Nicolas Cloteaux, agitateur de ressources humaines

 

Nicolas Cloteaux, agitateur de ressources humaines

Rencontre avec Nicolas Cloteaux coach sportif et fondateur de LâchezPrise à Quimper.
Combien de temps passons-nous au travail ? Suffisamment pour souhaiter que ni notre bien-être, ni notre santé ne soient mis en péril par notre activité professionnelle.
A l’ère de la compétitivité et de la performance à tous prix, certaines entreprises, de plus en plus nombreuses, prennent conscience de l’importance de prendre soin de leurs collaborateurs. C’est dans ce contexte et pour les accompagner dans leur démarche que Nicolas Cloteaux a fondé la société LâchezPrise.
Son projet : proposer des activités sportives pour prévenir ou soulager les problèmes de santé liés au travail, réapprendre la cohésion et remettre l’humain au cœur de l’entreprise. Il nous donne l’occasion d’interroger la place du travail dans nos vies et de retrouver un équilibre.

TOST – Le sport a toujours eu une place importante dans ta vie. Quel a été ton parcours avant la création d’entreprise ?

Nicolas Cloteaux – LâchezPrise :

« L’école ne me plaisait pas plus que ça, je n’avais pas de difficultés à apprendre mais je m’ennuyais ferme. Je suis parti à Rennes faire du judo en sport études quand j’avais quinze ans et j’ai su dès la première année que je voulais devenir éducateur sportif.

Travailler avec des plus jeunes et transmettre ma passion, c’était important pour moi.

Après un Brevet d’État judo pour pouvoir enseigner, je suis resté cinq ans à Poitiers comme éducateur sportif. Mais la Bretagne me manquait. Alors, j’ai postulé, déposé des cv et bizarrement, ça a répondu à Quimper. Pour la petite histoire, avec ma femme, on voulait s’installer dans le Finistère Sud à la retraite. On aimait bien Quimper, l’Ile Tudy. On se disait qu’on viendrait quand on serait vieux. »

Pendant quinze années, Nicolas a enseigné le judo à Quimper et à Douarnenez. Il a contribué à faire du Dojo de Cornouaille un club formateur reconnu, il a développé des activités telles que le taiso, le self-défense et a accompagné de nombreux judokas en compétition jusqu’aux titres nationaux.
Puis, l’envie d’un nouveau challenge s’est fait sentir. Nicolas a imaginé son activité en cohérence avec sa passion et les valeurs que la pratique du sport à haut niveau lui a enseigné.

« Mon passé de judoka – tout ce que j’ai appris ou que mon corps a intégré depuis que je suis gamin –  me sert parce qu’entreprendre, ce n’est pas facile. On prend des coups et il faut savoir se relever.

Le judo, c’est beaucoup de rigueur. Pour monter une entreprise, si tu n’es pas rigoureux, ça ne colle pas. Et, comme au judo, il faut aussi prendre des risques. Si tu ne le fais pas, tu ne peux pas gagner. Si tu ne fais qu’assurer tout le temps, il ne se passe rien. »

TOST – Qu’est-ce qui te plaît dans le fait d’être entrepreneur ?

Nicolas Cloteaux – LâchezPrise :

« Ne pas toujours faire la même chose… Rencontrer du monde…

Ce qui me plaît, en fait, c’est de me lever le matin avec un objectif et bosser pour l’atteindre. »

« C’est peut-être ça qui manquait à mon équilibre, à un moment donné, dans mon travail. Quand j’ai arrêté la compétition, j’ai eu un moment de flottement. Je me réveillais le matin et je ne savais plus à quoi je servais. Pendant un temps, j’ai retrouvé ma place avec des défis sportifs, des marathons. Mais rapidement, ça ne suffisait plus. Et puis, ça prenait trop de place dans ma vie.

Depuis petit, j’ai toujours eu envie d’entreprendre mais je ne trouvais pas trop d’idées. Et puis, j’ai fait un constat : j’ai parfois réussi à relancer des gens qui n’étaient pas très bien au travail en les raccrochant à une activité sportive. »

C’est ainsi que l’entreprise LâchezPrise a vu le jour, en septembre 2017, avec un double objectif.

«J’ai un projet immédiat : développer mon activité autour de :

  • la prévention des risques psycho-sociaux, parce qu’on ne peut plus pressuriser les gens comme on le fait maintenant,
  • la prévention des TMS (troubles musculo-squelettiques) parce qu’il y a trop de personnes qui en souffrent et qui ne trouvent pas de solution
  • et la cohésion en entreprise parce que je trouve que c’est important.

Et puis, le projet que je voudrais développer après, c’est permettre aux gens de découvrir la Bretagne et le Finistère Sud en particulier. Je veux organiser des séjours pour les particuliers autour de leur passion, plutôt sportive si possible parce que je sais ce dont les gens ont besoin pour assouvir leur passion, ce qu’ils attendent. »

Toutes les activités de LâchezPrise sont des occasions de lutter contre la sédentarité et de se déconnecter de la routine. Mais, la réflexion de Nicolas va plus loin : ce qu’il veut, c’est améliorer la vie des salariés au quotidien en créant du lien et des valeurs communes au sein de l’entreprise.

« L’activité qui fonctionne le mieux actuellement, c’est Breizh Lantek, une version finistérienne de Koh Lanta. Je travaille la cohésion en dehors de l’entreprise. Je n’invente rien, ce sont des choses qui existent déjà mais personne ne le fait ici.

Je fais aussi de la cohésion de combat au cours de stages de judo, de self-défense ou de gouren. Je fais des jeux d’opposition comme avec les enfants, ou des choses un peu plus techniques selon le niveau du groupe.

A travers la compétition, ce qui est intéressant, c’est de créer une émulation autour de la tâche à effectuer. De toutes façons, dans l’entreprise, les gens ont un projet commun. Ce que je veux développer, c’est l’esprit de corps. On voit bien, dans les équipes de foot célèbres, les joueurs qui sont bons mais qui ne jouent pas ensemble. L’esprit de corps, c’est développer des valeurs autour d’un objectif commun.

Et puis, je propose aussi des activités qu’on ne trouve pas ailleurs parce que l’idée me semble bonne. Comme la batucada*, par exemple. Sur une matinée, l’intervenant apprend au groupe à jouer un morceau assez simple aux percussions. Le but de l’activité, c’est d’écouter les autres, de jouer avec les autres. Tu ne prends pas forcément de décisions mais tu es obligé d’être raccord sinon ça ne fonctionne pas. Je ne suis pas musicien, mais par contre je le propose et j’ai trouvé quelqu’un qui le fait parce que je sais que des gens recherchent ce genre d’activités.

