute-Couture » en Baie d’Audierne

TOST aime vous faire découvrir des personnes qui développent des initiatives positives et durables. Cette fois on vous emmène chez Véronique et Fabien, un couple d’(Happy) apiculteurs amateurs, qui ont installé leur miellerie « Les Atelières de la Reine » au cœur la Baie d’Audierne avec vue sur la mer !
Je suis allée chez eux à Plozévet, ils m’ont accueillie avec un thé, et du miel (bien évidemment), entourés de leurs chats et de livres dans leur grande yourte contemporaine et très cosy avec vue sur l’océan. Le spot de surf de Fabien est à deux pas de là, et leurs ruches à peine à 5 minutes à pied de la miellerie.
Ils partagent avec nous leur passion pour leurs abeilles, mais aussi la mode, le surf et les voyages…

TOST Mag : Pouvez-vous vous présenter aux lecteurs de TOST ?

Véronique – « Les Atelières de la Reine » :

«J’ai 35 ans et je viens du « bout du monde » ! Je suis originaire de la pointe du Raz où j’ai grandi. Puis j’ai bougé sur Quimper (saut de puce !) et sur Nantes pour mes études. J’ai une formation initiale en comptabilité et audit financier. J’ai exercé à Quimper dans un cabinet comptable, je ne me sentais pas vraiment dans mon élément, je mettais des chiffres dans des cases, je ne me sentais pas en phase avec ce métier…

J’ai ressenti un très fort besoin de partir et de voyager, de perdre mes repères et découvrir le monde ! Fabien et moi, sommes partis en direction de la Nouvelle Zélande fin 2011. Nous avons acheté sur place un fourgon Toyota pour sillonner les routes sans contrainte, à notre rythme, en liberté dans des paysages incroyables ! On est parti en Nouvelle-Zélande, car c’était très loin, anglophone et également parce que c’est une destination réputée pour ses spots de surf et ses vagues !-) Fabien et moi voulions améliorer notre anglais pendant notre séjour « overseas ». Cela m’a permis de bien réfléchir sur mes futurs projets et de prendre confiance.

Après avoir découvert toute la Nouvelle-Zélande pendant plusieurs mois, du Nord au Sud et d’Est en Ouest, nous sommes revenus en France. J’ai repris mes études à l’ IAE de Strasbourg car je voulais intégrer une grande maison de luxe, made in France, une « Maison » qui offre une vision du monde à l’instant T. La mode a toujours d’un temps d’avance. La mode, c’est plus qu’un vêtement, je suis attirée par la mode car elle raconte une histoire en utilisant des techniques artisanales et en même temps très innovantes et d’avant-gardes.

Pendant cette année de transition, ce fut une année très intense, avec la reprise des études, je passais mon temps entre Strasbourg, Paris et le Finistère. Puis j’ai intégré la maison Sonia Rykiel, je suis restée 3 ans sur Paris. Je rentrais régulièrement en Pays Bigouden pour renouer avec la nature « sauvage » ! »

Fabien – « Les Atelières de la Reine » :

«J’ai 36 ans et je suis un pur produit Bigouden, j’ai grandi à Plozévet. Puis j’ai fait des études à Vannes et à Rennes en informatique. Je me suis rendu compte que l’informatique n’était pas mon élément. J’ai ensuite continué mes études en management des organisations et administration territoriale. Mon rêve quand j’étais petit, c’était d’être gardien de phare ou océanographe, mais je n’aimais pas la Biologie à l’époque ! J’ai trouvé rapidement du travail à la communauté de communes à Audierne.

Je pratique sur la côte en Baie d’Audierne et dans le Cap Sizun la chasse sous-marine et le surf.
J’ai commencé sur une planche de bodyboard en polystyrène, puis à l’adolescence, je suis vite passé au surf, j’ai acheté une planche et j’y allais avec une bande de copains. Tout le monde faisait du surf, on était tous tournés vers l’océan. J’allais à la plage du Gored, « Ploz’ beach », la plage du Menhir. Grâce au surf j’ai rencontré de nouveaux copains, qui sont maintenant devenus mes amis, sur un spot juste en bas de chez moi. On peut dire que je suis un « self made surfeur ».

