Julie Gerecht, navigatrice et entrepreneure, hisse les voiles vers le Finistère Sud

Julie Gerecht, navigatrice et entrepreneure, a trouvé son équilibre de vie à la pointe du Finistère sud.

Julie Gerecht a choisi de vivre une vie pleine de projets, ouverte aux autres, remplie de passion et d’aventures. Skipper et entrepreneure, après 10 ans d’expérience dans le sport de haut niveau en voile (elle a participé en équipage aux Jeux Olympiques de 2008) et 10 ans de management en entreprise, elle est devenue consultante en nautisme et propose des programmes sur mesure pour les athlètes et les entreprises. Après toutes ces années intenses à bouger et voyager, elle a eu envie de trouver un lieu où se ressourcer, et c’est en pays Bigouden Sud qu’elle a choisi de s’arrêter, tombée sous le charme des paysages et de la nature, elle y a ouvert un gîte d’étape : le « Bigouden Backpacker ».

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TOST : Peux-tu te présenter aux lecteurs de TOST ?

«J’ai 39 ans, je suis entrepreneure et navigatrice. Ce que j’aime dans la vie, c’est faire des projets et surtout les réaliser. Je suis assez perfectionniste, j’ai pas mal d’idées. Maintenant je travaille avec mes valeurs, celles qui me poussent à l’action et sont ma source de motivation. Je recherche un rythme de vie, je sais maintenant ce que veux. »

« Depuis 5 ans, j’ai fait beaucoup de choses différentes, et maintenant j’ai besoin de simplifier ma vie, de passer du temps sur l’eau, d’aller à l’essentiel. »

« J’ai été Manager pendant plusieurs années d’un centre commercial au Havre, j’ai du arrêter complètement de naviguer, j’étais d’astreinte H24. En bateau je suis dans un autre état d’esprit, celui de l’apaisement. J’apprécie d’être sur l’eau et de prendre mon temps. Aujourd’hui j’ai la chance de concilier bateau avec plaisir.»

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TOST : D’où vient ta passion pour la mer ?

«J’ai commencé à naviguer à l’âge de 7 mois 1/2. Mes parents se sont rencontrés en bateau, dans un club de croisières. Pendant mon enfance, j’habitais dans la région parisienne. On partait chaque été naviguer pendant 1 mois, je passais tous mes mois de juillet en mer. J’ai fait des croisières en Croatie, Italie, Turquie, Antilles… »

TOST-Magazine-credit-Magali-Nouguier-Julie-GERECHT-Lechiagat-La-Torche-Juillet-2018-16TOST : Que représente le bateau, la navigation pour toi ?

« Pour moi un bateau n’est pas un espace restreint mais un espace de liberté. Il y a deux mondes, le monde de la mer et de la terre »

« Enfant lors des croisières en famille, je sortais souvent du bateau pour aller vers les autres et je me faisais des amis partout, armée d’une épuisette ! J’ai appris tôt la richesse des autres et le plaisir de partager des bons moments ; avec ma famille et avec des amis d’escales. Ça fait partie de mes valeurs, la bienveillance, le plaisir de partager des moments simples. J’adorais aussi m’installer dans le balcon avant du bateau et chanter en mer. Dormir sur un bateau, c’est un grand plaisir de marin : se réveiller et entendre le bruit de la mer avec des fois des personnes qui s’activent sur le pont… 

« La compétition, c’est différent, j’y suis venue pour apprendre un maximum, pour passer le plus de temps possible sur l’eau. C’est un milieu difficile, tu traces ta route, ça marche ou pas. Tous mes projets, mes entraîneurs et mes équipiers (ères) m’ont énormément appris techniquement et humainement. »

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« Pour moi la navigation c’est d’être dans le lâcher-prise imposé par la nature, à chaque sortie c’est de l’expérience que j’engrange. Ma motivation intrinsèque c’est de me faire plaisir avant tout, c’est un vrai levier de choix, sur l’eau comme dans ma vie de terrienne. »

«J’essaie, je ne me mets pas de limite, je ne m’arrête pas aux jugements des personnes, j’ai appris à suivre mon instinct. Je suis de nature optimiste, s’il y a un problème, je pense à la solution qu’on va devoir trouver, ça me permet de voir le bon côté des choses, de voir le verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide. Je crois qu’en ayant une posture opportuniste, ça permet de saisir les occasions. »

«Je suis « agile », je supporte l’incertitude. En bateau on est parfois en mode « adaptation » à 500 % ! On fait avec ce qu’on a, on doit prendre des décisions qui peuvent ne pas plaire à tout le monde, mais au fond tu sais d’après ton expérience que c’est la bonne.»