Dans la même idée, j’ai trouvé un intervenant qui fait du chien de traîneau. Selon le niveau du groupe, ce sera plutôt de la cani-randonnée ou du cani-trail, avec une ceinture et une longe et il faut diriger le chien à la voix. »

« Ce sont des activités que tu ne fais pas tous les jours, tu vois tes collègues dans une situation où tu ne les imaginais pas forcément. En plus de créer des souvenirs, ça permet vraiment de renforcer la cohésion. »

Nicolas voit plus loin encore, il envisage le sport comme un excellent révélateur de compétences. Au cours d’une séance, il alterne les activités pour mettre en valeur la combativité, l’endurance ou la capacité à collaborer de chacun.

« Si je fais une activité de marche avec bâtons, par exemple, je vais faire des exercices de cohésion. Marcher par deux, attachés ou guider l’autre, les yeux bandés. J’alterne avec une petite course ou un peu de self-défense pour voir qui a du répondant. Je travaille beaucoup comme ça. »

« On pourrait recruter les gens en faisant des activités sportives parce qu’on s’aperçoit de plein de choses, on voit qui peut prendre du leadership, on peut voir qui communique, qui analyse. Ça révèle les qualités de chacun.

Ça peut permettre aussi de placer les personnes à des postes plus adaptés par rapport à ce qu’on a pu voir à travers le sport, parce qu’ il n’y a pas de tricherie. Tu vois vraiment comment sont les gens. »

Son dernier projet en date, en partenariat avec la Maison du Patrimoine de Quimper, est le « Run in Breizh » : un parcours de course à travers la ville, parsemé d’étapes pour découvrir des anecdotes sur les quartiers historiques.

« C’était un essai pour voir si ça plaisait. Mais, ça va être reconduit. On va visiter, courir dans des lieux insolites de Quimper, entrer dans des bâtiments.

Je vais sans doute proposer des jours fixes dans la semaine : un petit circuit, un grand et une session nocturne et après, selon mon emploi du temps, à la demande avec des groupes de particuliers ou des entreprises. Et puis, ça s’appelle «  Run in Breizh » mais on peut le faire en marche rapide. Sur le petit circuit, on pourrait imaginer faire ça en trottinette aussi, je peux décliner. »

TOST – Les deux premières sessions ont eu lieu à Quimper. Penses-tu étendre le concept à d’autres villes ?

Nicolas Cloteaux – LâchezPrise :

« Pour l’instant, je me concentre sur Quimper parce qu’il y a déjà un gros travail de préparation. Il a fallu que j’apprenne plein de choses mais j’ai toujours aimé l’histoire. Je n’ai pas trop aimé l’école mais l’histoire, c’est une des matières que je préférais.

Après, oui, j’aimerais bien développer l’idée : courir en ville à Quimper, au bord de la mer à Concarneau, ville d’Art et d’Histoire et dans les terres à Locronan. »

TOST – Pourquoi avoir créé ton entreprise dans le Finistère ?

Nicolas Cloteaux – LâchezPrise :

« Le Finistère Sud se prête très bien aux activités que je propose : il y a des plages, des falaises…

Il y a tout ici. Enfin, il y a tout et il n’y a rien. Il y a tout parce qu’il y a beaucoup de lieux à découvrir. En regardant certaines photos, on se croirait à l’autre bout du monde alors qu’on est à dix kilomètres de la maison.

Et puis, il n’y a rien parce que ce que je propose n’existait pas. C’est dommage, il fallait que quelqu’un le fasse. On ne va pas dire qu’on est sur du plein emploi en Finistère mais dans l’ensemble, il y a quand même beaucoup de gens qui y travaillent mais il n’y a encore rien pour qu’on s’occupe des salariés et des chefs d’entreprise. »

TOST – Tu as baptisé ton entreprise « LâchezPrise – Agitateur de souvenirs ». Quelle est ta définition du « lâchez prise » ?

Nicolas Cloteaux – LâchezPrise :

« Si on parle de l’entreprise, lâcher prise, c’est réussir à souffler un peu. Si on parle des séjours, l’idée c’est que les gens profitent pleinement de leur séjour et construisent des souvenirs. D’où la punchline « Agitateur de souvenirs ». Et c’est aussi un clin d’œil au judo, on prend, on lâche.

Les gens comprennent tout de suite à quoi ça va servir, avec leur propre définition qui n’est pas forcément la mienne. L’idée c’est d’accrocher les gens, qu’ils se posent des questions sur ce que je propose, pour créer du dialogue.

Après, moi, je propose des outils. Je ne dis pas que ce sont les seuls, ce sont des outils parmi tant d’autres. Les activités physiques, ça ne correspond pas à tout le monde. Mais, les entreprises se rendent compte de plus en plus que les gens qui sont sportifs sont moins malades. Comme ils sont moins malades, ils sont moins absents et s’ils sont moins absents, l’entreprise marche bien. »

TOST – Et toi, comment fais-tu pour lâcher prise ?

Nicolas Cloteaux – LâchezPrise :

« Le judo fait partie de moi, c’est ma passion. Quand je suis au judo, je suis content. Mais ce qui me fait vraiment lâcher prise, c’est le surf parce qu’il n’y a pas de notion de compétition. Enfin, pas pour moi. J’ai envie de bien surfer mais je sais que je ne serai jamais bon.

C’est inconcevable de me lancer dans quelque chose si c’est mal fait et c’est parfois un peu pesant. Là, si ce n’est pas bien fait, je me relève et je retourne prendre une autre vague.

Et quand je peux le faire en famille, c’est encore mieux. Passer du temps avec mes enfants, c’est primordial. »

TOST – Quel est ton Home Spot préféré ?

Nicolas Cloteaux – LâchezPrise :

« Pour moi, c’est Douarn’ ! Douarnenez, c’est un diamant brut. C’est beau, c’est tranquille, on peut courir, surfer. Et puis, les gens sont vraiment très très attachants.

J’aime bien la baie de Douarnenez en général et la plage de Saint-Hugen, à côté d’Audierne. C’est la plage que je préfère. »

Merci à Nicolas d’avoir fait une pause dans son emploi du temps bien rempli pour partager avec nous sa vision du sport et de l’entreprise. Vous pouvez retrouver toutes les activités qu’il propose sur son site internet www.lachezprise.fr

*La batucada est un genre musical d’origine brésilienne inspiré de la samba, c’est aussi le nom que l’on donne aux groupes de percussionnistes jouant ce style de musique.                 

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Interview d’Elfenn Quemener & photos de Guillaume Prié

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Justine Chiara, fille de l’eau et de l’air

Justine Chiara, fille de l’eau et de l’air

TOST vous invite à faire connaissance avec Justine Chiara, une jeune femme trentenaire dynamique, curieuse et pétillante.
Originaire de Quimper, elle est passionnée de surf et d’océan, mais aussi très active, son emploi du temps est bien rempli : maman, employée de banque, blogueuse de Girls On Waves et organisatrice d’événements pour toutes les femmes en Finistère qui lient le sport et l’océan avec l’association OCEAN GIRLZH, Justine vit sa vie à fond !

TOST Mag : Peux-tu te présenter aux lecteurs de TOST ?