Nous avons ensuite commencé à voyager avec mes amis pour surfer. C’est le « surf » qui m’a fait bouger de la Bretagne, on était à la quête de la plus belle vague du pays, rencontrer des locaux, partager avec eux leur vie, découvrir et visiter la région…Nous sommes allés au Pérou, Salvador, Sénégal, Madagascar, la Réunion, Nouvelle-Zélande…C’est une parenthèse dans ma vie quotidienne, mais je suis toujours content de revenir. Chaque voyage me construit, me permet d’être confronté à d’autres situations, à apprendre à me connaitre et m’oblige à savoir qui je suis. Et en rentrant cela permet de renforcer le lien très fort que nous avons avec le Finistère. Car c’est un endroit magique, beau et on est très fier d’être nés ici. Quand on prend du recul, on apprécie encore mieux l’endroit où on vit. »

TOST Mag : Comment vous êtes-vous lancés  dans le miel à Plozévet ?

Véronique – « Les Atelières de la Reine » :

« Il y a 2 ans,  nous avons quitté Pont l’Abbé pour venir nous installer à Plozévet. Le miel a toujours été présent dans la famille de Fabien. C’est comme ça que j’ai découvert le miel l’apiculture.

Nous avons d’abord commencé par trois ruches, au départ ce qui plaisait le plus à Fabien, c’était surtout la vie de l’abeille. On a l’impression que c’est un « brouhaha » mais en réalité il est extrêmement « normé », chaque abeille à sa place et sa fonction, et vivent en harmonie. Nous sommes également très sensibles à l’impact de l’environnement sur l’abeille (l’usage des pesticides et son impact sur les abeilles). C’est venu très naturellement, Fabien est très « Océan » et moi je suis plutôt « Terre ». Puis progressivement, le cheptel grandissant, nous avons fait quelques récoltes de miel et nous avons ensuite eu envie de partager cette passion.

J’aime la beauté qui se dégage de l’essaim, son organisation, sa fluidité, la minutie du travail des abeilles. Bien comprendre les saisons, le rythme de la nature, la floraison, me balader dans la campagne et aller sur les lieux où les abeilles butinent et savoir d’où vient le miel, tout cela est passionnant. Ça me permet d’avoir aussi une bouffée d’air frais et de me rattacher à mon terroir.

Maintenant nous avons une trentaine de ruches. Nous récupérons des essaims naturels, laissons les reines et les abeilles aller où elles veulent, elles peuvent voyager, elles sont libres (comme nous !). Nous sommes pour une apiculture douce, (pas mécanique), dans l’observation des abeilles, et le respect de leur rythme naturel. »

Fabien – « Les Atelières de la Reine » :

« Quand on était en Nouvelle-Zélande, les marchés publics ne servaient à rien (métier de Fabien), ce n’était pas suffisant, il nous fallait aussi un métier manuel pour gagner de l’argent. À notre retour, nous avons visité les ruches d’un cousin et ce fut une révélation, un coup de foudre pour les abeilles. J’ai aidé mon cousin à récolter le miel, puis j’ai acheté ma première ruche et j’ai attendu qu’un essaim vienne s’installer dans cette ruche vide (au bout de 3 semaines). J’ai passé l’été à observer les abeilles, pour comprendre comment elles vivent, comment elles interagissent entre elles.

De fil en aiguille, il y a eu la première ruche, puis l’année suivante la seconde et un nouvel essaim, puis trois ruches. Et nous avons commencé à faire la première récolte – 10 kg de miel au printemps, puis à la fin de l’été une deuxième récolte de 40 kg avec 3 ruches.

Aujourd’hui, nous avons 6 emplacements de ruches entre Poullan-sur-mer et Plozévet, près de l’océan. Nous avons racheté 3 ruchers d’un monsieur de 90 ans et il nous a transmis son savoir-faire et son expérience».

«J’ai pu suivre la floraison, et comprendre le miel que les abeilles produisent :

  • Le miel de printemps : pruneliers, colza et aubépines
  • Le miel d’été : ronces, bruyères, châtaigniers, Sarrazin (septembre)

J’ai eu envie de partager ma passion avec les autres, et à chaque fois les gens étaient réceptifs, ils voulaient connaitre notre démarche respectueuse, en adéquation avec la nature, nous avons une approche « douce » qui respecte le rythme de l’abeille. C’est primordial pour moi de sensibiliser les personnes à l’importance de la pollinisation, à la protection de l’environnement et notamment l’impact des pesticides sur les abeilles».

« Nous voulons vivre en harmonie avec nos valeurs : prendre soin de soi et des abeilles, produire du bon miel d’une manière respectueuse des abeilles et de l’environnement. »

«L’infini petit dit beaucoup sur ce qu’on vit, sur notre immense univers, cet écosystème, cette mini-ville. On peut en les observant s’interroger sur le sens de la vie, la fragilité du vivant.