« On doit anticiper en fonction de l’environnement, du vent, on sait que le ventl va tourner, alors on accepte d’aller dans le refus parce que derrière quand le vent tourne, on remonte vite et on « encaisse la paquet ». Quand tu vires, tu passes devant tout le monde, c’est assez jubilatoire.»

« C’est comme dans la vie parfois, il y a des moments où tout va bien, il faut en profiter sans se poser trop de questions, « rester ou se mettre dans le bon sens » et des fois où ce n’est pas top mais tu sais que le vent va tourner, il faut savoir attendre.

« Quand on navigue, on est aussi dans la gestion des risques. J’essaie toujours d’être franche, honnête et en droite ligne avec moi-même.»

TOST : 10 ans de haut niveau en voile, les Jeux Olympiques et tes études supérieures, ce fut une période intense ?»

« J’ai fait une dizaine d’années en haut niveau en voile : championnats de France, du Monde, compétitions internationales, régates, courses au large, première femme de la section voile de haut niveau, puis participation en équipage aux Jeux Olympiques de Pékin, en 2008. J’ai aussi suivi une formation en économie et en marketing et Master Sport Santé Société, spécialité préparation mentale de sportif. À un moment, j’ai voulu arrêter et privilégier la fluidité de vie, c’est le luxe pour moi, c’est un vrai choix que j’ai fait. J’étais hyper ronde dans un monde carré, c’était pas tout le temps facile à vivre. »

« J’ai beaucoup voyagé pendant cette période de sport de haut niveau, c’était intense. On partait 11 mois par an et j’étais chez moi que quelques jours, il s’est passé une année où j’étais 250 jours sur l’eau.»

«C’était beaucoup de sacrifices. Ça m’a aussi apporté beaucoup, j’ai engrangé de l’expérience, et j’ai également beaucoup voyagé, fait de belles rencontres. J’aime bien partir, voyager, rencontrer d’autres gens et cultures mais aussi revenir chez moi. Aujourd’hui j’apprécie de retrouver ma maison, de me poser et j’apprécie le calme. J’essaye de vivre à un rythme moins soutenu. »

TOST : Tu as maintenant choisi de vivre en Pays Bigouden, quelles sont tes motivations et tes projets ?

« Je m’y sens bien. C’est un coup de cœur. Parce que c’est tranquille, c’est apaisant d’avoir la nature juste à côté, le port et la proximité avec l’océan. Sentir sa présence. J’ai fait ce choix, de manière impulsive à ce moment-là. Je voulais être proche de mon travail quand j’ai voulu ouvrir le Bigouden Backpacker ; l’endroit était vraiment au delà de mes attentes : un jardin clos, le local pour les vélos, la proximité de l’océan, des plages et du port de pêche… »

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« Au début Léchiagat, je ne connaissais pas. J’étais d’abord venue en Pays Bigouden au phare d’Eckmühl à Penmarc’h, c’est le premier endroit où je suis allée en Bretagne, pour une classe de mer en 6° ; je me souviens aussi de Kerity où on s’était baladé. Plus tard, je suis revenue en tant que touriste dans le pays Bigouden, je connaissais quelqu’un qui venait s’y installer. C’est d’abord La pointe de la Torche qui m’a attirée ; c’est un paysage qui m’a émue, il y avait des vagues, du vent, les oiseaux. Venant de Paris, d’aller à la plage tous les jours, c’est une qualité de vie que je n’osais pas imaginer, je ne savais même pas que ça existait ! »

« Je suis complètement consciente de la chance que j’ai tous les jours. Quand je vivais au Havre, je sortais et (presque) tout le monde me connaissait. Ce que j’apprécie en vivant ici dans le Pays Bigouden, c’est de pouvoir sortir librement, d’avoir cette tranquillité, de me sentir en accord avec moi-même et celle que je suis. Le climat est aussi super agréable, il fait souvent beau et il pleut pas aussi souvent que les gens se l’imaginent. L’hiver est rude, mais j’essaie de passer un mois au chaud. »