Justine Chiara :

« J’ai 32 ans et suis née à Quimper. J’ai fait mes études de Licence d’anglais Littérature et civilisation étrangère à Rennes, mais c’était à mon goût trop éloigné de la mer ! J’ai ensuite enchaîné avec un BTS Management des Unités Commerciales à Quimper. Pour moi,  c’était plus concret et cela m’a permis de m’investir dans un projet professionnel. Je suis aujourd’hui employée de banque, j’écris aussi dans un blog « Les filles de l’eau – Girls on Waves » et me suis investie comme organisatrice d’événements dans l’association OCEAN GIRLZH.

J’aime être proche de l’océan. Enfant, je partais en vacances, en famille, en caravane au camping municipal du Guilvinec ou à Névez, je me souviens des sorties de pêche en mer en Zodiac, on passait notre été sur la plage au bord de l’eau. »

TOST Mag : Que représente le surf dans ta vie ?

Justine Chiara :

« La première fois que j’ai surfé, c’était juste après le Bac, j’y suis allée avec une copine qui m’avait confié sa planche, une mini Malibu BIC. Au début, je surfais toute seule, car je n’avais pas de copine avec un surf et qui aimait surfer.… J’ai décidé de prendre un cours à l’ESB de Penhors, cela m’a permis d’avoir les bases, même si je surfais moins quand j’étais sur Rennes pendant mes études. Puis, j’ai déménagé à Plonéour Lanvern, et j’ai pu pratiquer le surf avec des amis qui faisaient aussi du bodyboard.

J’ai un peu laissé tombé à la naissance de mon fils puis j’ai repris le sport avec le Hockey subaquatique. J’étais dans l’équipe qui joue à la piscine de  Kerlanvian à Quimper (Club des Diablotins de Cornouaille), c’était très sympa et convivial comme ambiance. Nous sommes même allés jusqu’en D3 au Championnat de France en équipe féminine.

Je suis retournée vers l’océan via le bodyboard d’abord et ensuite j’ai repris le surf. J’avais acheté une planche Malibu et j’y allais d’abord toute seule, puis avec mon copain, ou encore avec mon fils de 9 ans qui est aussi mordu de surf.»

« J’ai différentes approches du surf, j’aime surfer toute seule pour me vider la tête, car j’ai une vie personnelle très remplie, donc ce moment en tête à tête avec moi-même est privilégié pour moi, il me permet de me recentrer, de faire une introspection et de lâcher prise.

Ça peut aussi être un moment de partage et de convivialité, quand on se retrouve entre amis à la plage, on y prend le goûter ou l’apéro, on se dépanne et on se prête les planches entre copains.

Ou ça peut encore être un moment privilégié à deux, avec mon chéri ou bien seule avec mon fils.»

« Le surf c’est aussi un moment « sans filtre », je suis décontractée et naturelle, en mode « Roots », imagine le style : avec mon poncho, ma combi Panda et mes Uggs violette after surf, coiffée avec un chignon « choucroute », c’est pas très glamour mais je me sens bien ! 

J’aime le surf en mode « détente », je ne cherche pas la performance, mais juste à me faire plaisir, avoir de bonnes sensations, glisser, prendre des vagues, passer un bon moment, être dans l’eau, c’est aussi ludique quand on y va entre amis, on rigole bien, on s’encourage et on ne se prend pas au sérieux entre nous.

Je suis passée ensuite du Malibu au Longboard il y a quelques années. Je me sens à l’aise dans les petites vagues, je n’aime pas surfer du gros ! C’était le cadeau d’anniversaire de mon chéri car il est super content d’avoir une copine qui surfe et qui skate. Mon fils a aussi sa planche de surf BIC, c’est un cadeau de toute la famille, il est super fier.»

TOST Mag : Qu’est-ce qui t’attire vers l’océan ?

Justine Chiara :

« Comme je le disais, j’ai passé mes vacances au bord de l’océan, et j’ai appris à l’aimer. L’océan c’est aussi un élément qui est « direct », c’est comme la montagne, c’est lui qui décide. Quand je surfe, je suis obligée de me concentrer sur ce que je fais et de rester focus sur l’océan. C’est un milieu instable, variable, il faut s’adapter à chaque vague et on n’a pas le contrôle sur tout, je suis obligée de lâcher prise  sur tout le reste quand je suis dans l’eau. »

TOST Mag : Quel est ton « home-spot » préféré ?

Justine Chiara :

« J’en ai plusieurs : Tronoën, Tréguennec et la plage devant le parking des Pins à Pors Carn (Penmarch). Je vais aussi à Goulien en maison de vacances. J’aime beaucoup le spot de La Palud, quand c’est propre et lisse, en longboard c’est TOP ! Beaucoup moins quand c’est gros car là c’est des galets, c’est un peu galère (LOL) !


J’aime aussi surfer l’hiver, on est tranquille, il y a moins de monde et des bonnes conditions. On est bien chez nous toute l’année pour surfer ! »

TOST Mag : Comment t’es-tu mise à écrire dans ton Blog Girls On Waves ?

Justine Chiara :

« Je suis une personne très connectée, qui aime partager et je m’intéresse aux autres, je suis sur les réseaux sociaux, en mode 2.0 ! Mais j’aime également la littérature, et écrire. J’ai déjà commencé plusieurs romans/ nouvelles. J’aimerai pouvoir trouver du temps pour écrire un livre et publier plus souvent des articles sur mon blog.

J’écris aussi des chroniques pour d’autres blogs de surf féminin IMMERSION surf magazine et Please Give Me Small Wave . Tenir son blog, c’est partager ton vécu et ton expérience, tu ne risques rien, au pire personne ne te lira ! !-) Mais au moins tu as essayé. J’aime essayer des choses, je suis un peu touche-à-tout !

A travers mon blog, je veux partager et mettre en avant le coté authentique de la pratique du surf féminin en Finistère. »

TOST Mag : Que penses-tu de l’image de la femme dans le surf ?

Justine Chiara :

« Je ne suis pas ce qu’on pourrait appeler une féministe, mais j’ai beaucoup de mal avec l’image de la surfeuse que l’on voit partout. En cela, des nanas comme Silvana Lima, voire même Johanne Defay ont tout mon respect. Elles surfent avec un niveau de fou, et doivent se battre pour avoir des sponsors, tout ça parce qu’elle n’ont pas fait le choix ou eu la chance de s’afficher façon Alana Blanchard… Je trouve ça dingue!

Je veux casser l’image de la surfeuse « sexy », il existe en « vrai » un surf différent, authentique, simple et sans prétention ! On est moins dans les apparences, et le style « bimbo sur une planche de surf ».