Je suis rentrée en formation de naturopathie et thérapie manuelle. J’ai pris conscience avec les ruches, que je me sentais bien, que j’étais en bonne santé. J’ai lu un livre qui s’appelle « Ces abeilles qui nous guérissent » de Roch Domerego, qui a beaucoup voyagé pour étudier l’apiculture. On peut faire de belles choses avec les abeilles, comprendre le fonctionnement du corps humain et savoir comment se soigner via les produits de la ruche : c’est l’apithérapie.

Les abeilles ont été une porte d’entrée vers d’autres choses. Et cela m’a permis de m’ouvrir et comprendre comment fonctionne le vivant (pour moi qui n’aimait pas la Biologie petit !). Via les abeilles j’ai fait le lien avec les Hommes.

Les abeilles m’ont permis de sortir la tête de l’eau, car je passais tout mon temps libre au surf et à la chasse sous-marine, ça m’a ramené sur terre en quelque sorte ! »

TOST Mag : D’où vient le nom « Les Atelières de la Reine »?

Véronique – « Les Atelières de la Reine » :

«En premier c’était « Abeillez-vous », puis nous l’avons vite oublié ! Sur la route en allant en vacances vers les Landes, dans la voiture j’ai pensé au nom « Les Atelières de la Reine ». Le nom est un parallèle avec le fonctionnement de la ruche et de la mode.

En effet les abeilles travaillent comme dans un petit atelier, avec dextérité et finesse, comme si elles devaient fabriquer « La Robe ».

Les atelières ce sont les petites mains dans la haute couture, les abeilles ouvrières sont elles aussi les petites mains qui fabriquent le miel dans la ruche autour de la Reine. L’ouvrière va changer de statut dans la ruche tout au long de sa vie, elle va faire tous les métiers = nourricière, ouvrière, maçonne, butineuse, gardienne…. Il faut beaucoup d’abeilles et de métiers différents dans la ruche pour arriver à fabriquer une « collection » de miel.

C’est aussi pour évoquer toutes les personnes qui sont au service des abeilles et qui gravitent de près ou de loin autour des ruches. Ce sont les reines qui donnent le tempo et qui décident.

L’autre parallèle avec la mode, ce sont les collections en fonction des saisons. On présente à chaque collection un miel différent, en fonction de ce que la nature propose, des mélanges et des accords de miels que nous choisissons.»

«Par exemple, cette association de saveurs nous l’avons faite avec le miel de Sarrazin (Blé noir) et le coté acidulé de la Bruyère. On s’intéresse aux goûts et essayons de reconnaitre les saveurs. Le Miel est un produit gourmand, réconfortant et consommé dans un esprit « cocooning ». Nous essayons d’élargir d’autant plus le panel de saveurs qu’offre le miel.

Le logo et l’univers graphique a été créé par une amie graphiste Lysandre Graebling que j’ai rencontrée à la Maison Rykiel où j’ai travaillé (Graphiste textile et co-fondatrice du bureau de création graphique et design textile TOHU BOHU www.tohu-bohu-bureau.fr).

Le logo représente une abeille avec une petite couronne, elle est noire et blanche  comme la Bretagne (clin d’œil aux couleurs au drapeau Gwen Ha Du), et les vaguelettes représentent l’océan qui relie l’abeille à la fleur. »

TOST Mag : Vous avez un lien respectueux avec vos abeilles, de quoi s’agit-il pour vous ?

Fabien – « Les Atelières de la Reine » :

« On se prépare mentalement à aller les voir, au début je mettais des gants et maintenant j’y vais avec moins de protection, comme s’il y avait une confiance entre les abeilles et moi. J’aime bien « mettre les mains » dans les abeilles, les sentir et avoir ce contact avec elles.

Au bruit je sais comment va la ruche, j’entends si l’essaim est « orphelin » (NDLR : la Reine est partie ou bien est morte).

Nous sommes très attachés à nos abeilles, le miel qu’elles produisent est un support pour aller vers les autres et partager, c’est un vecteur d’échanges. »

TOST Mag : Avez-vous une devise ?

Véro – « Les Atelières de la Reine » :

« On a qu’une vie, ce n’est pas pour s’habiller comme un sac ! » LOL !-)

Plus sérieusement, « God save the Queen » 😉

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Interview & photos Magali Nouguier  • Fabien Mao • Fabien Bourdon

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