« En parallèle du gite d’étape Bigouden Backpacker, j’ai créé l’entreprise Sea Sport Training, ici en Finistère Sud, qui valorise le formidable terrain de jeu qu’est le territoire de Cornouaille. Je skippe quelques semaine dans l’année en croisière ou en régate, je donne des cours de conduite de projets au BPJEPS à l’INB de Concarneau et j’interviens comme conseillère sportive au Pôle Course au Large de Lorient. »

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À travers Sea Sport Training, je partage mon expérience de sportive de haut niveau en voile et de manager en proposant des programmes sur mesure pour les sportifs et les entreprises. Sea Sport Training s’appuie sur les compétences et infrastructures locales pour proposer des séminaires, stages, incentives, conférences, séjours incluant des prestations à la carte : préparation mentale et physique, coaching, diététique, récupération, cohésion d’équipe, lâcher-prise, gestion des risques, et bien sûr des activités de pleine nature dans un cadre préservé proche de l’océan sur le littoral Bigouden… J’aime travailler en équipe, de manière constructive et bienveillante.»

TOST : Cette passion pour l’océan, qu’est-ce qu’elle t’apporte ?

«J’aime être sur l’eau, je me sens trop bien en mer, si tu me dis demain tu pars vivre sur un bateau, je pars illico ! Je me sens plus à l’aise en mer que sur Terre. »

« Quand tu es skipper, tu barres ou pas, tu organises le bateau, le but est que les passagers apprennent à bord, s’entraident, s’entrainent et puissent régater. On peut faire une régate avec un skipper, c’est accessible au plus grand nombre. Des gens qui ne savent pas naviguer se retrouvent sur un départ de course et vivent des moments forts. C’est excellent de partager tout ça ensemble, c’est marquant, ça casse les barrières. »

« Je participe aussi à différents projets. Entre autre je pars chaque année au mois de Juin en Méditerranée avec une équipe de 6 skippers pour l’association « Rêves d’Enfants » qui a été créée par des étudiants d’HEC. C’est à chaque fois un moment très fort avec ces enfants en rémission de cancer à bord du bateau. On partage avec eux la vie sur le voilier, c’est une école de la vie, en mode « très intense ».  L’objectif est d’assurer la sécurité et de partager avec eux ma passion d’être sur l’eau et de les rendre heureux ; on ne fait qu’apporter une touche dans leur rétablissement mais je suis ravie d’y participer !»

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TOST : Quelle est ta devise ?

« Être en harmonie avec moi-même et avec la nature. »

« Un jour j’ai croisé une baleine au large du Portugal, elle a longé la coque du bateau, s’est retournée et m’a regardée. J’étais dans son monde, j’ai senti qu’elle m’observait et que je l’intriguais. J’aime me retrouver dans cette position où la nature est là, présente, omnisciente, on est simplement des invités chez elle. »

TOST : Quel est l’endroit dont tu te sens la plus proche (TOST) ?

« Je dirai l’archipel des Glénans, île de Penfret. C’est un endroit symbolique, où j’ai passé mes monitorats et beaucoup de mes vacances de parisienne. J’y ai vécu de bons moments et j’y ai de beaux souvenirs. J’y vais régulièrement. C’est un lieu magnifique, à la fois brut et sauvage où je me sens bien. Là-bas j’ai tout et j’ai rien, j’ai besoin de rien d’autre.

« À Léchiagat, je vais à la plage qui est juste au bout de la rue, je respire, je me détends, je me ressource, je  marche pieds nus  dans le sable, ça me suffit pour me sentir bien. Je me pose et j’évacue, je me sens plus légère. Ici je « m’ancre », c’est ce que je ressens en vivant ici.»

TOST : As-tu un lieu et une personne à nous recommander  ?

« Pour le lieu je recommanderai les Étocs, au large du Guilvinec et Penmarc’h. Il suffit de partir en mer, pas très loin, à une dizaine de minutes du port de Léchiagat, pour se retrouver complètement immergé dans le milieu marin, voir les animaux sauvages, les phoques, à l’état naturel et sauvage.»