« Ici, nous les filles, nous sommes moins influencées par le culte du corps, la preuve : si tu surfes en maillot en Bretagne, tu finis vite gelée, ça caille, ça te flingue les genoux et le bassin, vive le surf en combi (!), même si on voulait surfer en maillot on ne pourrait pas ! (LOL)

Même les hommes subissent cette image du surfeur beau gosse, cool, blond décoloré, et chargeur. Tous les hommes ne cherchent pas à surfer des grosses vagues, la plupart ne veulent pas se prendre la tête.

On voit que ça change et que le milieu du surf est plus ouvert et que les diktats des apparences évoluent, comme la société, c’est positif pour tout le monde. »

TOST Mag : Comment est né le concept d’OCEAN GIRLZH ?

Justine Chiara :

« J’ai rencontré Marine Grosjean à un cours de sirène (NDLR : créatrice de la marque NEREES elle pratique et enseigne la nage en Monopalme), on a discuté et puis elle est venue surfer avec moi. On a pas mal échangé sur le concept de l’asso et on voulait repartir sur autre chose ensemble. Marine a organisé avec Laurianne Le Cosec ( France is Fun) un premier event; ça a cartonné, Laurianne n’a pas pu continuer alors j’ai proposé a Marine de l’accompagner ! Le but d’Ocean Girlzh est d’organiser des événements pour les femmes, proposer de tester et pratiquer des sports en plein nature ou des activités créatives en lien avec l’océan, valorisant notre belle côte bretonne, dans une ambiance conviviale, bienveillante et en toute décontraction. 

Nous pensons organiser des événements tous les 2 mois environ, le prochain aura lieu au moins de juin, sur toute une journée : avec le matin, ramassage des déchets sur la plage de la Torche (Clean Up Day), puis sont proposées des activités l’après-midi (Surf, Yoga, cosmétique Do It Yourself) et pour terminer la journée sur une note festive, soirée apéro miam Foodtruck chez RIZE UP surfshop à la Torche. »

TOST Mag : Quelles sont tes sources d’inspiration?

Justine Chiara :

« Ma région! Nous avons la chance de vivre dans un lieu magique et magnifique. Ici, les gens sont à l’image des paysages, un peu sauvages mais authentiques. On dit qu’il faut parfois du temps pour s’intégrer en Bretagne, mais qu’on est ensuite adopté pour la vie! Et je trouve ça très vrai.

Les filles de ma génération ! Génération Y ou multipotentielles, appelle ça comme tu veux. J’admire les filles qui avancent, essaient et multiplient les aventures. Mon crédo : la vie est trop courte pour s’ennuyer!

Je le vois autour de moi : on laisse les enfants, après le boulot, pour se retrouver entre copines pour aller surfer parce que c’est notre passion. On s’investit dans des asso, on crée du contenu internet, on se rencontre et toute l’énergie qui ressort de cette rencontre, c’est juste dingue ! »

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Interview & photos Magali Nouguier

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Les Atelières de la Reine : miellerie « Haute-Couture » en Baie d’Audierne

Les Atelières de la Reine : miellerie « Haute-Couture » en Baie d’Audierne

TOST aime vous faire découvrir des personnes qui développent des initiatives positives et durables. Cette fois on vous emmène chez Véronique et Fabien, un couple d’(Happy) apiculteurs amateurs, qui ont installé leur miellerie « Les Atelières de la Reine » au cœur la Baie d’Audierne avec vue sur la mer !
Je suis allée chez eux à Plozévet, ils m’ont accueillie avec un thé, et du miel (bien évidemment), entourés de leurs chats et de livres dans leur grande yourte contemporaine et très cosy avec vue sur l’océan. Le spot de surf de Fabien est à deux pas de là, et leurs ruches à peine à 5 minutes à pied de la miellerie.
Ils partagent avec nous leur passion pour leurs abeilles, mais aussi la mode, le surf et les voyages…

TOST Mag : Pouvez-vous vous présenter aux lecteurs de TOST ?

Véronique – « Les Atelières de la Reine » :

«J’ai 35 ans et je viens du « bout du monde » ! Je suis originaire de la pointe du Raz où j’ai grandi. Puis j’ai bougé sur Quimper (saut de puce !) et sur Nantes pour mes études. J’ai une formation initiale en comptabilité et audit financier. J’ai exercé à Quimper dans un cabinet comptable, je ne me sentais pas vraiment dans mon élément, je mettais des chiffres dans des cases, je ne me sentais pas en phase avec ce métier…

J’ai ressenti un très fort besoin de partir et de voyager, de perdre mes repères et découvrir le monde ! Fabien et moi, sommes partis en direction de la Nouvelle Zélande fin 2011. Nous avons acheté sur place un fourgon Toyota pour sillonner les routes sans contrainte, à notre rythme, en liberté dans des paysages incroyables ! On est parti en Nouvelle-Zélande, car c’était très loin, anglophone et également parce que c’est une destination réputée pour ses spots de surf et ses vagues !-) Fabien et moi voulions améliorer notre anglais pendant notre séjour « overseas ». Cela m’a permis de bien réfléchir sur mes futurs projets et de prendre confiance.

Après avoir découvert toute la Nouvelle-Zélande pendant plusieurs mois, du Nord au Sud et d’Est en Ouest, nous sommes revenus en France. J’ai repris mes études à l’ IAE de Strasbourg car je voulais intégrer une grande maison de luxe, made in France, une « Maison » qui offre une vision du monde à l’instant T. La mode a toujours d’un temps d’avance. La mode, c’est plus qu’un vêtement, je suis attirée par la mode car elle raconte une histoire en utilisant des techniques artisanales et en même temps très innovantes et d’avant-gardes.

Pendant cette année de transition, ce fut une année très intense, avec la reprise des études, je passais mon temps entre Strasbourg, Paris et le Finistère. Puis j’ai intégré la maison Sonia Rykiel, je suis restée 3 ans sur Paris. Je rentrais régulièrement en Pays Bigouden pour renouer avec la nature « sauvage » ! »

Fabien – « Les Atelières de la Reine » :

«J’ai 36 ans et je suis un pur produit Bigouden, j’ai grandi à Plozévet. Puis j’ai fait des études à Vannes et à Rennes en informatique. Je me suis rendu compte que l’informatique n’était pas mon élément. J’ai ensuite continué mes études en management des organisations et administration territoriale. Mon rêve quand j’étais petit, c’était d’être gardien de phare ou océanographe, mais je n’aimais pas la Biologie à l’époque ! J’ai trouvé rapidement du travail à la communauté de communes à Audierne.

Je pratique sur la côte en Baie d’Audierne et dans le Cap Sizun la chasse sous-marine et le surf.
J’ai commencé sur une planche de bodyboard en polystyrène, puis à l’adolescence, je suis vite passé au surf, j’ai acheté une planche et j’y allais avec une bande de copains. Tout le monde faisait du surf, on était tous tournés vers l’océan. J’allais à la plage du Gored, « Ploz’ beach », la plage du Menhir. Grâce au surf j’ai rencontré de nouveaux copains, qui sont maintenant devenus mes amis, sur un spot juste en bas de chez moi. On peut dire que je suis un « self made surfeur ».