« Une personne qui m’inspire : Alix Levain, c’est une de mes meilleures amies. Elle est éco-antropologue et ethnologue et chargée de recherche au Département Hommes, Natures, Sociétés du Muséum National d’Histoire Naturelle à Paris. Elle étudie entre autre la prolifération des algues vertes en Bretagne et son impact sur l’environnement littoral, avec une vision sociale. Elle fait le lien entre la mer et la terre. On partage la passion pour le bateau. C’est un ange descendu sur Terre. C’est une fille ultra sérieuse et bienveillante. Elle fait des choses complexes et arrive à l’expliquer simplement avec un regard différent. C’est une personne discrète qui fait des choses extraordinaires. »

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Sur la toile

SEA SPORT TRAINING

sea-sport-training.com

Gîte d’étape à Treffiagat-Léchiagat « BIGOUDEN BACKPACKER »

bigouden-backpacker.fr

Facebook : Bigouden-Backpacker

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Interview & photos de Magali Nouguier
Instagram @magnoug

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Léon Denis, Corps aérien et mental d’acier

TOST-magazine-Léon-DENIS-juin-2018-credit-Guillaume-Prie-12Léon Denis, Corps aérien et mental d’acier

Quand on rencontre Léon la première fois, on a devant nous un jeune homme au visage qui rappelle les personnages littéraires du 19e siècle, l’œil sensible, humble, le physique solide et à l’écoute de son environnement à chaque instant.
Sa pratique sportive est liée au mouvement, plus particulièrement aux formes connues sous les noms de parkour, de freerun et tricking, celles-ci allant des déplacements les plus fonctionnels aux plus artistiques.

C’est en se tenant au bord d’un toit que Léon et son frère découvrent sans le savoir les premiers gestes qui détermineront la suite. Un regard en bas, l’appréhension de la hauteur et, rapidement, en voyant son frère dépasser sa peur, Léon lui emboîte le pas.

De leur complicité naît une grande émulation et les deux frères inventent des jeux et défis, des objectifs de points, qui vont permettre à Léon de progresser à un rythme soutenu. Avec bienveillance, celui qui franchit la difficulté en premier aide le second. Sans le savoir, le duo embrasse dès lors la culture d’entraide propre au parkour. On ne laisse personne derrière.

Le vieux téléphone portable que leur père leur offre permet de réaliser les premières vidéos et les installations de cordes et autres obstacles dans le jardin se multiplient, mais Léon voit plus grand. Il commence alors à « déverrouiller » ses premières figures aériennes telles que les vrilles, corks et saltos.

Il découvre ensuite les possibilités de la salle de gymnastique. La peur étant contenue dans cet environnement sécurisé, Léon peut désormais laisser place à des essais acrobatiques de plus grande ampleur. Il n’entend le terme « parkour » que tardivement, comprenant que sa pratique du déplacement s’inscrivait dans cette discipline depuis le début et se dirige déjà vers sa variante qu’est le « free run ».

Cette dernière, conçoit le déplacement de manière plus créative et ludique, quand le parkour a pour première vocation de franchir les obstacles à tout prix.

Les questions concernant son avenir professionnel se font plus pressantes et Léon choisit la voie STAPS afin d’acquérir un diplôme. Les rencontres avec d’autres sportifs lui permettront par la suite de parfaire sa technique et d’apprendre toujours plus. Parmi eux, Il pense tout particulièrement à Charles et Victor, pratiquant respectivement le parkour et le tricking.

Aujourd’hui Léon partage son temps entre son travail dans une salle d’activités ludiques et acrobatiques à Quimper, des spectacles lors d’événements sportifs et plusieurs participations à des émissions télévisées en production ou sur le point d’être diffusées. Nous ne pouvons vendre la mèche, mais si vous avez l’œil, vous devriez apercevoir ses acrobaties sous peu…

En parallèle, il anime une chaîne YouTube où il donne des conseils techniques et tutos. On retrouve dans cette démarche ce qui marque le plus chez Léon : une grande volonté de partage. Comprenant tout à fait qu’il s’est construit en tant qu’athlète professionnel dans son rapport à l’autre, sa complicité avec son frère, les rencontres dans le monde du mouvement, il transmet naturellement ce qu’il a reçu en amont.

Cependant, son enseignement est plus large encore qu’un ensemble de techniques, et notre acrobate promeut la persévérance et la ténacité dans chacune de ses interventions. Loin des clichés d’une génération sur les suivantes, il connaît l’humilité, sait que les résultats suivent le travail et encourage tout un chacun à croire en ses projets.

A l’image de sa capacité à passer d’un univers à l’autre, de la cime d’un arbre à un banc de béton, Léon Denis vit dans son époque, dans sa génération, tout en véhiculant quotidiennement des valeurs intemporelles.

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Interview & photos Guillaume Prié 

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Nicolas Cloteaux, agitateur de ressources humaines

 

Nicolas Cloteaux, agitateur de ressources humaines

Rencontre avec Nicolas Cloteaux coach sportif et fondateur de LâchezPrise à Quimper.
Combien de temps passons-nous au travail ? Suffisamment pour souhaiter que ni notre bien-être, ni notre santé ne soient mis en péril par notre activité professionnelle.
A l’ère de la compétitivité et de la performance à tous prix, certaines entreprises, de plus en plus nombreuses, prennent conscience de l’importance de prendre soin de leurs collaborateurs. C’est dans ce contexte et pour les accompagner dans leur démarche que Nicolas Cloteaux a fondé la société LâchezPrise.
Son projet : proposer des activités sportives pour prévenir ou soulager les problèmes de santé liés au travail, réapprendre la cohésion et remettre l’humain au cœur de l’entreprise. Il nous donne l’occasion d’interroger la place du travail dans nos vies et de retrouver un équilibre.

TOST – Le sport a toujours eu une place importante dans ta vie. Quel a été ton parcours avant la création d’entreprise ?

Nicolas Cloteaux – LâchezPrise :

« L’école ne me plaisait pas plus que ça, je n’avais pas de difficultés à apprendre mais je m’ennuyais ferme. Je suis parti à Rennes faire du judo en sport études quand j’avais quinze ans et j’ai su dès la première année que je voulais devenir éducateur sportif.

Travailler avec des plus jeunes et transmettre ma passion, c’était important pour moi.

Après un Brevet d’État judo pour pouvoir enseigner, je suis resté cinq ans à Poitiers comme éducateur sportif. Mais la Bretagne me manquait. Alors, j’ai postulé, déposé des cv et bizarrement, ça a répondu à Quimper. Pour la petite histoire, avec ma femme, on voulait s’installer dans le Finistère Sud à la retraite. On aimait bien Quimper, l’Ile Tudy. On se disait qu’on viendrait quand on serait vieux. »

Pendant quinze années, Nicolas a enseigné le judo à Quimper et à Douarnenez. Il a contribué à faire du Dojo de Cornouaille un club formateur reconnu, il a développé des activités telles que le taiso, le self-défense et a accompagné de nombreux judokas en compétition jusqu’aux titres nationaux.
Puis, l’envie d’un nouveau challenge s’est fait sentir. Nicolas a imaginé son activité en cohérence avec sa passion et les valeurs que la pratique du sport à haut niveau lui a enseigné.

« Mon passé de judoka – tout ce que j’ai appris ou que mon corps a intégré depuis que je suis gamin –  me sert parce qu’entreprendre, ce n’est pas facile. On prend des coups et il faut savoir se relever.

Le judo, c’est beaucoup de rigueur. Pour monter une entreprise, si tu n’es pas rigoureux, ça ne colle pas. Et, comme au judo, il faut aussi prendre des risques. Si tu ne le fais pas, tu ne peux pas gagner. Si tu ne fais qu’assurer tout le temps, il ne se passe rien. »

TOST – Qu’est-ce qui te plaît dans le fait d’être entrepreneur ?

Nicolas Cloteaux – LâchezPrise :

« Ne pas toujours faire la même chose… Rencontrer du monde…

Ce qui me plaît, en fait, c’est de me lever le matin avec un objectif et bosser pour l’atteindre. »

« C’est peut-être ça qui manquait à mon équilibre, à un moment donné, dans mon travail. Quand j’ai arrêté la compétition, j’ai eu un moment de flottement. Je me réveillais le matin et je ne savais plus à quoi je servais. Pendant un temps, j’ai retrouvé ma place avec des défis sportifs, des marathons. Mais rapidement, ça ne suffisait plus. Et puis, ça prenait trop de place dans ma vie.

Depuis petit, j’ai toujours eu envie d’entreprendre mais je ne trouvais pas trop d’idées. Et puis, j’ai fait un constat : j’ai parfois réussi à relancer des gens qui n’étaient pas très bien au travail en les raccrochant à une activité sportive. »

C’est ainsi que l’entreprise LâchezPrise a vu le jour, en septembre 2017, avec un double objectif.

«J’ai un projet immédiat : développer mon activité autour de :

  • la prévention des risques psycho-sociaux, parce qu’on ne peut plus pressuriser les gens comme on le fait maintenant,
  • la prévention des TMS (troubles musculo-squelettiques) parce qu’il y a trop de personnes qui en souffrent et qui ne trouvent pas de solution
  • et la cohésion en entreprise parce que je trouve que c’est important.