Nous avons ensuite commencé à voyager avec mes amis pour surfer. C’est le « surf » qui m’a fait bouger de la Bretagne, on était à la quête de la plus belle vague du pays, rencontrer des locaux, partager avec eux leur vie, découvrir et visiter la région…Nous sommes allés au Pérou, Salvador, Sénégal, Madagascar, la Réunion, Nouvelle-Zélande…C’est une parenthèse dans ma vie quotidienne, mais je suis toujours content de revenir. Chaque voyage me construit, me permet d’être confronté à d’autres situations, à apprendre à me connaitre et m’oblige à savoir qui je suis. Et en rentrant cela permet de renforcer le lien très fort que nous avons avec le Finistère. Car c’est un endroit magique, beau et on est très fier d’être nés ici. Quand on prend du recul, on apprécie encore mieux l’endroit où on vit. »

TOST Mag : Comment vous êtes-vous lancés  dans le miel à Plozévet ?

Véronique – « Les Atelières de la Reine » :

« Il y a 2 ans,  nous avons quitté Pont l’Abbé pour venir nous installer à Plozévet. Le miel a toujours été présent dans la famille de Fabien. C’est comme ça que j’ai découvert le miel l’apiculture.

Nous avons d’abord commencé par trois ruches, au départ ce qui plaisait le plus à Fabien, c’était surtout la vie de l’abeille. On a l’impression que c’est un « brouhaha » mais en réalité il est extrêmement « normé », chaque abeille à sa place et sa fonction, et vivent en harmonie. Nous sommes également très sensibles à l’impact de l’environnement sur l’abeille (l’usage des pesticides et son impact sur les abeilles). C’est venu très naturellement, Fabien est très « Océan » et moi je suis plutôt « Terre ». Puis progressivement, le cheptel grandissant, nous avons fait quelques récoltes de miel et nous avons ensuite eu envie de partager cette passion.

J’aime la beauté qui se dégage de l’essaim, son organisation, sa fluidité, la minutie du travail des abeilles. Bien comprendre les saisons, le rythme de la nature, la floraison, me balader dans la campagne et aller sur les lieux où les abeilles butinent et savoir d’où vient le miel, tout cela est passionnant. Ça me permet d’avoir aussi une bouffée d’air frais et de me rattacher à mon terroir.

Maintenant nous avons une trentaine de ruches. Nous récupérons des essaims naturels, laissons les reines et les abeilles aller où elles veulent, elles peuvent voyager, elles sont libres (comme nous !). Nous sommes pour une apiculture douce, (pas mécanique), dans l’observation des abeilles, et le respect de leur rythme naturel. »

Fabien – « Les Atelières de la Reine » :

« Quand on était en Nouvelle-Zélande, les marchés publics ne servaient à rien (métier de Fabien), ce n’était pas suffisant, il nous fallait aussi un métier manuel pour gagner de l’argent. À notre retour, nous avons visité les ruches d’un cousin et ce fut une révélation, un coup de foudre pour les abeilles. J’ai aidé mon cousin à récolter le miel, puis j’ai acheté ma première ruche et j’ai attendu qu’un essaim vienne s’installer dans cette ruche vide (au bout de 3 semaines). J’ai passé l’été à observer les abeilles, pour comprendre comment elles vivent, comment elles interagissent entre elles.

De fil en aiguille, il y a eu la première ruche, puis l’année suivante la seconde et un nouvel essaim, puis trois ruches. Et nous avons commencé à faire la première récolte – 10 kg de miel au printemps, puis à la fin de l’été une deuxième récolte de 40 kg avec 3 ruches.

Aujourd’hui, nous avons 6 emplacements de ruches entre Poullan-sur-mer et Plozévet, près de l’océan. Nous avons racheté 3 ruchers d’un monsieur de 90 ans et il nous a transmis son savoir-faire et son expérience».

«J’ai pu suivre la floraison, et comprendre le miel que les abeilles produisent :

  • Le miel de printemps : pruneliers, colza et aubépines
  • Le miel d’été : ronces, bruyères, châtaigniers, Sarrazin (septembre)

J’ai eu envie de partager ma passion avec les autres, et à chaque fois les gens étaient réceptifs, ils voulaient connaitre notre démarche respectueuse, en adéquation avec la nature, nous avons une approche « douce » qui respecte le rythme de l’abeille. C’est primordial pour moi de sensibiliser les personnes à l’importance de la pollinisation, à la protection de l’environnement et notamment l’impact des pesticides sur les abeilles».

« Nous voulons vivre en harmonie avec nos valeurs : prendre soin de soi et des abeilles, produire du bon miel d’une manière respectueuse des abeilles et de l’environnement. »

«L’infini petit dit beaucoup sur ce qu’on vit, sur notre immense univers, cet écosystème, cette mini-ville. On peut en les observant s’interroger sur le sens de la vie, la fragilité du vivant.

Je suis rentrée en formation de naturopathie et thérapie manuelle. J’ai pris conscience avec les ruches, que je me sentais bien, que j’étais en bonne santé. J’ai lu un livre qui s’appelle « Ces abeilles qui nous guérissent » de Roch Domerego, qui a beaucoup voyagé pour étudier l’apiculture. On peut faire de belles choses avec les abeilles, comprendre le fonctionnement du corps humain et savoir comment se soigner via les produits de la ruche : c’est l’apithérapie.

Les abeilles ont été une porte d’entrée vers d’autres choses. Et cela m’a permis de m’ouvrir et comprendre comment fonctionne le vivant (pour moi qui n’aimait pas la Biologie petit !). Via les abeilles j’ai fait le lien avec les Hommes.

Les abeilles m’ont permis de sortir la tête de l’eau, car je passais tout mon temps libre au surf et à la chasse sous-marine, ça m’a ramené sur terre en quelque sorte ! »

TOST Mag : D’où vient le nom « Les Atelières de la Reine »?

Véronique – « Les Atelières de la Reine » :

«En premier c’était « Abeillez-vous », puis nous l’avons vite oublié ! Sur la route en allant en vacances vers les Landes, dans la voiture j’ai pensé au nom « Les Atelières de la Reine ». Le nom est un parallèle avec le fonctionnement de la ruche et de la mode.

En effet les abeilles travaillent comme dans un petit atelier, avec dextérité et finesse, comme si elles devaient fabriquer « La Robe ».

Les atelières ce sont les petites mains dans la haute couture, les abeilles ouvrières sont elles aussi les petites mains qui fabriquent le miel dans la ruche autour de la Reine. L’ouvrière va changer de statut dans la ruche tout au long de sa vie, elle va faire tous les métiers = nourricière, ouvrière, maçonne, butineuse, gardienne…. Il faut beaucoup d’abeilles et de métiers différents dans la ruche pour arriver à fabriquer une « collection » de miel.