Et puis, le projet que je voudrais développer après, c’est permettre aux gens de découvrir la Bretagne et le Finistère Sud en particulier. Je veux organiser des séjours pour les particuliers autour de leur passion, plutôt sportive si possible parce que je sais ce dont les gens ont besoin pour assouvir leur passion, ce qu’ils attendent. »

Toutes les activités de LâchezPrise sont des occasions de lutter contre la sédentarité et de se déconnecter de la routine. Mais, la réflexion de Nicolas va plus loin : ce qu’il veut, c’est améliorer la vie des salariés au quotidien en créant du lien et des valeurs communes au sein de l’entreprise.

« L’activité qui fonctionne le mieux actuellement, c’est Breizh Lantek, une version finistérienne de Koh Lanta. Je travaille la cohésion en dehors de l’entreprise. Je n’invente rien, ce sont des choses qui existent déjà mais personne ne le fait ici.

Je fais aussi de la cohésion de combat au cours de stages de judo, de self-défense ou de gouren. Je fais des jeux d’opposition comme avec les enfants, ou des choses un peu plus techniques selon le niveau du groupe.

A travers la compétition, ce qui est intéressant, c’est de créer une émulation autour de la tâche à effectuer. De toutes façons, dans l’entreprise, les gens ont un projet commun. Ce que je veux développer, c’est l’esprit de corps. On voit bien, dans les équipes de foot célèbres, les joueurs qui sont bons mais qui ne jouent pas ensemble. L’esprit de corps, c’est développer des valeurs autour d’un objectif commun.

Et puis, je propose aussi des activités qu’on ne trouve pas ailleurs parce que l’idée me semble bonne. Comme la batucada*, par exemple. Sur une matinée, l’intervenant apprend au groupe à jouer un morceau assez simple aux percussions. Le but de l’activité, c’est d’écouter les autres, de jouer avec les autres. Tu ne prends pas forcément de décisions mais tu es obligé d’être raccord sinon ça ne fonctionne pas. Je ne suis pas musicien, mais par contre je le propose et j’ai trouvé quelqu’un qui le fait parce que je sais que des gens recherchent ce genre d’activités.

Dans la même idée, j’ai trouvé un intervenant qui fait du chien de traîneau. Selon le niveau du groupe, ce sera plutôt de la cani-randonnée ou du cani-trail, avec une ceinture et une longe et il faut diriger le chien à la voix. »

« Ce sont des activités que tu ne fais pas tous les jours, tu vois tes collègues dans une situation où tu ne les imaginais pas forcément. En plus de créer des souvenirs, ça permet vraiment de renforcer la cohésion. »

Nicolas voit plus loin encore, il envisage le sport comme un excellent révélateur de compétences. Au cours d’une séance, il alterne les activités pour mettre en valeur la combativité, l’endurance ou la capacité à collaborer de chacun.

« Si je fais une activité de marche avec bâtons, par exemple, je vais faire des exercices de cohésion. Marcher par deux, attachés ou guider l’autre, les yeux bandés. J’alterne avec une petite course ou un peu de self-défense pour voir qui a du répondant. Je travaille beaucoup comme ça. »

« On pourrait recruter les gens en faisant des activités sportives parce qu’on s’aperçoit de plein de choses, on voit qui peut prendre du leadership, on peut voir qui communique, qui analyse. Ça révèle les qualités de chacun.

Ça peut permettre aussi de placer les personnes à des postes plus adaptés par rapport à ce qu’on a pu voir à travers le sport, parce qu’ il n’y a pas de tricherie. Tu vois vraiment comment sont les gens. »

Son dernier projet en date, en partenariat avec la Maison du Patrimoine de Quimper, est le « Run in Breizh » : un parcours de course à travers la ville, parsemé d’étapes pour découvrir des anecdotes sur les quartiers historiques.

« C’était un essai pour voir si ça plaisait. Mais, ça va être reconduit. On va visiter, courir dans des lieux insolites de Quimper, entrer dans des bâtiments.

Je vais sans doute proposer des jours fixes dans la semaine : un petit circuit, un grand et une session nocturne et après, selon mon emploi du temps, à la demande avec des groupes de particuliers ou des entreprises. Et puis, ça s’appelle «  Run in Breizh » mais on peut le faire en marche rapide. Sur le petit circuit, on pourrait imaginer faire ça en trottinette aussi, je peux décliner. »

TOST – Les deux premières sessions ont eu lieu à Quimper. Penses-tu étendre le concept à d’autres villes ?