C’est aussi pour évoquer toutes les personnes qui sont au service des abeilles et qui gravitent de près ou de loin autour des ruches. Ce sont les reines qui donnent le tempo et qui décident.

L’autre parallèle avec la mode, ce sont les collections en fonction des saisons. On présente à chaque collection un miel différent, en fonction de ce que la nature propose, des mélanges et des accords de miels que nous choisissons.»

«Par exemple, cette association de saveurs nous l’avons faite avec le miel de Sarrazin (Blé noir) et le coté acidulé de la Bruyère. On s’intéresse aux goûts et essayons de reconnaitre les saveurs. Le Miel est un produit gourmand, réconfortant et consommé dans un esprit « cocooning ». Nous essayons d’élargir d’autant plus le panel de saveurs qu’offre le miel.

Le logo et l’univers graphique a été créé par une amie graphiste Lysandre Graebling que j’ai rencontrée à la Maison Rykiel où j’ai travaillé (Graphiste textile et co-fondatrice du bureau de création graphique et design textile TOHU BOHU www.tohu-bohu-bureau.fr).

Le logo représente une abeille avec une petite couronne, elle est noire et blanche  comme la Bretagne (clin d’œil aux couleurs au drapeau Gwen Ha Du), et les vaguelettes représentent l’océan qui relie l’abeille à la fleur. »

TOST Mag : Vous avez un lien respectueux avec vos abeilles, de quoi s’agit-il pour vous ?

Fabien – « Les Atelières de la Reine » :

« On se prépare mentalement à aller les voir, au début je mettais des gants et maintenant j’y vais avec moins de protection, comme s’il y avait une confiance entre les abeilles et moi. J’aime bien « mettre les mains » dans les abeilles, les sentir et avoir ce contact avec elles.

Au bruit je sais comment va la ruche, j’entends si l’essaim est « orphelin » (NDLR : la Reine est partie ou bien est morte).

Nous sommes très attachés à nos abeilles, le miel qu’elles produisent est un support pour aller vers les autres et partager, c’est un vecteur d’échanges. »

TOST Mag : Avez-vous une devise ?

Véro – « Les Atelières de la Reine » :

« On a qu’une vie, ce n’est pas pour s’habiller comme un sac ! » LOL !-)

Plus sérieusement, « God save the Queen » 😉

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Interview & photos Magali Nouguier  • Fabien Mao • Fabien Bourdon

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Francis Chaléat, surf culture en Pays Bigouden

Francis Chaléat et la surf culture en Pays Bigouden

TOST est allé à la rencontre de Francis Chaleat : natif de Pont l’Abbé, enfant du Pays Bigouden où il a grandi.
Il connaît comme sa poche la pointe de la Torche à Plomeur, le fameux spot de surf du Finistère Sud où il a pris ses premières vagues en bodyboard à l’âge de 10 ans.
Il vient d’organiser avec l’ESB Surf Club la première édition du E. Leclerc Pont L’Abbé Junior Pro La Torche 2018 (durant les vacances scolaires de printemps, du 9 au 13 Mai), qui pour la toute première fois en Bretagne fait figurer la pointe de la Torche, haut lieu du surf Français et Européen, parmi les 6 étapes du circuit qualificatif de surf professionnel junior de la World Surf League, lui offrant ainsi une visibilité à l’échelle internationale.
L’élite européenne du surf espoir, ainsi que nos jeunes surfeurs et surfeuses bretons, s’y sont affrontés sur des vagues dignes de la réputation du spot mythique de la Baie d’Audierne.
Francis Chaleat partage avec nous sa passion pour le surf, ses souvenirs d’enfance sur les dunes de la Torche et ses autres passions comme la musique et la composition…

TOST Mag : Quand as-tu commencé à surfer ?

Francis Chaleat :

«J’ai découvert le surf en 96, au lieu de traîner dans mon lotissement l’été, ma mère m’avait inscrit à un stage de surf en me promettant une crêpe au chocolat à la fin de la journée (LOL) ! C’était à l’ESB la Torche avec Didier Tirilly, ça m’a plu et du coup j’en ai fait toute la semaine et j’ai reçu une Vague d’Or à la fin du stage. Ensuite mes parents m’ont acheté ma première planche, j’étais vraiment motivé pour surfer, ce fut un gros déclic. J’avais même fait une dissertation à la rentrée et j’avais eu un 17/20, j’étais inspiré !

J’ai ensuite suivi les cours au centre d’entraînement de l’école de surf ESB La Torche, j’allais en perfectionnement surf tous les mercredis et samedis. C’était 4 ans après l’ouverture de l’ESB, il y avait de nouvelles infrastructures, c’était le début du « surf encadré, structuré » à la pointe de la Torche. Il y avait à l’époque une école de surf et deux clubs dans le pays Bigouden : le Pont l’Abbé Surf Association (PASA) créé par Bruno Troadec et Gilles Romigou et le Kangourou Surf Club (KSC) où moi j’étais licencié, ce qui me permettait de participer aux compétitions de surf. Une grosse partie de mes copains étaient au PASA, j’y passais aussi pas mal de temps. »

TOST Mag : Qu’est-ce qui te plaisait le plus dans le surf ?

Francis Chaleat :

« J’ai participé à mon premier stage avec un ami, et c’est aussi comme ça que j’ai rencontré mes amis d’enfance : Pierre et Julien Troadec, Germain Romigou, et les frères Maël et Alan l’Helgoualc’h, les frères Le Berre (Rise Up)… On était une bande de copains qui aimait traîner à la Torche. On passait beaucoup de temps sur la pointe, on y allait dès qu’on avait du temps libre, après l’entraînement de surf et le week-end. On laissait même nos affaires derrière les toilettes sur le parking derrière l’ESB, et pour la petite histoire, on s’amusait à voler le goûter des autres !

On était très autonomes, nos parents nous déposaient pour la journée et on squattait les blockhaus sur la plage, c’était notre terrain de jeu. Plus tard, en grandissant, Le soir venu, on allait user nos tongs sur le parquet de la discothèque « À l’Ouest », (NDLR – elle est maintenant fermée), la seule boîte du coin où tu pouvais venir en short et en tongs pour danser.

J’ai participé à ma première compétition assez vite, j’ai remporté quelques coupes, et cela m’a permis de renforcer les liens avec mes amis lors des déplacements dans le Sud Ouest.

«J’aime rappeler des souvenirs un peu « à l’arrache » du début, où on se déplaçait avec l’ESB dans un camion bleu avec notre conducteur/moniteur/entraineur Claude Pricart (qui aujourd’hui a son école à Tréguennec), mais aussi Didier Tirrily ou Ronan Chatain. Je garde les souvenirs où l’on devait sortir du camion, pousser tous dessus pour qu’il redémarre…

Puis l’ESB s’est structurée petit à petit, s’orientant de plus en plus vers le haut niveau, achetant le premier caméscope pour filmer nos sessions et analyser nos manœuvres, c’était innovant en 1998. C’est aussi l’époque de la création de la première section sportive au collège Paul Langevin avec le professeur d’EPS Yannick le Coz de l’Atlantic Surf Shop et qui a aussi fondé le Kangourou Surf Club.