Nicolas Cloteaux – LâchezPrise :

« Pour l’instant, je me concentre sur Quimper parce qu’il y a déjà un gros travail de préparation. Il a fallu que j’apprenne plein de choses mais j’ai toujours aimé l’histoire. Je n’ai pas trop aimé l’école mais l’histoire, c’est une des matières que je préférais.

Après, oui, j’aimerais bien développer l’idée : courir en ville à Quimper, au bord de la mer à Concarneau, ville d’Art et d’Histoire et dans les terres à Locronan. »

TOST – Pourquoi avoir créé ton entreprise dans le Finistère ?

Nicolas Cloteaux – LâchezPrise :

« Le Finistère Sud se prête très bien aux activités que je propose : il y a des plages, des falaises…

Il y a tout ici. Enfin, il y a tout et il n’y a rien. Il y a tout parce qu’il y a beaucoup de lieux à découvrir. En regardant certaines photos, on se croirait à l’autre bout du monde alors qu’on est à dix kilomètres de la maison.

Et puis, il n’y a rien parce que ce que je propose n’existait pas. C’est dommage, il fallait que quelqu’un le fasse. On ne va pas dire qu’on est sur du plein emploi en Finistère mais dans l’ensemble, il y a quand même beaucoup de gens qui y travaillent mais il n’y a encore rien pour qu’on s’occupe des salariés et des chefs d’entreprise. »

TOST – Tu as baptisé ton entreprise « LâchezPrise – Agitateur de souvenirs ». Quelle est ta définition du « lâchez prise » ?

Nicolas Cloteaux – LâchezPrise :

« Si on parle de l’entreprise, lâcher prise, c’est réussir à souffler un peu. Si on parle des séjours, l’idée c’est que les gens profitent pleinement de leur séjour et construisent des souvenirs. D’où la punchline « Agitateur de souvenirs ». Et c’est aussi un clin d’œil au judo, on prend, on lâche.

Les gens comprennent tout de suite à quoi ça va servir, avec leur propre définition qui n’est pas forcément la mienne. L’idée c’est d’accrocher les gens, qu’ils se posent des questions sur ce que je propose, pour créer du dialogue.

Après, moi, je propose des outils. Je ne dis pas que ce sont les seuls, ce sont des outils parmi tant d’autres. Les activités physiques, ça ne correspond pas à tout le monde. Mais, les entreprises se rendent compte de plus en plus que les gens qui sont sportifs sont moins malades. Comme ils sont moins malades, ils sont moins absents et s’ils sont moins absents, l’entreprise marche bien. »

TOST – Et toi, comment fais-tu pour lâcher prise ?

Nicolas Cloteaux – LâchezPrise :

« Le judo fait partie de moi, c’est ma passion. Quand je suis au judo, je suis content. Mais ce qui me fait vraiment lâcher prise, c’est le surf parce qu’il n’y a pas de notion de compétition. Enfin, pas pour moi. J’ai envie de bien surfer mais je sais que je ne serai jamais bon.

C’est inconcevable de me lancer dans quelque chose si c’est mal fait et c’est parfois un peu pesant. Là, si ce n’est pas bien fait, je me relève et je retourne prendre une autre vague.

Et quand je peux le faire en famille, c’est encore mieux. Passer du temps avec mes enfants, c’est primordial. »

TOST – Quel est ton Home Spot préféré ?

Nicolas Cloteaux – LâchezPrise :

« Pour moi, c’est Douarn’ ! Douarnenez, c’est un diamant brut. C’est beau, c’est tranquille, on peut courir, surfer. Et puis, les gens sont vraiment très très attachants.

J’aime bien la baie de Douarnenez en général et la plage de Saint-Hugen, à côté d’Audierne. C’est la plage que je préfère. »

Merci à Nicolas d’avoir fait une pause dans son emploi du temps bien rempli pour partager avec nous sa vision du sport et de l’entreprise. Vous pouvez retrouver toutes les activités qu’il propose sur son site internet www.lachezprise.fr

*La batucada est un genre musical d’origine brésilienne inspiré de la samba, c’est aussi le nom que l’on donne aux groupes de percussionnistes jouant ce style de musique.                 

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Interview d’Elfenn Quemener & photos de Guillaume Prié

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