Didier Tirrily a impulsé la création du Pôle Espoir Surf de Bretagne, ouvert en 2001. J’ai pu bénéficier des entraînements de la filière d’accès au haut niveau pendant deux ans. C’était la première génération qui bénéficiait de cet accompagnement en surf au lycée. J’étais dans la même promotion que Sébastien Le Berre (Ecole de surf RIZE UP), Thomas Joncour suivait aussi les entraînements avec Alan l’Helgoualc’h (les deux fondateurs du 29 HOOD Surf Club), Gautier Hamon (décédé accidentellement lors d’une session de surf à Brest) et Léa Brassy (artiste, surfeuse et aventurière, elle sillonne le monde et a tourné une série de documentaires, elle vient de sortir une vidéo en ligne de son aventure surf et montagne en Islande avec son compagnon Vincent Colliard). »

TOST Mag : Quel est ton meilleur souvenir de compétition ?

Francis Chaleat :

« J’ai été Champion de Bretagne de Surf en 2000 sur mon spot d’enfance à la Torche, Sinon je suis aussi monté sur les podiums sur la seconde ou troisième marche.

Je m’étais inscrit à l’« Expression Session » en marge des EPSA la Coupe d’Europe de Surf sponsorisé par Kanabeach, cette épreuve récompensait la manœuvre la plus spectaculaire ; je me rappelle d’ailleurs qu’à l’inscription on nous donnait une capote, j’avais 12 ans, original, non ?

J’avais concouru aux côtés des meilleurs surfeurs européens ainsi que de mes potes Florian Talouarn et Julien Troadec, j’avais ramé à contre-courant et je n’avais même pas réussi à passer la barre, néanmoins je ne m’étais pas démonté et je n’avais pas lâché l’affaire ! »

TOST Mag : Quel est ton parcours ?

Francis Chaleat :

« J’ai fait des études supérieures en Licence STAPS, mention Éducation et Motricité, puis j’ai passé mon Brevet d’Etat pour enseigner le surf, après avoir bossé comme entraîneur j’ai repris ensuite mes études à 27 ans, pour passer un Master 1 et 2 en Management, Tourisme et Évènementiel Sportif, je voulais valider un Bac + 5 et me professionnaliser dans l’événementiel sportif.

J’ai fait mes stages chez Twenty Nine à la Torche pour mon M1 et M2. J’ai aussi reçu les félicitations des professeurs de Master pour mon mémoire concernant l’organisation des écoles de surf sur le site de la Torche et Pors Carn.

Le surf m’a permis de me « réaliser » et de m’épanouir.  Et ce master m’a permis d’avoir une reconnaissance de mon expérience pro et de mon travail personnel.

Après mon master,  je suis parti dans le Sud-Ouest pour changer d’air, j’ai enseigné le surf, la boxe et j’ai eu l’opportunité de travailler sur des événements de plus grande envergure comme le Quick Pro. Mon expérience sur le Quik pro m’a motivé à remonter pour impulser le projet du Pro Junior à La Torche.»

TOST Mag : Quel est ton Homespot préféré ?

Francis Chaleat :

« Sans aucun doute ma plage d’enfance c’est la Torche, mais il y a également plein d’autres spots que j’affectionne et qui fonctionnent bien l’hiver avec la grosse houle. »

TOST Mag : Peux-tu partager avec nous un de tes meilleurs souvenir de session ?

Francis Chaleat :

« Mon meilleur souvenir, c’était lors d’une compétition sur la Pointe de la Torche, je coachais au Championnat de France de surf en 2006 le Breton Hugo Le Frapper, 17 ans, qui était au Pôle Espoir, et pratiquait le Longboard Surf dans l’équipe de Bretagne Espoir. On se connaissait bien et on se faisait confiance.

Lors de la finale, la marée était basse, il y avait une gauche qui marchait bien, je devais lui donner des instructions. Hugo était challenger et pas favori, lors d’une dernière série de vagues, je lui ai fait signe d’attendre et de ne pas prendre la première vague, mais plutôt la suivante qui était top, il l’a surfé et a été noté (quasiment) 10 (NDLR – la meilleure note en surf donnée sur une vague).

Hugo a remporté le trophée du Championnat de France. L’autre Breton Mathieu Maréchal a fini en 3e position.

Je suis maintenant lié à vie avec lui grâce à ce super souvenir que nous partageons, ce n’était pas moi qui surfais et j’étais tellement fier de lui, Hugo m’a fait confiance dans ce moment décisif.

J’ai un autre très bon souvenir, c’est quand j’ai fait mon premier voyage solo à l’âge de 15 ans en Guadeloupe avec Florian Talouarn, on était parti tout le mois de février. Une « locale » nous hébergeait et nous préparait à manger.

C’était cool, on allait surfer à pied sur le spot « Le Moule », sans conteste l’un des spots des plus connus de l’île. Les vagues peuvent y être puissantes, il est sur un reef et attire de nombreux surfeurs. Passer 1 mois entier à surfer du matin au soir, au soleil, libre, c’est un super souvenir de surftrip, surtout à 15 ans et sans parents !»

TOST Mag : Quand tu ne surfes pas tu mixes sur tes platines ?

Francis Chaleat :

« La première fois que j’ai écouté de l’électro et plus particulièrement la House Music c’était avec les sets des DJs comme DJ Mat (alias Mathieu Le Moal). Mon premier souvenir est de le voir lors des EPSA organisé par Kanabeach, j’avais 12-13 ans, on pouvait danser sur les dunes, c’était une super ambiance, j’ai d’excellents souvenirs. Il y avait quelques DJs parmi tout ces tontons surfeurs de la Torche, ils mixaient aux platines de l’ancienne boîte de nuit de la pointe de la Torche « À l’Ouest », ou encore au Kalao à Combrit. Dans les années 90, on écoutait beaucoup de Punk Rock qui passait en bande-son sur les vidéos de surf. Je suis passé derrière les platines plus tard, à 20 ans, c’était nouveau et synonyme de fête. J’adorais aller en boîte et écouter les sets d’électro.

J’ai acheté mes premières platines avec Pierre Troadec à 20 ans, j’avais envie de faire comme ces DJs, Je suis plutôt quelqu’un d’indépendant, je n’ai jamais vraiment fait partie d’un collectif, en revanche plutôt en solo, invité par les autres collectifs. J’ai joué avec les Fresharts, Electric Picnic, Impact Electric, et maintenant le KREW KARACHA !

J’ai maintenant moins besoin de surfer et je vais plutôt boxer ou mixer sur mes platines, composer des morceaux. J’aimerais sortir un EP avec un mélange d’électro et d’acoustique (NDLR – Francis joue aussi de la guitare et clavier).

Je fais de la composition M.A.O (Musique Assistée par Ordinateur) sur le séquenceur musical professionnel « Live » de Ableton qui permet d’enregistrer des pistes et de les séquencer. Quand je fais un DJ Set, j’aime jouer les morceaux des autres et faire danser les gens. Les musiciens qui m’inspirent actuellement sont Nicolas Jaar, M83 ou encore Christophe, j’aime écouter son dernier album « Vestige du Chaos », j’aime les arrangements acoustiques et synthé. »

TOST Mag : Tu viens d’organiser le E.Leclerc Pont-l’Abbe Junior Pro La Torche avec l’ESB, peux-tu nous dire comment est né ce projet ?

Francis Chaleat :

« Après avoir bossé comme moniteur de surf et prof de boxe dans le Sud-Ouest, j’ai participé au Quick Pro, je gérais l’espace Athlètes et j’aimais le monde de l’événementiel sportif, avec mon diplôme en poche, je me disais que je pouvais aussi organiser la même chose en Bretagne.

Je pense à ce projet depuis 3 ans. C’est en discutant avec Maël l’Helgoualc’h et Florian Talouarn (NDLR – entraîneurs et préparateurs du Clés Pôle Espoir Bretagne), que j’ai compris la pertinence d’un événement pour les moins de 18 ans, le Pro Junior sur le site de la Torche était le concept le plus pertinent.

Ronan Chatain a accepté de porter le projet avec l’ESB Surf Club et son expérience allait aussi nous permettre de structurer l’événement et d’être suivi localement par les institutions. J’ai créé le premier dossier de présentation, puis nous avons présenté le projet au Salon Nautic à Paris en Décembre 2017. Lorsque j’ai trouvé notre premier gros partenaire E. LECLERC Pont l’Abbé. En parallèle Ronan a trouvé les premières subventions, nous avons gagné en confiance puis la WSL a validé le projet et intégré l’étape de la Torche dans le circuit pro junior de surf en Europe.

Tout s’est enchaîné assez vite finalement. Mais cela a été très fatigant car nous étions dans l’urgence dès le début mais il fallait porter ce projet dès 2018 ! »

TOST Mag : Le E. Leclerc Junior Pro vient de se terminer, quel bilan en dresses-tu ?

Francis Chaleat :

« Cela fait à peine 15 jours que l’événement est passé, donc à chaud : sur l’événement en lui même, nous avons eu beaucoup beaucoup de bons retours de la part de la WSL, des athlètes, du public, des institutions et de la majorité des partenaires, donc je dirais que c’est une réussite sur beaucoup de points.
Personnellement, j’avais plusieurs objectifs à travers ce projet.

Le surf et la Bretagne m’ont beaucoup donné, je voulais en retour apporter quelque chose de spécial et innovant et c’est chose faite !

J’ai entendu différents acteurs de ce sport déclarer : « le pro junior est une page de l’histoire du surf en Bretagne », je suis content de l’entendre même si je n’ai pas eu besoin d’eux pour en être convaincu !

Je voulais également me créer l’opportunité de concevoir un projet, de le défendre et d’apprendre, c’est également chose faite ! »

TOST-magazine-Francis-Chaleat-Surf-La-Torche-Mai-2018-credit-Magali-NouguierTOST Mag : D’après toi comment va évoluer le surf en Bretagne ?

Francis Chaleat :

« Parler du surf en Bretagne est très large.

Je m’arrêterai sur le plan sportif.

On est sur une logique pyramidale qui se développe. Une base de pratiquants débutants qui augmente du fait des clubs et des écoles de surf en pleine essor amenant un accès plus restreint à l’élite, si on raisonne dans une logique de performance, ce processus est très bon car il accroît la compétitivité chez le pratiquant.

Avec le Pôle Espoir, les jeunes surfeurs sont encadrés par des entraîneurs et préparateurs toute l’année et sur toute leur scolarité. On voit maintenant les résultats de ce travail de plusieurs années. Chez les Bretons, le niveau augmente ; on le constate depuis plusieurs années sur les compétitions nationales et internationales.

Le Pôle Espoir est une filière d’entraînement qui fonctionne depuis 2001 et qui connaît actuellement ses meilleurs résultats. Cependant le niveau d’expertise chez les jeunes surfeurs internationaux augmente sans cesse et la compétition est rude pour nos jeunes Bretons qui, cependant, progressent également.

Si on veut que cette filière soit de plus en plus performante, il faudra plus de moyens financiers pour permettre aux entraîneurs un cadre professionnel plus serein pour leur dégager plus de temps, approfondir leur approche de l’entraînement, suivre les athlètes sur toutes les compétitions et permettre aux athlètes et entraîneurs des stages d’entraînement en période hivernale, car progresser en hiver en combi cagoule chaussons est plus difficile qu’en short dans l’eau chaude, là ou les habiletés motrices se développent plus facilement.  Cette vision se défend lorsque l’on sait que la France accueille les J.O en 2024 et que le surf sera aux J.O.»

« Si la filière ne bénéficie pas de plus de moyens, alors la performance des athlètes continuera d’évoluer, de façon très individualisée et aléatoire, en fonction des soutiens privés, des sponsors, du soutien de la famille et de sa catégorie socio-professionnelle. Dans ce sens, nous pouvons observer dans le Sud-Ouest et même en Bretagne, des cas de déscolarisation afin de dégager plus de temps pour s’entraîner et voyager avec un suivi scolaire par le CNED. Des choix très critiqués mais qui, je pense, sont en cohérence avec la logique de l’activité. En effet, le surf se pratique dans un environnement éphémère où la capacité à s’adapter à l’instant T est une compétence majeure. Ainsi, voyager et surfer différentes vagues permet d’accroître cette compétence à s’adapter et performer sur différents supports (vague).

Si on met de côté l’idée de croissance et de développer la performance, j’estime que le Pôle Espoir Surf est déjà tellement bénéfique pour tous ces jeunes !

Elle permet à beaucoup d’entre eux de suivre une scolarité classique tout en assumant une charge d’entraînement élevée leur permettant de progresser dans leur sport, de briller pour certains au niveau national et de plus en plus au niveau européen et international !

Apprendre à gérer deux objectifs, sportif et scolaire, avec une priorité à la scolarité, est pour moi, aussi louable et valorisant que vouloir et pouvoir devenir champion du monde de surf.»

TOST Mag : Quels sont tes prochains projets ?

Francis Chaleat :

«J’en ai plein, je sais que le pro junior faisait partie du top 3 de ma « wishlist » il va falloir que je ressorte ma liste du coup 😉»

TOST Mag : As-tu une devise ?

Francis Chaleat :

«Cela semble toujours impossible jusqu’à ce qu’on y arrive » de Nelson Mandela.

TOST Mag : Tu te sens TOST (proche) de quoi ?

Francis Chaleat :

«Je me sens proche de l’océan et de mes amis avant tout.»


Interview & photos Magali Nouguier

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